Lettre de Maître Luc de Temmerman aux Avocats de la défense au TPIR
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J’ai lu avec attention votre déclaration du Bureau de l’ADAD du 28 novembre 2007 concernant votre demande pour obtenir un statut « Amicus »  au TPIR que je joins en annexe.

Je soutiens bien entendu entièrement le principe d’une intervention pour empêcher les transferts de dossiers, mais elle me paraît juridiquement impossible car votre association ne peut pas être en même temps « avocat au TPIR» et  « Amicus ». Quel peut-être votre intérêt  à part de vouloir continuer à prolonger votre présence et vos membres dans le cadre de ce Tribunal partial? Un Amicus est un tiers.

Il me paraît beaucoup plus judicieux de protester et de manifester tous les jours devant les bâtiments du TPIR et les bureaux du Procureur contre l’absence d’une justice équitable à Arusha et au Rwanda. Malheureusement vous ne serez pas payés pour cette prestation…mais elle sera au moins utile car elle sera médiatisée.

Une autre solution consiste à faire le nécessaire pour empêcher la tenue des audiences par des moyens légaux et je suis à votre disposition pour donner quelques idées.

Enfin, vous avez compris qu’il ne s’agit pas d’un Tribunal mais plutôt d’une instance politique.

En effet, quand nous constatons que Louise ARBOUR, que j’ai rencontré deux fois, et qui est la première coupable du refus des poursuites à charge de KAGAME et son FPR ainsi que de la dissimulation des dossiers et preuves, a été nommée par les Nations Unies comme Haut Commissaire des Droits de l’homme, il y a lieu de se poser des questions. Il suffit donc de ne pas respecter les droits de l’homme (droit a un procès équitable) pour être promu dans le Nations Unies. Elle est bien entendu une servante docile des intérêts des dirigeants politiques du monde, et elle parle également le Français….

Son successeur, Madame DEL PONTE n’avait de leçon à recevoir de personne et si elle n’a pas mis en accusation KAGAME et les membres du FPR, elle en est la principale responsable. Elle n’avait pas besoin de consulter Koffi ANAN pour inculper KAGAME et elle a choisi de garder son job jusqu’à ce jour (Procureur du TPIY jusqu’au 31.12.2007).

Je rappelle également pour les anciens, le rôle de PIERRE PROSPER qui ne pouvait cacher de travailler pour le Gouvernement Américain et le CIA au lieu du  Bureau du Procureur auprès le Tribunal Pénal International pour le Rwanda.

Le Juge d’Instruction Belge VANDERMEERSCH l’avait bien compris et il a suivi les mêmes chemins que le Procureur du TPIR.  Je n’ai pas hésité une seconde de le dénoncer auprès de ses supérieurs mais un juge d’instruction n’est qu’un « témoin » dans un procès d’Assises. Aucun Procureur en Belgique n’a eu le courage de contredire les instances internationales, .mais mes différentes plaintes se trouvent dans les dossiers pour les « historiens ».,Le système judiciaire Belge actuel ne permet pas de faire ses propres enquêtes, ni de vérifier la crédibilité d’un témoin à charge. Une défense pleine et entière est donc impossible, sans le concours des autorités judiciaires. Il n’y a donc pas de justice dans un dossier politique dans mon pays, à mon vif regret.

Ce qui est malheureux, c’est que les avocats qui se plaignent maintenant ont refusé les deux premières années de l’existence du TPIR d’être solidaires pour ne pas permettre le déroulement des procès sans avoir la possibilité d’une défense pleine et entière qui permettait de démontrer depuis le début la fabrication des faux témoignages par le nouveau pouvoir au Rwanda, l’absence d’enquêtes indépendantes quelconques, et de fournir la preuve que la plupart des massacres étaient organisés et provoqués par le FPR. Il y avait suffisamment de témoignages et documents disponibles.

Ces avocats étaient tous convaincus que la défense individuelle de leur client était le plus indiquée nonobstant que tous les détenus contestaient formellement l’existence d’un plan de  « génocide » au Rwanda  Les avocats  refusaient de voir le Parquet comme une association de manipulateurs qui n’avait aucune ambition de travailler pour la justice, mais simplement pour faire condamner l’accusé, sans le moindre respect des obligations statutaires. Sans une vue de l’ensemble du dossier Rwanda, il était pourtant impossible de défendre correctement un dossier individuel.

Ce sont quelques  journalistes- enquêteurs et quelques autres connaisseurs du dossier Rwanda qui ont ouvert les yeux du monde. Ils sont tous qualifiés de négationnistes et/ou révisionnistes par le FPR et ses sponsors.

En ce qui concerne le Greffe du TPIR  et  ceux qui devaient s’occuper des désignations d’avocats, il ne me paraît pas nécessaire d’insister encore sur leur manque d’objectivité et de neutralité.

J’ai fait l’impossible pour obtenir la collaboration et la solidarité dans les équipes de défense,  en organisant des réunions, en hébergeant les avocats qui n’avaient pas les moyens, mais les « bonnes relations » avec le Greffe pour percevoir leurs émoluments étaient plus importants.  La manipulation et désinformation des prisonniers par certains avocats en a fait partie intégrante.

Soutenir aujourd’hui que les clients sont des « prisonniers politiques », est au moins tardif.

Dénoncer après 10 ans ce qui se voyait après une année de fonctionnement du TPIR et depuis le début du procès n’est pas signe d’un grand professionnalisme.  Même les premiers magistrats étaient déjà convaincus de la responsabilité des accusés et les salaires octroyés ne permettaient pas aux magistrats  d’être objectif. Je l’ai dénoncé à maintes reprises lors de mes discussions avec eux dans les restaurants et hôtels d’Arusha et à la presse. Ils n’ont pas voulu me croire mais aujourd’hui même l’ex porte parole du TPIR le dénonce avec vigueur.

Les avocats qui n’ont pas dénoncé publiquement devant les Tribunaux et la presse depuis leur désignation le caractère « politique » de l’accusation pour « génocide », les manœuvres inadmissibles du bureau du Procureur, du Greffe et l’impossibilité de tenir un procès équitable ont trahi leur client, la vérité et le peuple rwandais.

Aujourd’hui il est malheureusement trop tard.

KAGAME ne sera plus inquiété sur le plan juridique et la politique internationale l’a déjà adopté partout dans le monde comme incontournable, y compris en RDC.  KAGAME ne tuera pas en prison les « génocidaires » mais en fera des « monstres du génocide » dans des cages à visiter par l’humanité entière pour des motifs politiques.

Ses experts ont étudié en détail comment utiliser le « fonds de commerce » du terme génocide, même si le « génocide des juifs » qui n’a jamais fait l’objet de la moindre contestation, négation ou minimisation -à juste titre- dans le cadre des procès rwandais, n’a aucune comparaison avec le « génocide rwandais » qui a été programmé, provoqué et utilisé principalement par le FPR, une association de guerriers et de manipulateurs de la vérité, soutenu principalement par certains milieux politiques des USA, UK et la Belgique pour des motifs différents.

Aujourd’hui  il ne reste plus qu’à espérer  un renversement du régime à Kigali si les condamnés  espèrent de sortir avant leur terme de la prison.

Ce ne sont pas les quelques acquittements qui sont obligatoires pour parler d’une « justice équilibrée » à Arusha, qui vont changer le cours de l’histoire.

Un deuxième noyau à démanteler et à dénoncer sont les « experts » du Procureur, et principalement Alison DE FORGES, Filip REYNTJENS et André GUICHAOUA qui sont à la base de la plupart des actes d’accusations avec leurs mensonges, inventions et interprétations rocambolesques  dans leurs écrits « scientifiques ».

Ce « petit comité » est même arrivé à empêcher des poursuites à charge de RUSATIRA, un « modéré » qui aurait pu arrêter le génocide…comme il le prétend lui-même.  Pour l’inculpation de NDINDILYIMANA, ils étaient trop tard car lui aussi est considéré par eux comme un « hutu modéré » qu’il ne fallait pas poursuivre.  Il était ami avec feu le Premier Ministre Agathe UWILINGYIMANA… une autre modérée, selon ces experts, qui aurait pu éviter le « génocide » selon leurs plans machiavéliques pour un changement de pouvoir au Rwanda, mais qui en aurait été empêchée par les « extrémistes hutu »., et en particulier quelques uns qui sont poursuivis à ce jour.

Pourtant, ce sont les élèves et soldats de RUSATIRA qui ont tué le Premier Ministre et certainement pas sur ordre reçu du Comité de Crise ou d’un réseau parallèle.

L’assassinat de certains politiciens d’opposition et de Joseph Kavaruganda démontre en plus que le début des massacres au Rwanda n’avait aucune « intention » de génocide, car la plupart de ces personnes étaient des hutu. Les analyses de F. Reyntjens concernant  un coup d’état « constitutionnel » par les « extrémistes » en organisant les assassinats des opposants sont simplement de la « fantaisie scientifique ».

Nos spécialistes, experts des « droits de l’homme » sont donc concernés directement par les massacres au Rwanda car ils ont stimulé la destruction du tissu social par le soutien apporté  dans la presse internationale à des accusations mensongères, obtenues auprès d’individus qui n’avaient aucune assise populaire mais uniquement des ambitions personnelles pour exercer le pouvoir. Ils ont permis à Kagame et le  FPR d’assassiner le Président HABYARIMANA avec l’accord tacite de la « communauté internationale ». Qui va maintenant défendre un « diable »…..désigné nommément par les « experts ».

« It was time to solve the matter »

Le fait que REYNTJENS, suivi récemment par GUICHAOUA critiquent sévèrement le FPR ne change rien à leur comportement plus que douteux entre 1990 et 1994, en collaboration avec ALISON DES FORGES pour déstabiliser le pouvoir en place au profit de quelques opportunistes politiques (mondialisation des inventions Réseau Zéro, Escadrons de la Mort , Akazu etc.)

Leur rôle d’ « Expert » pour le Procureur du TPIR a simplement été une défense rémunérée contre leurs propres erreurs et implications dans le drame rwandais, ainsi que pour la protection de leurs informateurs- manipulateurs. (p.e. NSANZUERA)  Eux étaient en réalité les « enquêteurs » du Tribunal et certainement pas des experts en sociologie ou politologie comme ils se sont présentés devant les TPIR pour faire condamner les accusés.

Le FPR et ses sponsors (voir liste établie par STRIZEK) et les experts du Procureur, les DES FORGES, REYNTJENS et GUICHAOUA ont des intérêts communs dans l’occultation de la vérité et leur implication directe dans la destruction du tissu social du Rwanda entre 1990 et 1994, où les organisations dites « droits de l’homme » ont fait de la basse politique pour déstabiliser le régime d’HABYARIMANA. Le FPR a donné le coup final par l’attentat.

Le combat pour la reconnaissance du « génocide », les discussions sur le « double génocide » ou les « crimes contre l’humanité » commis par le FPR ne sont là que pour imposer le caractère juridique que veulent donner ces « spécialistes » au drame Rwandais alors qu’il s’agissait d’une vulgaire lutte pour le pouvoir, qui a entraîné des massacres à grande échelle, et qui a certainement poussé certains hutu à avoir l’intention de commettre un génocide sur les tutsi après l’assassinat du Président HABYARIMANA, et de son homologue Burundais, tous deux hutu, ainsi que du chef d’Etat major Rwandais:

Il faut donc d’abord déterminer qui a commis l’attentat contre l’avion présidentiel pour savoir qui a planifié le « génocide », annoncé par nos « experts » irresponsables depuis 1992 à travers un réseau de menteurs.  Aujourd’hui seul KAGAME et le FPR contestent encore leur responsabilité pour cet attentat.

  1. le FPR voulait le pouvoir total et avait prévu des massacres ethniques au Rwanda.
  1. les « experts » voulaient soutenir une reprise du pouvoir par les « modérés », étant les partis d’opposition (ou une faction) qui collaboraient avec le FPR, mais n’avaient pas prévus les massacres à une si grande échelle, ni l’audace du FPR d’abattre l’avion Présidentiel. .

Leur jeu morbide a coûté la vie à plus de 5.000.000 de personnes et les éliminations politiques continuent  encore aujourd’hui en RDC. Celui qui a du succès ne s’arrête pas si facilement.

Sans leur concours pour convaincre la « communauté internationale » du prétendu caractère diabolique du Président HABYARIMANA et son entourage, comme responsable des problèmes au Rwanda, KAGAME et son FPR n’auraient jamais osé abattre l’avion Présidentiel. Le Professeur LUGAN a bien décrit leur rôle dans cette destruction du tissu social et de l’autorité de l’état dans son récent rapport déposé au TPIR.

Que les USA et les UK se sont opposés à la France et que la Belgique veut se dégager de toute responsabilité, suite à l’assassinat de 10 soldats et l’abandon du peuple rwandais, est une suite de ces petits jeux.

La géopolitique cherche appui auprès de ceux qui peuvent servir les intérêts des uns et des autres et les choix sont souvent opportunistes. Le TPIR a ainsi vu le jour pour protéger les intérêts de la communauté internationale, qui a laissé faire le FPR  et certainement pas pour faire la « justice ». Le nombre des morts obligeait néanmoins de faire quelque chose.

Les avocats auprès du TPIR ont refusé de porter cet élément essentiel quotidiennement dans la presse internationale et le TPIR et ont ainsi trahi leurs clients et le peuple rwandais. Ce n’est pas dans la petite salle d’audience d’Arusha qu’on influence la justice internationale, avec quelques journalistes payés par des puissances (notamment la Belgique qui finance Hirondelle à Arusha) impliquées dans le drame.

Pourtant les avocats du TPIR ont eu les moyens et ils ont visité suffisamment de pays pour faire entendre leur point de vue.  Pendant 10 ans je n’ai rien entendu, ni vu une conférence en Belgique…..nonobstant  qu’au moins 100 avocats du TPIR  y sont passés.

Vous écrivez que l’héritage du TPIR est une honte sans une reconnaissance que les détenus du TPIR sont des « prisonniers politiques ».Un innocent en prison est une injustice et le qualifier de « politique » ne l’avance pas à grand-chose.

Je pense que beaucoup d’avocats sont également la honte du TPIR car leur rôle consistait justement à prouver et de dénoncer ce caractère criminel de la lutte pour le pouvoir par le FPR et les « experts » du Procureur, qui est la cause essentielle des massacres après l’attentat du 6 avril 1994, et certainement pas une planification d’un « génocide sur les tutsi par le régime en place », comme voulu par le Procureur, qu’ils n’ont jamais osé critiquer ouvertement. et publiquement.  Ce manque de loyauté à la vérité historique est l’erreur principal de beaucoup d’avocats.

L’histoire jugera donc également votre compétence.

Je vous prie de croire, mes chers Confrères, l’expression de mes sentiments dévoués.>

Luc DE TEMMERMAN

20/12/2007

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