Il y a quatorze ans, des meurtres systématiques de prêtres catholiques rwandais et étrangers ont été perpétrés par le FPR dans le secteur sous son contrôle exclusif.
Les cellules de Nyabisindu, Rukiri et Kimironko à Remera-Kigali ont été investies par les Inkotanyi du 3 Bn qui sont sortis du C.N.D. au cours de la nuit du 06 au 07 avril 1994, aux ordres du lieutenant-général Charles Kayonga (GAMU06 ; JLBR03 ; DFAM09) et du colonel Charles Karamba (GAMU17 ; DFAM34). Le 12 avril 1994, l’unité Alpha Mobile aux ordres du colonel Sam « Kaka » Kanyemera fait la jonction avec le 3 Bn au C.N.D. Au cours de leurs opérations conjointes, ils ont, le 13 avril 1994, laissé se commettre le meurtre de 17 ecclésiastiques et fidèles catholiques au Centre Christus, situé à Remera. Après avoir laissé perpétrer ces massacres ciblés qui servaient leurs intérêts, les Inkotanyi ont transformé le Centre Christus en champ de mines antipersonnel pour protéger le front oriental de leurs positions.
Le 23 avril 1994, neuf ecclésiastiques la Paroisse de Rwesero ont été assassinés à Karushya par les rebelles du FPR aux ordres du lieutenant-colonel Martin Nzaramba (GAMU13), commandant de la 21 Mobile Unit, lors de sa progression vers le sud, accompagnant dans la mort trois religieuses et de nombreux paroissiens civils. L’officier D.M.I. Anthony Rusagara a supervisé ces massacres. Les prêtres sont :
· l’abbé Joseph HITIMANA, recteur du Petit Séminaire de Rwesero,
· l’abbé Fidèle MULINDA,
· l’abbé Faustin MULINDWA,
· l’abbé Athanase NKUNDABANYANGA, Econome général du Diocèse de Byumba, ainsi que
· l’abbé Gaspard MUDASHIMWA,
· l’abbé Christian NKILIYEHE,
· l’abbé Alexis HAVUGIMANA,
· l’abbé Célestin MUHAYIMANA et
· l’abbé Augustin MASHYENDERI.
Le 2 juin 1994, les Inkotanyi se lancent dans la phase finale de l’attaque de Kabgayi en bombardant la colline de Fatima qui surplombe la ville et où sont retranchés les derniers défenseurs FAR. Deux compagnies de la 157 Mobile Unit progressent rapidement vers Kabgayi en contournant Fatima, celle aux ordres du major Wilson Kazungu, et celle aux ordres du capitaine Willy Gabage. C’est ainsi que, progressant vers le centre stratégique de Kabgayi, ils découvrent environ 30.000 réfugiés en majorité Tutsi, rassemblés dans le couvent. Dès la prise de la ville, le lieutenant colonel Fred Ibingira vient dans le quartier de l’évêché. Il constate que les Inkotanyi sont mêlés à la foule avec laquelle ils lient conversation. Il ordonne aux commandants de donner des coups de chicotte à ces Inkotanyi et leur interdit de se mêler à la foule. Il découvre alors le grand nombre de prêtres et d’évêques rwandais : personne n’a fui, ni vers les axes de Ngororero ou de Kibuye qui n’ont pas encore été investis par le FPR. Sont alors restés sur place pour surveiller les V.I.P. : · la garde personnelle du lieutenant colonel Fred Ibingira,
· les agents du D.M.I. aux ordres du major Wilson Gumisiriza, dont le capitaine ougandais Rabooni Okwiiri, le lieutenant Innocent Kabandana, le lieutenant Peter Kalimba, et une poignée de leurs tueurs,
· des soldats de l’état-major de la 157 Mobile Unit, dont le spécialiste en artillerie lourde et en manipulation de missiles sol-air, le lieutenant Patrick Kamaramaza et ses subordonnés,
· les gardes du corps du major Mubarakh, ainsi que
· des militaires de la compagnie du major John « Kawaïda » Tibesigwa.
Pendant ce temps, le spécialiste en télécommunications HF de la 157 Mobile Unit, le lieutenant Muvunyi, prit contact avec le signaleur du général major Paul Kagame, le sergent Shaïja Steven. La communication établie entre la 157 Mobile Unit et « ZERO BRAVO », le lieutenant colonel Fred Ibingira informa le général major Paul Kagame de la présence du grand nombre de déplacés internes et des ecclésiastiques. Il reçut du boss l’ordre d’éliminer les religieux mais de façon discrète et à distance des réfugiés. Le même jour à 02:30 pm, les religieux sont escortés à l’école des infirmières de Kabgayi. Le soir, après le coucher du soleil, l’archevêque et les évêques sont conduits sous escorte à l’évêché et reçoivent l’ordre d’emmener avec eux quelques effets personnels dans un petit baluchon. Ce stratagème avait pour but de ne pas éveiller les soupçons parmi la foule des déplacés. Peu après leur arrivée auprès des autres religieux, l’ensemble du groupe d’ecclésiastiques reçoit l’ordre d’aller étudier le problème de la sécurité du couvent de Kabgayi. Les agents du D.M.I. sous les ordres du lieutenant Innocent Kabandana, ainsi que l’escorte du major Wilson Gumisiriza les accompagnent dans la nuit. La compagnie du capitaine Willy Bagabe surveillaient le noviciat et empêchaient tout passage de témoins. En sa qualité d’agent de renseignement DMI, le sergent John Butera a évacué avec six soldats à ses ordres tous les religieux appréhendés vers la maison communale de Ruhango, en catimini et en pleine nuit, officiellement pour « assurer leur sécurité ».
Ces religieux sont restés enfermés à Ruhango jusqu’au dimanche 5 juin 1994 avant-midi. Ils ont ensuite été conduits au noviciat des Frères Joséphites de Kabgayi. Cette technique de déplacement des religieux d’étape en étape est digne de la classique technique du voleur chinois qui déplace petit à petit un objet convoité jusqu’à ce qu’il ne soit plus à portée de vue du propriétaire distrait par diverses galipettes. Le FPR l’applique aussi aux prisonniers politiques et aux otages emprisonnés en les déplaçant régulièrement de prison aux quatre coins du pays, de sorte que tout contact est rompu avec la famille et les amis, jusqu’au moment opportun où on les fait disparaître. Vu la présence de religieux Tutsi, le lieutenant colonel Fred Ibingira reprit contact HF avec le général major Paul Kagame qui lui confirma l’ordre d’extermination.
Le 5 juin 1994, vers 19 heures, les treize ecclésiastiques catholiques rwandais étaient rassemblés dans le réfectoire du Noviciat des Frères Joséphites dans la paroisse de Gakurazo, en attendant la prétendue réunion de sécurité. Cette tactique nocturne fait partie des prolégomènes mensongers classiques du FPR en vue de commettre des assassinats extralégaux. La manière avec laquelle la phase finale de cette opération a été exécutée, est typique des Inkotanyi, lesquels se nommaient initialement « Inyeenzi », les « cancrelats » qui surgissent en silence et agissant ensemble de nuit pour razzier la nourriture. Ces ecclésiastiques martyrs étaient :
· Mgr Vincent NSENGIYUMVA, archevêque Hutu de Kigali,
· Mgr Joseph RUZINDANA, évêque Tutsi de Byumba,
· Mgr Thaddée NSENGIYUMVA, évêque Hutu de Kabgayi et président de la conférence épiscopale rwandaise,
· Mgr Jean Marie Vianney RWABILINDA, vicaire général Hutu du diocèse de Kabgayi,
· Mgr Innocent GASABWOYA, ancien vicaire général Tutsi,
· l’Abbé Hutu Emmanuel UWIMANA, recteur du Petit Séminaire,
· l’Abbé Hutu Sylvestre NDABERETSE, économe général,
· l’Abbé Hutu Bernard NTAMUGABUMWE, représentant préfectoral de l’enseignement catholique,
· l’Abbé Hutu François Xavier MULIGO, curé de la cathédrale de Kabgayi, avec
· son vicaire Hutu Alfred KAYIBANDA et
· son vicaire Tutsi Fidèle GAHONZIRE, tous du même diocèse,
· l’Abbé Tutsi Denis MUTABAZI du diocèse de Nyundo ainsi que
· le Frère Tutsi Jean Baptiste NSINGA, Supérieur Général Tutsi des Frères Joséphites.
C’est dans ce local exigu que ces martyrs ont été impitoyablement massacrés vers 19 h 10 par un peloton d’exécution de six membres du FPR, dont les noms de quatre sont connus. Un seul prêtre, l’abbé Vénuste Linguyeneza, a réussi à s’enfuir de la salle lors de la fusillade en se sauvant par une porte arrière. D’après lui, « ceux qui étaient près de la porte, comme Sylvestre NDABERETSE, étaient réduits à de véritables passoires. Toutes les victimes étaient allongées et avaient reçu le coup de grâce, une balle dans la tête. RWABILINDA et GAHONZIRE avaient même les yeux crevés » [Dialogue, n°213, 1999, pp.79-88].
Le témoin TAP-043 du juge espagnol Don Fernando Andreu Merelles (DFAM) a identifié les commandants qui sont intervenus directement au cours de cette opération, signalant les suivants, par grade hiérarchique décroissant :
– général major Paul Kagame (DFAM00 ; JLBR00 ; GAMU01),
– colonel Fred Ibingira (DFAM04 ; GAMU05), Commanding Officer du Bataillon 157 Mobile Unit, sous les ordres stricts du général-major Paul Kagame,
– colonel Erik Murokore (DFAM12 ; GAMU08 ; JLBR), adjoint au Commanding Officer du Bataillon 157 Mobile Unit,
– capitaine Wilson Gumisiriza (DFAM24 ; GAMU10), officier du D.M.I au sein du 157 Mobile Unit, et
– capitaine Willy Bagabe (DFAM25), officier du D.M.I., adjoint du précédent.
Le témoin TAP-043 du juge espagnol Don Fernando Andreu Merelles (DFAM) a identifié deux des six tireurs qui ont assassiné les ecclésiastiques catholiques le 5 juin 1994 :
– lieutenant Wilson Gaboniza (DFAM26) et
– caporal Samuel Karenzezi alias « Viki » (DFAM27).
Le lieutenant colonel Fred Ibingira avait aussi ordonné initialement au capitaine Willy Bagabe d’abattre les religieux, ce qu’il ne fit pas personnellement quoiqu’il donna lui-même l’ordre d’ouvrir le feu, tout en restant à l’extérieur de la maison. Il faut y ajouter le témoignage indirect du lieutenant (rtd/xld) Joshua « Abdul » Ruzibiza et le témoignage direct de l’abbé Vénuste Linguyeneza, survivant de ces massacres, qui citent d’autres militaires de la 157 Mobile Unit comme membres du peloton d’exécution :
– sous-lieutenant Patrick Kamaramaza et
– sergent John Butera.
Il est important de recadrer ces événements intolérables dans la stratégie de progression des troupes du FPR en 1994, après leur coup d’Etat militaire contre l’Etat rwandais et le gouvernement du président Juvénal Habyarimana. La 157 Mobile Unit s’est signalée comme opérateur systématique de massacres discriminés et indiscriminés tout au long de son parcours de conquête du pouvoir après le coup d’Etat du 06 avril 1994 perpétré par le High Command du FPR aux ordres du général-major Paul Kagame. L’itinéraire de cette unité criminelle fut : axe Mulindi-Kibungo, puis axe Kibungo-Bugesera en passant par Mayange, Gako, Nzagwe et Ruhuha (24 mai) en commune de Ngenda, puis le pont Rwabusoro, puis commune de Muyira, Nyabisindu (29 mai), Kabgayi, Gitarama pour bifurquer vers Butare et le secteur Turquoise. Dans le sillage de la 157 Mobile Unit, suivaient deux pelotons de tueurs encadrés par trois sous-officiers du D.M.I., les sergents Dieudonné Rukeba, Mathieu Ntegano et Burabyo, aux ordres du lieutenant Wilson Ukwishaka. Le chef militaire de la 157 Mobile Unit était le lieutenant-colonel Eric Murokore. Lors de la progression ultérieure vers Butare, la 157 Mobile Unit se joignit à la jeune 15 Mobile Unit aux ordres du capitaine Paul Katabarwa, détaché de la 157ème, l’ensemble des deux unités relevant à présent de l’autorité du colonel Fred Ibingira.
Le 3 juillet 1994, la ville universitaire de Butare fut capturée quasi sans coup férir. Le gros des troupes se répartit en deux contingents, l’un, constitué par la 15 Mobile Unit en direction de Gikongoro, aux ordres du capitaine Paul Katabarwa, et l’autre en direction du Burundi, composée de compagnies de la 157 Mobile Unit aux ordres du lieutenant-colonel Eric Murokore. Sont restés à Butare le major Wilson Gumisiriza, le capitaine Okwiiri Rabooni, un mercenaire ougandais, le lieutenant Peter Kalimba et le lieutenant Innocent Kabandana. Les deux pelotons de tueurs encadrés par les agents du renseignement militaires recevaient les ordres du lieutenant Innocent Kabandana, lequel les recevait du major Wilson Gumisiriza. Ils massacrèrent systématiquement les habitants de Butare qui étaient restés dans la ville à l’approche des Inkotanyi car ils pensaient que la guerre était terminée. Du 3 au 11 juillet 1994 inclus, la ville étant ceinturée, les victimes étaient appréhendées une à une ou en petits groupes, officiellement pour participer à des réunions de sécurité, puis rassemblées dans l’arboretum, une forêt située autour de l’Université Nationale de Butare (U.N.R.), dans les bois de Huye, dans les locaux de l’école agri-vétérinaire de Rwasave ou, pour les intellectuels et hommes adultes valides (H.A.V.) dans les locaux de l’U.N.R., où ils furent massacrés systématiquement. Dès le 12 juillet, les déplacés internes de Tumba et des autres quartiers périphériques de Butare furent rassemblés, leur identité relevée, et après un délai visant à gagner leur confiance, conduits à bord de camions vers l’école agri-vétérinaire où ils étaient interrogés quant à leur participation au meurtre de Tutsi ou pour aider les Inkotanyi à localiser les autorités rwandaises encore présentes dans la ville. Les malheureux étaient assassinés par balle ou par des coups secs de houe usagée agafuni sur le sommet du crâne.
Le lieutenant Joshua « Abdul » Ruzibiza a rapporté qu’au moins 1.750 personnes ont ainsi été assassinées à Kabutare après interrogatoire. Quant aux personnes qui furent l’objet de la « délation in extremis » de ce premier lot de chair à canon, elles furent à leur tour éliminées une à une, de nuit par les commandos du FPR. Le FPR organisa ensuite le transport de ces cadavres par rotations de camions jusqu’en décembre 1994, en vue de leur incinération dans la forêt de Nyungwe, principalement, d’une part, à Kamiranzovu, une zone assez clairsemée et marécageuse située au nord de la grand route dans la forêt, en préfecture de Cyangugu, où les derniers éléphants nains de montagne ont été tués par les Batwa, et, d’autre part, plus à l’est, Kuwasenkoko, là où la grand route croise la jonction entre les préfectures de orientale de Gikongoro et occidentale de Cyangugu. Personnellement, je suis aussi persuadé que des fours crématoires en plein air étaient entretenus du côté de Pindura, là où une petite route quitte la grand route en direction de la frontière rwando-burundaise.
Lors d’un voyage éclair effectué jusqu’à Cyangugu en octobre 1994, j’ai personnellement constaté, lors du retour vers 10:00 pm, que « cela sentait la brochette » dans la forêt depuis le check-point de Pindura et Kuwasenkoko, une zone facile à repérer même de nuit car, en cheminant vers l’est, la route monte jusqu’au point le plus élevé de la route à environ 2.767 mètres d’altitude, avant de redescendre vers la périphérie de la forêt de Nyungwe où les Batwa fabriquent le charbon de bois avant d’arriver à Mudasomwa. Arrêté pour interrogatoire par un groupe d’Inkotanyi, j’ai été escorté par l’officier le plus élevé en grade à la barrière, lequel circula avec une moto rouge jusqu’à Butare, accompagné à l’arrière par un kadogo, kalashnikov au poing. A Butare, nous avons été enfermés dans la maison d’un afande et réinterrogés par lui, lequel, me faisant finalement confiance, m’aida à accomplir ma mission.
Penchons-nous maintenant sur les « boucs émissaires » arrêtés au Rwanda le 12 juin 2008 et transféré à la prison militaire de Mulindi, dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat des treize ecclésiastiques catholiques à Gafurazo le 5 juin 1994.
1/ Le brigadier général Wilson Gumisiriza (DFAM24 ; GAMU10) est un ancien Intelligence Officer (I.O.) du Bataillon 157 Mobile Unit. Le 24 mai 1994, alors major, il ordonna à ses subordonnés du D.M.I. d’éliminer la population civile de Ruhuha en commune de Ngenda, ainsi qu’autour du pont Rwabusoro. Le 13 juin 1994, dès la capture définitive de la ville de Gitarama, les Inkotanyi ont rassemblé la population civile sur diverses places publiques (marchés, écoles, terrain de football) avant de les massacrer. Les principaux responsables de ces massacres sont le major Sam Bigabiro (A.P.R.), le major Wilson Gumisiriza (D.M.I.), le lieutenant Innocent Kabandana (D.M.I.) et le capitaine Jimmy « Mwesigye » Muyango (D.M.I.). Ils ont aussi continué leurs massacres à Mututu, Mugina et Mukingi, notamment à Rugogwe où le major Wilson Gusimiriza ordonna d’abattre environ 500 personnes rassemblées pour une prétendue réunion d’information. Pour empêcher que la population de Gitarama ne s’enfuie vers Kigali, la route fut barrée à Mu cya kabili près de Murambi par la compagnie du major Wilson Kazungu.
En 1994, il avait pour adjoint le capitaine Willy Bagabe (DFAM25) lors de la prise de Kabgayi au début du mois de juin 1994.
Actuellement, il a été nommé Commandant du Secteur 1 des Forces Rwandaises de Défense (F.R.D.) envoyées au Soudan par l’Union Africaine sous mission des Nations Unies dans son programme au Soudan (UNAMIS). Cette force internationale est devenue ensuite une force hybride unifiée sous le sigle UNAMID Force, et répartie en quatre secteurs opérationnels (Northern, Western, Southern). L’armée rwandaise a une compagnie au Western Darfur, au centre du Western UNAMID Sector, une seconde compagnie au sud à Mukhjar, une troisième compagnie à l’est, basée à Nertiti, ainsi qu’une troisième compagnie en plus de la compagnie QG, basées entre les trois précédentes, à Zalingeï. Dans le Northern Darfur et le Northern UNAMID Sector, les militaires rwandais sont rassemblés dans la zone méridionale. A l’ouest de cette zone se trouve une compagnie rwandaise basée à Sarif Umra. A l’est de celle-ci, une compagnie et la compagnie QG sont basées à Kabkabiya. Plus à l’est encore, on trouve une compagnie à Sortoni, au sud est de laquelle sont basées deux compagnies à Shangil Tobay. Toujours à l’est, sur la route entre El Fasher et En Nahud (Western Kordofan), on retrouve deux compagnies rwandaises et une compagnie QG. Dans le Northern Sector, on retrouve la compagnie QG du secteur ainsi que deux companies rwandaises et leur propre companie QG. Enfin le Quartier Général d’Etat-Major du dispositif UNAMID se trouve à El Fasher, protégé par une compagnie de Gambie et une companie de MPs du Kenya. Le général-major Karake Karenzi (JLBR ; DFAM ; GAMU) est le commandant en second de l’ensemble du dispositif UNAMID et est basé à El Fasher.
Rappelé à Kigali, le brigadier-général Wilson Gusimiriza a été arrêté le 12 juin 2008 et transféré à la prison militaire de Mulindi, près de Masaka/Kanombe, et mis à disposition de l’auditorat militaire rwandais.
2/ Le capitaine John Butera est un ancien membre de la 157 Mobile Unit avec grade de sergent en 1994. Il est co-responsable de l’assassinat des ecclésiastiques catholique à Gafurazo (Byimana) le 4 juin 1994 comme membre du peloton d’exécution de 6 hommes obéissant aux ordres supérieurs venant ab initio du général major Paul Kagame. En sa qualité d’agent de renseignement DMI, le sergent John Butera a commencé par évacuer en catimini en pleine nuit tous les religieux appréhendés dans la maison communale de Ruhango, officiellement pour « assurer leur sécurité ». Ces religieux sont restés enfermés à Ruhango jusqu’au dimanche avant-midi. Ils ont ensuite été conduits au noviciat des Joséphites de Kabgayi. Cette technique de déplacement des religieux d’étape en étape est digne de la classique technique du voleur chinois. Le FPR l’applique aussi aux prisonniers politiques et aux otages emprisonnés en les déplaçant régulièrement de prison aux quatre coins du pays. Selon le lieutenant Joshua « Abdul » Ruzibiza et l’abbé Vénuste Liguyeneza, le lieutenant-colonel Fred Ibingira avait ordonné au capitaine Willy Bagabe, au sous-lieutenant Patrick Kamaramaza et au sergent John Butera de tuer rapidement ces religieux. Le peloton d’exécution qui est entré dans la salle était composé du sous-lieutenant Kamaramaza Patrick et du sergent John Butera ainsi que de quatre autres soldats. D’autres militaires encerclaient les maisons alentours, lorsque le capitaine Willy Bagabe a donné l’ordre de tirer. Il était lui-même resté assis dehors, en retrait, en attendant d’apprendre que tous les religieux étaient rentrés dans la salle. Les religieux ont été massacrés le 5 juin 1994, le soir à 19 h 10.
Plus tard, le sergent John Butera fut incorporé au Bataillon n° 59 lors des opérations au Congo/Zaïre. A ce titre, il a participé en 1996-1997 aux massacres contre les réfugiés rwandais au Congo/Zaïre et contre la population congolo-zaïroise à Bukavu, Numbi, Walikale, Tingi-Tingi, Ubundu, Bokungu, Boende et Mbandaka. On sait que Butera, alors capitaine, abattit le major Alex Ruzindana sous prétexte qu’il préparait un coup d’Etat contre le général major Paul Kagame avec un groupe d’officiers supérieurs provenant d’Ouganda. Il a été arrêté le 12 juin 2008 et transféré à la prison militaire de Mulindi.
3/ Le capitaine (rtd) Dieudonné Rukeba faisait partie en 1994 de la 157 Mobile Unit, avec grade de sergent de renseignements militaires au sein de l’appareil parallèle du D.M.I. Il a participé à toutes les exactions, crimes de génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis par la 157 Mobile Unit, tout au long de sa « chevauchée sanglante de la 157MU » le long de l’axe Mulindi-Kibungo-Bugesera-Nyabisindu-Kabgayi-Butare. En particulier, le 4 juin 1994, Dieudonné Rukeba a fait partie du peloton d’exécution de six hommes qui ont assassiné sur ordre supérieur les treize ecclésiastiques catholiques enfermés dans un local à Gafurazo, dans la maison des Frères Joséphites. Plus tard, dès le 3 juillet 1994, Dieudonné Rukeba a participé à l’élimination systématique des habitants non fugitifs de Butare et environs immédiats.
Il ne faisait plus partie de l’APR/RDF lors de son arrestation le 12 juin 2008.
4/ En ce qui concerne le major Wilson Ukwishaka, il a aussi fait partie de la 157 Mobile Unit en 1994. Son prénom a été relevé par le lieutenant Joshua « Abdul » Ruzibiza comme étant le « lieutenant Wilson », membre du D.M.I. et superviseur des deux pelotons de tueurs encadrés par trois sergents du DMI, groupe d’exterminateurs qui a participé aux massacres de Butare après la prise de la ville le 3 juillet 1994. Il a été arrêté le 12 juin 2008 et transféré à la prison militaire de Mulindi.
A suivre.
Bonne soirée.
Dr. Jean-Paul PUTS
16/6/2008