LES MISSIONNAIRES INQUIETS DE LA SITUATION DANS L’EST DE LA RD CONGO PLAIDENT AUPRES DES INSTITUTIONS DE L’UE ET DES PAYS MEMBRES POUR QU’UNE ACTION SOIT ENTREPRISE
Confronté par la vaste crise humanitaire provoquée par les combats dans l’Est de la RD Congo, le Réseau Afrique Europe Foi et Justice (AEFJN) plaide pour une intervention plus directe de l’UE et de ses pays membres. AEFJN est un réseau d’environ 30.000 missionnaires qui travaillent en Afrique et en Europe.
En lien avec EURAC, le réseau des ONG européennes engagées en Afrique centrale, AEFJN plaide pour que l’UE recrute et déploie, dans un avenir très proche, une force militaire pour garder ouvert un corridor humanitaire. Il demande aussi à l’UE d’accroître les efforts diplomatiques pour consolider la mise en application des Accords de Goma et de Nairobi – signés par les différentes parties engagées dans le conflit actuel. Il requiert surtout que l’UE veille à la mise en pratique et soutienne le Pacte sur la Sécurité, la Stabilité et le Développement dans la région des Grands Lacs, signé à Nairobi en décembre 2005.
L’avancée des troupes du CNDP de Laurent Nkunda vers Goma a forcé l’armée congolaise (FARDC) à abandonner la ville. Les combats dans la région ont provoqué le déplacement de plus de 250.000 civils. Plusieurs factions armées (CNDP, FARDC, Mai-Mai, etc.) ont attaqué les civils, les ont pillés, tués, blessés et violés. Au point de départ, la MONUC ne voulait pas ou ne n’était pas capable de protéger les populations dans les zones prises par les rebelles et à Goma. Depuis lors, la MONUC et la FARDC ont commencé à assurer la sécurité dans Goma.
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La France, qui assure actuellement la présidence de l’UE, a proposé l’envoi d’une force militaire de l’UE qui travaillerait en lien la MONUC et l’armée congolaise pour stabiliser la situation humanitaire et promouvoir le processus de paix.
Le maintien de la paix dans la région et l’absence de risque de nouveaux conflits dépendent, d’après ce que croient EURAC et AEFJN, de l’envoi très rapide de troupes de l’UE pourvues d’un mandat clairement défini et qui collaboreraient avec la MONUC. Cette force de stabilisation devrait s’atteler non seulement aux conséquences mais également aux causes de ces combats.
En constatant qu’à l’heure actuelle, ni les Forces Armées de la RDC ni la Monuc n’ont la capacité et la crédibilité nécessaires pour imposer sur le terrain le respect des accords de Goma et de Nairobi, EurAc et AEFJN recommandent à l’Union européenne et à ses états-membres de :
1) mobiliser et déployer à très court terme une force de stabilisation militaire : Cette force (a) aura un impact rassurant immédiat sur la population congolaise qui n’a plus aucune confiance dans la Monuc ; (b) aura un impact de dissuasion sur les fauteurs de troubles ; et (c) peut faire la différence en termes opérationnels à condition d’une articulation fine avec les FARDC et la Monuc pour le désarmement du CNDP et des FDLR. Avec des termes de référence bien précis et un mandat bien défini dans le temps et dans l’espace, une telle mission européenne peut stabiliser la situation humanitaire et sauver un processus de paix, auquel il n’existe à ce jour aucune alternative. Pour atteindre ces objectifs, la force de stabilisation militaire ne doit pas seulement s’occuper des conséquences de la crise, mais aussi (et d’abord) des causes : le non-respect des accords de Nairobi et de Goma et la lutte pour le contrôle et l’exploitation des ressources naturelles, dont le commerce entretient les groupes rebelles. AEFJN et EurAc sont convaincus qu’il n’y a pas de solution militaire aux conflits au Nord-Kivu ; néanmoins, force est de constater qu’aucune solution politique négociée n’a de chance de réussir sans une pression réelle exercée sur les signataires des accords de paix pour qu’ils respectent leurs propres engagements.
2) rétablir le cadre des Accords de Goma et de Nairobi par une pression diplomatique (a) sur le Rwanda pour qu’il empêche tout appui venant de son territoire à la rébellion de Nkunda ; et (b) sur la RDC pour qu’elle empêche toute complicité opérationnelle entre son commandement sur le terrain et des milices des FDLR. Nous applaudissons chaque initiative diplomatique qui vise à remettre les Accords de Goma et de Nairobi à l’ordre du jour comme cadre de résolution du conflit. AEFJN et EurAc demandent également à l’Union européenne de soutenir et accompagner la mise en œuvre du projet Amani par la mise à disposition des moyens nécessaires et par le soutien aux actions de la société civile tant en matière de vulgarisation et de médiation que sur le plan humanitaire.
3) activer et soutenir le cadre créé par le Pacte sur la Sécurité, la Stabilité et le Développement dans la Région des Grands Lacs signé à Nairobi le 15 décembre 2006 par les chefs d’Etat et de Gouvernement de onze pays au deuxième Sommet de la Conférence Internationale pour la Région des Grands Lacs (CIRGL). Selon les projets et les protocoles élaborés dans les réunions préparatoires, la CIRGL se propose de contribuer à l’éradication des causes des conflits cycliques et à transformer la région en un espace de sécurité durable, de stabilité politique et sociale, de croissance économique et de développement partagés. Le suivi de la Conférence et la mise en œuvre des projets n’ont pas eu lieu malgré l’entrée en vigueur du Pacte le 21 juin 2008. Les contributions des partenaires de la RDC au Fond spécial de reconstruction et de développement sont indispensables pour que le Pacte devienne une réalité.
Pour plus d’informations :
Kris Berwouts – Rue des Tanneurs, 165 B – 1000 Bruxelles, Belgique –
Tel: +32 (0)2 213 04 00 / Mobile: +32 (0) 485 070 852 @: kris.berwouts@EurAc-network.orghttp://www.EurAc-network.org
Begoña Iñarra – Africa-Europe Faith & Justice Network (AEFJN) – 174, rue Joseph II – B-1000 Brussels, Belgique
Tel. +32.(0)2.234.68.12 / Fax +32.(0)2.231.14.13 / Mobile +32.(0)474.41.50.37 @: begoinarra@aefjn.org
http://www.aefjn.org