Le Général de Brigade Emmanuel Gasana alias Rurayi, qui vient d’être nommé par le gouvernement rwandais à la tête de la Police nationale, est un tueur de renom. Tout au long de la guerre du Front Patriotique Rwandais (FPR), il était dans les arrières avec la mission de nettoyer les zones conquises de sa population civile. Il avait alors le titre d’encadreur et sa méthode consistait à appeler la population pour des réunions de sécurité ou de distribution de vivres, puis encerclée et massacrée.
Emmanuel Gasana s’est tristement illustré surtout avec la reprise de la guerre en avril 1994. Lui et son équipe, avec des camions d’essence, ont sillonné le pays en massacrant des populations civiles et à brûler leurs cadavres. Cela a été le cas notamment dans les régions de Kibungo et de Bugesera. En juillet 1994, il était à Butare où il a encadré le massacre des populations regroupées notamment dans l’arboretum entourant l’Université nationale du Rwanda.
En 1995, il est à Gikongoro avec avec le Général Fred Ibingira pour les massacres de Kibeho : « Les gens qui ont pris part à ce massacre sont nombreux car la population a été bombardée par tout un bataillon de l’armée de l’APR en collaboration avec les militaires issus des différentes unités, notamment des escortes du général-major Kagame, du colonel Kayumba Nyamwasa et de la DMI. Ont également participé à ce massacre les soldats du 157è bataillon alors à Butare. Mais la lourde responsabilité d’avoir planifié, organisé et mis en exécution les massacres des déplacés des camps de Kibeho incombe indubitablement aux personnalités suivantes : le général-major Paul Kagame, le colonel Kayumba Nyamwasa, le lieutenant-colonel Fred Ibingira, le major Philibert Rwigamba, le capitaine John Zigira, le lieutenant Emmanuel Gasana Rurayi, le major Wilson Gumisiliza, le lieutenant Peter Kalimba et le lieutenant Innocent Kabandana » (Abdul Ruzibiza, Rwanda. L’histoire secrète, pp. 383-384).
Les survivants de Kibeho ont été atrocement tués également par ses soins : « Les camions qui transportaient les gens encore en vie ne partaient pas tout de suite. En effet, les militaires prenaient soin de les ligoter avant de les jeter, pieds et poings liés, dans les camions qui les acheminaient près de l’aérodrome de Butare. Il y avait à cet endroit un petit camp militaire de la gendarmerie et des maisons spacieuses dans le voisinage. C’est là que l’on entassait des déplacés et qu’on les tuait en fracassant leur tête avec une houe usagée, en les asphyxiant avec des sacs en plastique, en les transperçant à coups de baïonnette. Environ deux mille personnes ont péri à cet endroit. On y avait dépêché quelque 130 militaires issus des unités suivantes pour remplir cette mission : 32 soldats d’Alpha, 40 soldats du groupe du lieutenant Emmanuel Gasana Rurayi et plus de 30 soldats issus de l’escorte du colonel Kayumba Nyamwasa et dirigés par le sergent John Sengati » (idem, p.380).
Après le massacre, il fallait faire disparaître les cadavres. Ils étaient ramassés et entassés dans des camions et acheminés dans la forêt de Nyungwe où ils étaient incinérés.
Avec la conquête de tout le pays et la prise du pouvoir par le FPR, Emmanuel Gasana n’a cessé d’être récompensé pour ses tristes records dans des opérations de massacres des populations civiles. D’encadreur civil en 1990, il est lieutenant en 1994, major en 2000, lieutenant colonel en 2004 et général de Brigade en 2009. Le voilà encore promu comme patron de la Police nationale rwandaise.
Gaspard Musabyimana
16/10/2009
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