Le système des tribunaux Gacaca intensifie son terrorisme envers la population
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La fermeture des tribunaux Gacaca est prévue à la fin de cette année 2009. C’est alors la course à la montre. Les personnes qui ont des biens sont les plus visées. Leur  chasse systématique est opérée. Des tribunaux itinérants ont même été instaurés pour intervenir là où le pouvoir politique du FPR pense que les Gacaca locaux sont laxistes. Des équipes, avec des consignes de la DMI (renseignements militaires), repèrent leurs victimes. Elles se réunissent et prononcent, à moins de quelques heures, de lourdes peines allant jusqu’à la perpétuité. Il s’en suit la vente aux enchères des biens du condamné pour indemniser les victimes. Ainsi sur les villages rwandais, il y a actuellement des sans-abris : des femmes et leurs enfants errent dans les rues parce qu’ils n’ont plus de toit ; ils meurent de faim car ils n’ont plus de champs à labourer.

Il se pose la question de savoir pourquoi si un chef de famille est condamné, sa femme et ses enfants doivent en payer le prix. C’est le cas d’un certain Habumugisha Léopold. Le Gacaca de Rubavu a estimé à 113.320.750 FRW la somme qu’il doit payer endéans trente jours, lui et toute sa famille. Les enfants ont protesté et ont écrit une lettre à la Commission nationale des Droits de l’Homme. La Présidente de la Commission, Kayitesi Zaïnabo Sylvie, est d’avis qu’effectivement la responsabilité pénale est personnelle et ne voit pas les raisons pour lesquelles le Gacaca a impliqué toute la famille dans le dédommagement alors que c’est le père qui a été condamné.  Elle souligne également que les dommages ont été fixés arbitrairement et a saisi, par sa lette du 3/9/2009, la Responsable nationale des Gacaca pour qu’elle use de son injonction positive pour revoir le cas. Mais déjà, l’huissier avait été saisi pour la vente des tous les biens de la famille.

La corruption, dans ce genre de mascarade de procès, bat son plein. Nous apprenons que dans la région de Ruhengeri, un vieux notable de la région a des enfants établis en Belgique. Leur maman est venue leur rendre visite à deux reprises. Dernièrement, un membre des Gacaca du coin l’aborde et lui annonce qu’elle a un dossier car lors de ses voyages en Europe, elle aurait rendu visite aux génocidaires. La vieille n’en croit pas ses oreilles. Le lendemain, elle est mise en prison. Il a fallu verser 400.000 FRW (+/- 600€) pour sa libération. Quelques temps après, une autre équipe est venue lui apprendre qu’elle avait encore un dossier car quelqu’un l’accusait d’avoir assisté les tueurs en 1994. Retour en prison et versement de 150.000 FRW (+/-250€) pour sa libération. Aujourd’hui, la vieille a dû s’exiler pour sauver sa vie. Mais elle n’a rien résolu car après sa sortie du pays, le Gacaca est revenu à charge et le vieux papa a été convoqué. Il devait expliquer où était partie sa femme. Il a été écroué pour complicité et faux témoignages. Il lui faut verser 150000 FRW pour acheter sa libération. Ses enfants en Europe ne savent plus à quel saint se vouer, car à ce rythme, il leur impossible de trouver cet argent.

Un autre exemple nous vient de la région de Gitarama. Un jeune couple de maraîchers gagnait bien sa vie. Un membre des Gacaca qui voyait les rentrées de la famille, élabore un dossier. Le chef de la famille est convoqué. Il est accusé d’être génocidaire. Il n’a pas donné l’argent réclamé et a été mis en prison. Sa femme est allée lui rendre visite. Elle a voulu donner une petite somme à ceux qui sont à la base de l’emprisonnement de son mari. Ceux-ci trouvent la somme dérisoire et l’inculpent pour tentative de corruption. Elle a rejoint son mari en prison. Le couple a des enfants en bas âge qui sont pris en charge par les voisins.

Au Rwanda, c’est la terreur par les Gacaca. Ceux qui vont assister à ces procès sont pris de panique car ils ne savent pas si le lendemain ils ne seront pas à leur tour concernés.

Gaspard Musabyimana
Le 12/11/2009

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