[…] La délation dont nous parlons dans ce document est un système criminel mis en place par le régime du (FPR) Front Patriotique Rwandais pour calomnier et emprisonner des personnes innocentes. Ce régime a implanté au Rwanda des milliers de syndicats de délateurs directement recrutés, formés, protégés et financés par les agents de la DMI (Directorate of Military Intelligence).
Depuis juillet 1994 jusqu’à ce jour et sous l’actuel régime rwandais, des veufs, des orphelins, des militaires, des miliciens tutsi et des simples citoyens ont été sensibilisés (pour certains rescapés tutsis du génocide), forcés (pour d’autres rescapés hutus des massacres et des emprisonnements arbitraires), encouragés et sollicités pour se constituer en "associations ou syndicats de délateurs".
Ces "Syndicats de délateurs" sont couramment utilisés dans la constitution de faux témoignages et faux dossiers pour:
– permettre aux Forces Rwandaises de Défense (FRD) et la branche de renseignements militaires "Directorate of Military Intelligence (DMI) à sévir contre tous les hutus en général […].
– faciliter et favoriser les arrestations et détentions arbitraires […] Chaque militaire, policier ou milicien LDF (Local Defense Forces) […] est autorisé à arrêter et faire incarcérer des gens sans même les interroger ou les informer des motifs de leur arrestation. […]
– permettre et faciliter la confiscation ou l’occupation illégale des biens appartenant aux personnes arrêtées injustement. […]
– intimider et éliminer des éventuels et futurs opposants au nouveau régime de Paul Kagame.
Ce climat de délation, encouragé et entretenu par les détenteurs du "pouvoir occulte", est responsable de la terreur qui s’exerce sur tous les citoyens rwandais, les membres du Gouvernement, du Parlement, du Sénat et de la Magistrature sans "pouvoir réel". Toutes les "Institutions de l’Etat Rwandais” actuel (sauf les FRD) ne jouissent d’aucune autorité et souveraineté et restent noyautées et paralysées par les chefs militaires et politiques du FPR. […] Au Rwanda l’impunité leur est assurée.
Le "pouvoir réel" est détenu par un petit "noyau de chefs militaires et politiques et certains commerçants" extrémistes Tutsi qui n’ont qu’un seul objectif: garder le pouvoir et s’enrichir. […]
Dès avril 1994, les premiers noyaux de « syndicats de délateurs » ont apparu dans les camps de rassemblement créés par le FPR pendant la guerre d’avril à juillet 1994. Des personnes innocentes ainsi que leurs membres de familles furent accusés injustement, enlevées et portées disparues. « Pointés du doigt », le mari, sa femme et leurs enfants disparaissaient sans laisser des traces après leur enlèvement par les militaires du FPR.
Entre septembre et novembre 1994, la mise en place de véritables syndicats de délateurs tant au niveau national qu’international a été opérée par les extrémistes tutsi sur tout le territoire national et dans plusieurs pays occidentaux. […]
La consolidation de ces syndicats de délateurs s’est accompagnée par une terrible « épuration ethnique et politique de la Magistrature rwandaise ». […]
De nombreux détenus innocents libérés furent interceptés devant les prisons tandis que d’autres furent maintenus en prison par les militaires qui désobéissaient aux magistrats civils. […]
La Directorate of Military Intelligence (DMI) s’ingère dans le travail de la justice par des enquêtes et des arrestations arbitraires et illégales. Les listes de présumés génocidaires furent confectionnées et publiées sur instigation des agents de la DMI qui remplacent les Inspecteurs de la Police Judiciaire dans certaines juridictions du pays comme à BUTARE. Des dossiers manifestement vides se remplissent de faux et ridicules témoignages confectionnés par les syndicats de délateurs qui sévissent sur les collines et dans les villes. […]
Aujourd’hui (15 ans après) les délateurs, qui ont grandi dans la culture du mensonge et qui ont acquis beaucoup d’expérience dans l’art de mentir, sont devenus de véritables acteurs de cinéma capables de jouer dans plusieurs spectacles « judiciaires ». Depuis 15 ans, le régime FPR a imposé au peuple rwandais la culture du mensonge comme un « nouveau mode de vie ». Devant toutes les juridictions du Rwanda que ce soit les tribunaux ordinaires ou les tribunaux GACACA, des citoyens Hutus sont victimes du « Mensonge collectif ». Celui qui tente de démonter ce mensonge est exclu, persécuté, emprisonné, exilé, voire tué.
Si à Hollywood, l’industrie cinématographique a enrichi de nombreux acteurs de cinéma, au Rwanda c’est l’INDUSTRIE du GENOCIDE qui s’est développé durant ces 15 dernières années. […]
Cette « industrie du génocide rwandais », sous couvert des tribunaux GACACA, a permis au régime FPR de raffiner sa politique génocidaire contre des citoyens innocents. L’industrie du génocide a transformé les GACACA en un système d’escroquerie collective réglementée par des juges mercenaires, des huissiers de justice, des policiers et des autorités administratives et judiciaires du Rwanda.
A leur tour, ces autorités rwandaises, qui se sont constitués dans de véritables bandes de gangsters, s’organisent pour localiser des immeubles, des propriétés terriens appartenant à des Hutus innocents qui sont ensuite convoqués, jugés, condamnés et emprisonnés à l’issue de faux procès Gacaca. […]
Pour faire prospérer l’industrie du génocide, les tribunaux GACACA ont subit une terrible épuration ethnique. En effet plus de 45.000 juges Gacaca élus par la population en 2002, ont été disqualifiés par les autorités rwandaises qui les ont tout simplement ajoutés sur les listes noires des présumés génocidaires Hutus. Après cette épuration ethnique, les tribunaux GACACA ont été à leur tour noyautés, contrôlés et paralysés par les agents de la DMI qui les administrent officieusement. […]
Chaque fois qu’une juridiction GACACA locale juge normal d’acquitter un intellectuel, un religieux ou un commerçant Hutu calomnié par un groupe de délateurs, le SNJG intervient pour imposer un nouveau procès avec une équipe itinérante des juges Gacaca soumis au diktat de la DMI. […].
Plusieurs personnalités rwandaises et de nombreuses organisations des droits humains n’ont jamais cessé de dénoncer « la délation institutionnalisée au Rwanda » :
1) Témoignage de l’ancien Ministre de la Justice, Faustin NTEZILYAYO […]
…… […] Dans cette confusion générale, la délation a pris le dessus et plusieurs personnes ont été jetées en prison par des gens voulant les évincer des postes qu’elles occupaient dans l’administration publique ou dans la société civile ou pour s’arroger leurs propriétés ou poussées par la vengeance ou des règlements de compte. Le pouvoir militaro-politique en a profité aussi pour incarcérer les personnes qu’il considérait comme opposants politiques ».
…….. Un autre exemple de la violation du principe de la présomption d’innocence est illustrée par des dispositions prévoyant la confection, avant jugement, de la liste des personnes rangées dans la première catégorie des personnes poursuivies pour crime de génocide et d’autres crimes contre l’humanité commis au Rwanda. … Force est de constater toutefois que la confection de cette liste a plus servi à un agenda politique […]
2) Témoignage de Human Rights Watch et la FIDH dans leur rapport d’Avril 1995 « Rwanda, persistance de l’état de crise » :
« Un nombre important de dénonciations repose sur de faux témoignages, motivés par l’espoir de gains personnels (…), par la rivalité politique, ou par des règlements de compte personnels. […]
3) Le Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda a publié plusieurs Dossiers et communiqués sur les « syndicats de délateurs » depuis mai 1996 […].
Les principaux Syndicats de délateurs oeuvrant dans les pays occidentaux et manipulés par les membres et propagandistes du FPR:
L’organisation londonienne AFRICAN RIGHTS, a récemment fait arrêter l’abbé Emmanuel UWAYEZU, un prêtre hutu résidant en Italie. Ce prêtre serait accusé de n’avoir pas pu protéger plus de 80 élèves du groupe scolaire Marie Merci de Kibeho dont il était directeur en avril 1994. La directrice d’African Rights, Mme Rakiya Omar, est la seule militante des droits humains qui est tolérée par le régime du président Paul KAGAME au moment où feu Madame Alison Desforges n’étaient plus autorisée à se rendre au Rwanda. Plus de 40 militants rwandais des droits humains et membres du CLADHO (Collectif des Ligues et Associations de défense des Droits de l’Homme au Rwanda) ont été contraints de s’exiler. Cette organisation animée par la somalienne RAKIYA Omar, s’illustra dans ses publications sur le génocide rwandais notamment par son premier rapport d’environ 1000 pages «Death, Despair and Defiance » version de Septembre 1994. Après s’être fait remarquer par les chefs militaires de la DMI (Directorate of Military Intelligence), elle remania le même rapport et le rediffusa en Août 1995 avec une autre version. Ainsi, les démocrates hutu présumés tués par la milice Hutu dans son édition de septembre 1994 deviennent de « sauvages génocidaires et extrémistes hutu » dans la nouvelle édition d’Août 1995. Depuis que RAKIYA Omar a accepté de servir les intérêts des extrémistes tutsi, elle s’est attaqué à plusieurs intellectuels hutu notamment ceux qui venaient d’occuper des postes intéressants dans les Universités et les ONG internationales. […]
D’autres associations qui furent très actives dans les années 1996 à 2002 se sont essoufflées petit à petit. Mais elles ont été très nocives car elles s’attaquent systématiquement aux réfugiés rwandais exilés en Europe, au Canada ou aux USA non pas souvent pour les crimes qu’ils auraient commis, mais parce qu’ils sont nés Hutus.
Les réfugiés rwandais ne sont pas dangereux, ils sont en danger et victimes d’une chasse à l’homme qui ne semble pas prendre fin.
La délation est la plus vieille arme de toutes les dictatures. Elle a beaucoup servi sous les régimes soviétiques (sous Lénine et Staline) et les dictatures militaires de l’Amérique Latine, en Afrique, en Asie et partout dans le monde où l’absence de démocratie impose la violation permanente des droits humains et des libertés publiques.
La Haye le 14 novembre 2009,
MATATA Joseph,
Coordinateur du CLIIR.
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