Le livre d’Emmanuel Neretse soulève polémique.
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Ayant tenté de retracer l’histoire des FAR en relevant les hauts et les bas de cette institution, certains acteurs cités ne pouvaient bien évidemment pas tous y trouver leur compte ni la reproduction exacte de leur version des faits. Leurs réactions sont à l’image de ce qui caractérise la société rwandaise dans ses aspects les plus négatifs : rumeurs, on-dits, approximations, manque de rigueur dans l’analyse et autres réglements de compte.

En ce qui concerne le livre[i] d’Emmanuel Neretse, il est vrai que sur le plan de la forme, certaines erreurs se sont glissées dans le texte à la faveur visiblement d’un mauvais  traitement de texte et dans la manipulation des fichiers. Cela ne devrait pas porter à polémique car un erratum peut vite réparer ces erreurs. De même, certains noms n’ont pas été repris dans les annexes où ils devraient apparaître à cause probablement d’un problème d’actualisation de fichiers informatiques. Mais certains tentent de faire croire aux autres, surtout à ceux qui ne peuvent pas lire un livre en entier, que l’auteur aurait des intentions malveillantes en omettant de reprendre certains noms dans les annexes.

Quant au fond, pour rester honnête, il conviendrait d’émettre des critiques après avoir lu le livre qui fait quand-même 317 pages. Or, on constate que ceux qui sont prompts à parler du livre sont ceux qui ne l’ont manifestement pas encore lu. Ils répercutent les commentaires ramassés dans des bistrots et dans divers rassemblements de Rwandais. Ainsi, certaines personnes n’hésitent pas à affirmer que Neretse aurait versé dans le régionalisme en racontant les événements qui ont précédé le coup d’Etat du 5 juillet 1973. Or, toute personne de bonne foi qui a lu le livre sait que Neretse n’a fait que rapporter intégralement le témoignage d’un des officiers à la base de ce coup d’Etat. Que sa version soit contestable, c’est possible. Mais de là à accuser Neretse de penchants régionalistes nous semble injuste en son égard.

Il nous revient qu’un certain nombre de personnes citées dans le livre se soient déjà adressées à Neretse, les unes fâchées, les autres même menaçantes à cause des passages du livre dans lesquels elles sont citées. Tel officier était en colère parce que, d’après lui, la fonction exacte qu’il exerçait en novembre 1990 n’a pas été bien spécifiée. Pourtant, Neretse voulait lui rendre hommage et même le classer parmi les héros de la guerre d’octobre, pour avoir été parmi les rares personnes qui ont été là où c’était chaud au plus fort de la guerre. C’est comme montrer la lune à quelqu’un et que lui ne voit que votre doigt. Tel autre officier incarcéré en 1990 et plus tard blanchi de tout ce dont il était accusé, en veut à Neretse parce qu’il n’aurait pas exactement reproduit les chefs d’accusation qui l’ont conduit en prison. Il avait pourtant été arrêté et cela consécutivement aux événements que raconte Neretse qui veut  simplement montrer que certains des officiers des FAR ont été injustement arrêtés sous des accusations graves mais que plus tard ils furent blanchis. A notre avis, il n’y a vraiment pas d’intention de nuire ou de calomnier de la part de Neretse. Son souci était de relater les événements pouvant mieux illustrer la vie des FAR notamment les arrestations et les procès touchant certains officiers à une certaine période et qui ont eu un impact sur la poursuite et l’issue de la guerre.

Ayant lu et relu le livre d’Emmanuel Neretse, je m’étonne mais en même temps je me félicite qu’il soulève polémique. C’est dire que le sujet est intéressant. Seulement pour écrire l’histoire, surtout l’histoire immédiate, il n’est pas facile, voire même pas possible d’arriver à une version consensuelle. Dans le cas qui nous concerne, je propose à tous ceux qui s’intéressent de près ou de loin à l’histoire des FAR, surtout à ceux qui ne partagent pas les vues d’Emmanuel Neretse, de faire un débat contradictoire avec ce dernier pour évoquer leurs divergences. Je me fais un devoir de son organisation matérielle. De la sorte je pense pouvoir contribuer à un échange constructif et ainsi apporter mon appui à concilier les Rwandais avec leur histoire.

Musabyimana Gaspard
03/5/2010

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[i] « Grandeur et décadence des Forces Armées Rwandaises », Editions Sources du Nil, avril 2010.

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