Rwanda. Martin Ngoga : Un Procureur au-dessus des juges et des lois ?
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D’après le quotidien pro-FPR « The new Times » du 14 mai 2010, le procureur général du Rwanda M. Martin Ngoga a menacé Madame Victoire Ingabire de mettre fin à sa liberté conditionnelle et donc de l’incarcérer avant même la tenue de son procès. Le procureur qui apparemment se considère comme le donneur d’ordres aux juges rwandais et devant qui leurs décisions n’ont aucun poids, a justifié sa menace en arguant que Victoire Ingabire en continuant à donner des interviews à la presse internationale et en publiant des communiqués aurait violé les conditions de sa mise en résidence surveillée. Pourtant, le juge lui a tout simplement signifiée la confiscation de son passeport, qu’elle ne peut dépasser les limites de la ville de Kigali et qu’elle devait se présenter à la police deux fois par semaine et chaque fois que de besoin.

Cette sortie du procureur Ngoga est d’autant plus surprenante que la décision de la Cour contre laquelle d’ailleurs le procureur n’a pas fait appel, n’indiquait nullement qu’elle était privée de parole comme condition de sa mise en résidence surveillée. Madame Victoire Ingabire s’est jusqu’à présent soumise à ces conditions malgré leur caractère pour le moins contraignant pour une personnalité politique candidate déclarée aux élections prévues dans moins de trois mois.

Ce genre de menaces de la part d’un procureur de passer outre les décisions des juges pour infliger des sanctions arbitraires aux prévenus en dit long sur l’indépendance de la magistrature au Rwanda et met à nue le fait que la plupart des poursuites engagées par ce procureur contre une catégorie de citoyens sont politiquement motivées.

Accusations variables et contradictoires

L’évolution des accusations retenues contre Victoire Ingabire montre l’embarras et les difficultés rencontrées par le procureur à confectionner un dossier crédible contre l’opposante politique. Au départ, l’accusation a affirmé que Victoire Ingabire collaborait avec un mouvement "terroriste" en l’occurrence les FDLR. Trois jeunes hommes présentés comme des officiers des FDLR étaient alors annoncés comme ayant été arrêtés et qu’ils étaient aux aveux. Ils sont désormais présentés comme des "complices" d’Ingabire. Devant le juge, ils n’ont fait qu’acquiescer aux accusations du procureur. Quelques jours plus tard, ces mêmes combattants étaient présentés cette fois-ci comme ayant déserté les FDLR car débauchés par Victoire Ingabire pour la rejoindre dans son propre mouvement "terroriste", mouvement terroriste connu du seul régime et dont on ne sait ni quand ni comment les Nations-Unies l’ont mis sur la liste des groupes terroristes car inexistant. Du coup, celle qui avait été inculpée pour collision avec les FDLR apparaît maintenant même aux yeux du procureur comme en réalité un ennemi des FDLR car voulant les casser en recrutant dans ses rangs ! Par la suite, seul un des trois hommes sera présenté comme ayant rencontré Victoire Ingabire à Kinshasa et que donc il a joué les intermédiaires entre la Présidente des FDU-Inkingi et les deux autres malheureux « combattants ». Visiblement le procureur n’a pas trouvé comment faire admettre une rencontre entre les deux autres et Victoire Ingabire qui plus est à Kinshasa où peut-être ils n’ont jamais mis les pieds. Face à ces constructions maladroites qui sont visiblement l’œuvre des services secrets du régime, le procureur semble changer son fusil d’épaule et promet un procès pour juger de la politique des FDU en général et des idées de sa présidente en particulier.

Procès politique en vue et fuite en avant

Si donc comme tout semble l’indiquer on s’achemine vers un procès politique, le procès Victoire Ingabire risque de servir paradoxalement à cette opposante de seule tribune pour exposer au monde et au peuple rwandais sa vision politique et son projet de société, tribune que jusqu’à ce jour le régime lui refuse. Parions que si tel était le cas, le régime exigerait un procès à huis-clos.

Les agissements récents du régime de Paul Kagame ressemblent plus à une fuite en avant qu’à une gestion politique d’un pays. Voici un pays dirigé par une junte dont la quasi-totalité des membres sont visés par des mandats d’arrêts internationaux pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, un pays dont le président malgré son immunité n’ose pas fouler certaines capitales occidentales, un président où même dans son dernier sanctuaire à savoir aux Etats-Unis, la Justice commence à s’intéresser à son cas, au lieu de s’éclipser avec sa junte et céder la place aux politiciens n’ayant pas du sang sur les mains, il bataille pour se faire élire avec un score ridicule de 100%. Non content de mobiliser tous les moyens de l’état à cet objectif mégalomane, la junte au pouvoir met un point d’honneur à bâillonner l’opposition naissante et ainsi à tuer dans l’œuf toute possibilité de relève. Visiblement l’avenir du Rwanda n’intéresse pas les hommes au pouvoir à Kigali tellement ils ne cherchent qu’à faire durer le plus longtemps possible leur règne au risque de laisser le pays à feu et à sang. Face à ce constat, il ne serait pas exagéré de dire que : le FPR est tout sauf patriotique.

Emmanuel NERETSE
17/05/2010

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Un commentaire

COMMENTS

NGOGA / 8 janvier 2016 à 13 h 59 min

j’ai besoin de la biographie du procureur général du rwanda, la personne de Monsieur NGOGA Martin svp !!!

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