Au moment où le monde entier aspire toujours à la démocratie, les tactiques du FPR pour accéder au pouvoir n’ont jamais été démocratiques, aujourd’hui il en est de même pour le maintenir. Mais les Rwandais croient que « mûr ou non mûr, par la force de l’Ouragan, le fruit finit par tomber »1.
Pendant quatre ans (1990-1994) que la guerre du FPR a endeuillé le Rwanda, de multiples efforts sans succès, ont été essayés par les mêmes rebelles pour s’assurer d’une victoire militaire. Les accords de Paix d’Arusha signés par les représentants des belligérants ne donnaient pas du tout avantage à l’FPR quoiqu’il ait eu cinq portefeuilles au moment où d’autres partis allaient en avoir moins.
Ces accords n’étaient pourtant pas la destination finale : les élections démocratiques allaient se tenir pour choisir les dirigeants dignes de confiance. Qui peut affirmer que le FPR allait avoir plus de 2 % des voix ? Le FPR était non seulement incompétent, mais aussi il s’était créé d’ennemis pendant sa guerre depuis l’UMUTARA. A part leurs enjolivés discours, beaucoup de membres du FPR avaient encore l’idéologie-mythe, disant qu’au Rwanda, une ethnie était descendue du ciel pour régner et que les autres avaient été créées pour servir.
En expliquant sa raison d’être au monde entier, le FPR a remarqué que les politiques contemporaines devraient être régies par le grand mot « Démocratie » et pas par la mythologie. Le mot en soi semblerait romantique mais les conditions qui l’accompagnent font trembler le FPR. ‘Laisser au peuple le droit de se choisir les représentants et de les démettre au cas nécessaire’, a été l’une des raisons pour laquelle ce groupe n’a pas aimé la démocratie.
Le FPR ,en essayant d’analyser le sens de la majorité citée dans les principes de la démocratie, a cru qu’à tuer les HUTUS, il aura trouvé une solution. Après les fusillades dans les préfectures de Ruhengeri, Byumba, Kibungo, Gikongoro (Kibeho), les penseurs du FPR ne dormaient pas, toujours avec la combinaison casse-tête : la démocratie, la voix de la majorité, élections. En fait, le FPR regroupant un grand nombre de TUTSIS en provenance de l’extérieur totalisant près de 8% de la population à l’âge de vote, étant devenu ennemi de tous les HUTUS en général et les Tutsis du pays qui l’accusent de les avoir sacrifiés pour d’égoïstes intérêts et de soif du pouvoir, rien ne donnerait –même pas aujourd’hui – aux Rwandais le courage de voter pour un candidat émanant du FPR. Les tueries dans les camps des réfugiés au Nord et Sud-Kivu, Kisangani, Ingende et Mbandaka en République Démocratique du Congo (Zaïre) ont scellé d’ineffaçables marques dans les cœurs des rapatriés.
Les penseurs ont découvert d’autres stratégies
dont :
1) La prison. Tout Rwandais qui, par chance, a bel échappé aux tirs du ‘Tout-Puissant des Grands Lacs’2 s’est vu en prison avec ou sans dossier. Le Rwanda avait droit au titre du Guinness World Records d’avoir pu emprisonner plus d’un dixième (140.000 personnes) de sa population. Notre cher média ne signalera rien d’autre que ce qu’il a recueilli des bouches des maitres du pays : « pendant le génocide qui a pris la vie à un million de personnes, tout hutu était impliqué». La vraie raison était de diminuer une majorité qui, tôt ou tard, pourrait réduire le pourcentage des voix pour FPR pendant les élections.
Dans le FPR le mot ‘génocide’ est aux lèvres, même celui accusé de génocide semble n’avoir aucun droit. Pour eux, l’accusé égale le (la) condamné(e). Voilà la mentalité FPRiènne : même un accusé qui est innocenté par les juridictions compétentes reste sur la liste des accusés recherchés. Le FPR va très loin jusqu’ à traiter les avocats de la défense des présumés acteurs de génocide de ‘génocidaires’ eux aussi ou de négationnistes de génocide des Tutsis3.
Il est indéniable que le génocide est à condamner avec toute énergie, tout comme aucun crime n’est à tolérer même s’il est commis par un ‘héro’ qui a arrêté le génocide. Les Organisations Non -Gouvernementales ont crié ‘au secours’, pour les prisonniers en disant que Kagame utilisait le génocide comme ‘vache à lait’ en accumulant les aides et coinçant ses opposants politiques au nom du même génocide4. Dans ce cadre, tout Hutu intellectuel ou économiquement influent est ‘cacheté’ de génocidaire. Les pays aveuglés par le FPR et qui patronnent le Rwanda ont conseillé qu’une solution soit trouvée, et imaginez l’issue.
2) Gacaca. Vérité, Justice, Réconciliation est le ‘motto’ des juridictions Gacaca. L’idée en soi n’est que magnifique mais sa mise en application a révélé qu’au sein du FPR les faits contredisent les dires. Les Penseurs ont envisagé que par Gacaca, les prisons allaient être vidées mais à condition : avouer les péchés. Ceci devrait être un grand avantage car les procureurs et substituts n’auraient plus à se gêner pour formuler les accusations (fausses) afin de justifier les arrestations et détentions illégales. La démagogie qui accompagnait la sensibilisation des prisonniers pour aveux n’expliquait pourtant pas le plan caché derrière ce cadeau empoisonné. A cause des souffrances et tortures aussi morales que physiques endurées pendant plus de dix ans dans ces camps de concentration, beaucoup de prisonniers se sont créés d’accusations pour sortir de l’enfer. C’est après avoir rempli les formulaires d’aveux qu’ils ont eu le droit de lire la loi des juridictions Gacaca qui stipule la musique que ces gens auront à danser :
a) Ils n’auront pas le droit de vote ou droit à n’importe quelle candidature.
b) ne pourront pas faire partie des forces de sécurité (armée, police, local défense,…),
c) ne pourront pas servir dans la Fonction publique,
d) ne pourront pas exercer les métiers de médecin et d’enseignant dans le secteur public ou privé,
e) n’auront pas droit à la parole (même pour un crime qui sera commis en leur présence, leur témoignage ne pourra pas être à la base de la conclusion du juge d’instruction)5.
Avec cette loi, le FPR s’est ainsi débarrassé d’une partie de la population. Mais il y avait un nombre non négligeable de la population qui avaient à ces décisions des penseurs du FPR. C’est ainsi que les lois supplémentaires ont vu le jour: la loi régissant l’idéologie génocidaire, et le divisionnisme. Ce qui est bizarre : pour le FPR , prononcer les mots ’’HUTU’’ ou ‘’TUTSI’’ est sans faute, mais pour Ingabire Victoire et moi, cela constitue un crime : divisionnisme et idéologie génocidaire.
Tout au long des années depuis 2000, les événements ont été créés pour emprisonner beaucoup de gens : on citerait le cas du PDR- Ubuyanja (Parti Démocratique pour Renaissance fondé par Bizimungu Pasteur ) qui a été accompagné d’arrestations de personnes qui pourtant ne savaient rien y relatif. Ici je ne rappellerais pas plusieurs cas de rescapés de génocide morts mystérieusement, et les arrestations y subséquentes.
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Les plans envisagés par les penseurs du FPR pour s’assurer de la victoire à travers les élections ne tiennent pas toujours car :
1) Même si le FPR a tout fait pour réduire le nombre d’électeurs considérés non favorables, il n’a pas réussi. Bien sûr qu’à les détenir en prison ils ne peuvent pas produire d’enfants qui à l’avenir contreraient le même parti, le parti qui se croit au pouvoir à vie.
2) Certains membres principaux du FPR se sont lassés de rester sous contrôle d’un homme qui n’est ni plus intelligent, ni éloquent –s’il n’est qu’insolent-6, ni plus éduqué et ont préféré se dissocier.
3) Il y a un nombre significatif de Rwandais prêts pour les urnes et qui étaient âgés de moins de 14 ans au moment du génocide ; par conséquent ils ne peuvent pas être jugées pour génocide. Un autre nombre significatif est constitué de ceux qui étaient réfugiés pendant le génocide.
Conclusion :
Le FPR a peur de la démocratie, raison pour laquelle Ingabire Victoire présidente des FDU est privée de ses droits. Ingabire Victoire et Mushayidi Déo (qui est en prison aussi) font tituber le président Kagame. Le FPR (et spécialement son président) pourrait accepter la voie de la démocratie s’il aimait le peuple, or s’il aimait le peuple il ne l’aurait pas conduit à la misère qui ronge le Rwanda depuis deux décennies. S’il arrivait que ce même président considère la démocratie comme le monde entier la considère et non pas dans les sens propres à lui (Kagame)7 – ce qui exige une bravoure autre que celle des guerriers – il démissionnerait avant même les élections pour céder le trône à ceux qui en ont montré la capacité et le patriotisme. Comme ça il aurait le temps de préparer ses dossiers avant sa comparution devant les tribunaux en France, Espagne et devant la Cour pénale Internationale pour avoir tué deux présidents à la fois et plus de 6 millions Rwandais et Congolais. Quoiqu’il en soit, le peuple Rwandais mérite mieux. De la même manière que les médias n’ont cessé de couronner Kagame comme un héro qui a arrêté le génocide et de lancer les appels pour l’arrestation des génocidaires présumés, il semble sage, noble même, de dénoncer la tyrannie d’un « criminel » protégé par un poste de président de la République que personne ne lui a confié.
Enock Safari Buhendwa
Georgetown, 05/06/2010
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1L’ouragan est un nom d’un vent violent qui, quand il vient, ne laisse aucun fruit, mûr ou non, sur l’arbre. L’expression est utilisée pour expliquer que rien n’est impossible quand il y a une détermination.
2Les habitants de la région des Grands Lacs (Rwanda, Burundi, R D Congo), après avoir vu les exploits de Kagame et ses atrocités impunies, savent que pour lui tout est possible. On l’appelle le tout puissant des grands Lacs (Omnipotent of Great Lakes).
3Vendredi le 28 Mai 2010, on appris que le pouvoir de Kigali a arrêté l’avocat américain Peter Erlinder. Ce juge est le président de l’association des défenseurs des accusés du génocide contre les Tutsis au sein du TPIR/ICTR à ARUSHA, et fait partie des avocats de la défense de Victoire Ingabire.
4 Constance Morrill, dans son article, « Show business and Lawfare in Rwanda », (Dissent Magazine, Summer 2006) explique comment le pouvoir du FPR utilise le génocide pour faire taire tout opposant politique.
5 La loi Organique des juridictions Gacaca. www.inkiko-gacaca.gov
6 Le président rwandais ne peut pas mesurer ses paroles et des fois, il insulte les opposants et se vante publiquement. Récemment il a injurié les réfugiés politiques (Rwanda News Agency 18/04/2010).
7Dans l’interview qu’il a donnée à Sarah Boseley, Paul Kagame confirme qu’il a sa façon particulière d’appliquer la démocratie : www.guardian.co.uk, Friday 28 May 2010