Après la mascarade électorale du 9 août 2010, Paul Kagame en est sorti "vainqueur" avec un score stalinien de 93% des voix. Le dictateur vient de déclarer que ses trois "candidats" accompagnateurs vont tous être nommés à des postes importants. Cette annonce a été faite à l’occasion de la célébration de sa "victoire" vendredi 20 août à Kigali. Il est vrai que ces trois compères mangeaient déjà dans l’écuelle du FPR depuis longtemps.
Le plus performant de ces trois candidats, Jean Damascène Ntawukuriryayo, a été accrédité de moins de 5 % des voix. Après avoir été longtemps ministre, ce pharmacien est présentement vice-président de l’Assemblée nationale. Le deuxième candidat, Prosper Higiro, est, quant à lui, vice-président du Sénat, tandis que Alvéra Mukabaranga est sénatrice depuis des années.
Ayant été choisis et invités par le même Paul Kagame à l’accompagner dans cette simulacre des élections pour faire croire qu’il n’est pas candidat unique, il va de soi qu’il devait, après cette aventure, les en remercier en terme de postes juteux. Mais là où le bas blesse, c’est que du coup Paul Kagame se contredit : en effet, lui qui voudrait se présenter comme ayant été élu par le peuple qui, à travers les résultats électoraux, a indiqué sa volonté, il ne se rend pas compte que par la même logique, le peuple rwandais a désavoué Ntawukuriryayo, Higiro et Mukabaranga, car, avec de tels scores lamentables, ils ne pourraient prétendre exercer aucune responsabilité politique dans un pays démocratique. En leur confiant des postes importants dans son gouvernement ou dans d’autres organes de son pouvoir, Paul Kagame démontre encore une fois que soit, les élections du 9 août 2010 n’étaient qu’une mise en scène, soit qu’il se fout de la volonté exprimée par le peuple rwandais en désavouant complètement les trois politiciens.
La rumeur court à Kigali comme quoi Ntawukuriryayo serait appelé à remplacer le cousin de Paul Kagame, Bernard Makuza, au poste de Premier Ministre. Rien n’empêche à Paul Kagame d’installer cette marionnette à ce poste qui, il est vrai, reste, purement protocolaire, sans aucune responsabilité politique.
Le Dr Vincent Biruta, depuis de longues années Président du Sénat et président du parti PSD, dont se réclame Ntawukuriryayo, s’est réjoui des 5% des voix obtenues par le candidat de son parti car en effet, ce qui importait pour eux, c’était la victoire du seul candidat, Paul Kagame. Sous d’autres cieux, dans des pays où règne une vraie démocratie, un parti politique ayant fait un score aussi lamentable que celui des 3 prétendus partis, se retire, ses dirigeants démissionnent pour laisser la place aux autres à même d’insuffler un nouveau dynamisme au parti.
Les élections présidentielles du 09/08/2010 sont donc une manifestation de plus que le FPR, sous l’air du multipartisme, est en fait un parti unique, qui reste seul sur la scène politique rwandaise, et distribue des miettes aux partis satellites qui lui font allégeance.
L’opinion tant nationale qu’internationale devrait savoir une fois pour toutes, que le régime de Paul Kagame est dictatorial, qu’il est exercé à travers un parti « unique » le FPR, que les autres soi-disant partis admis pour donner du change à l’étranger, ne sont que des créations du même FPR.
En effet, après sa prise du pouvoir par les armes en 1994, le FPR a feint de s’inscrire dans l’esprit et la lettre des Accords d’Arusha qui garantissaient le multipartisme. Mais en même temps, il a dressé la liste des partis admissibles en bannissant d’autres qui ne lui plaisaient pas. Peu après, même les partis que le FPR avait au départ toléré auront maille à coexister avec lui. Certains furent dissouts (MDR), d’autres furent scindés en factions dont seules les pro-FPR furent autorisées à exister (PSD, PL, PDI, …). Les personnalités qui se présentent sous l’étiquette de ces soi-disant partis, en réalité des excroissances du FPR, ne sont donc que des marionnettes appelées à vendre l’image du régime politique rwandais à l’étranger et le présenter comme pluraliste et "démocratique".
Les véritables partis politiques opposés au FPR à savoir : le FDU-Inkingi de Victoire Ingabire, le Green Democratic Party de Frank Habineza, le PS Imberakuri de Me Bernard Ntaganda, le PDP de Déo Mushayidi, etc., sont interdits et leurs leaders sont soit assassinés, emprisonnés ou en résidence surveillée ; en tout cas tous privés de leurs droits civils et politiques voire même du droit à la vie.
En octroyant des postes aux « politiciens du ventre » qui l’ont accompagné dans la mascarade électorale d’août dernier, Paul Kagame confirme le caractère arbitraire et autocratique de son régime.
Seules des élections libres et transparentes auxquelles prendraient part tous les partis politiques, même ceux honnis par le FPR, peuvent conférer la légitimité du pouvoir au Rwanda.
Emmanuel Neretse et Gaspard Musabyimana
25/08/2010
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