Rwanda-Ouganda : Le tandem NRA/RPA, une longue histoire de criminels
+

Le sigle NRA (National Resistance Army) désigne la rébellion conduite par Yoweri Museveni depuis 1982 et qui a fini par s’emparer du pouvoir en Ouganda en janvier 1986. Tandis que le RPA (Rwanda Patriotic Army, APR en français) désigne les éléments issus de la NRA devenue entre temps l’armée nationale de l’Ouganda qui ont, le 01 octobre 1990, entrepris la conquête du Rwanda voisin et qui l’ont complètement investi en juillet 1994 sous la houlette de Paul Kagame, ancien officier responsable des renseignements militaires dans la NRA ougandaise. Il s’agit donc de deux formations militaires dirigées par les mêmes seigneurs de guerre qui ont mis à feu et à sang les pays de la région des Grands-Lacs en Afrique depuis un quart de siècle.

Historique 

Après le renversement du dictateur Idi Amin Dada d’Ouganda par les troupes tanzaniennes en 1980, et l’installation d’un régime transitoire comprenant les différentes factions de l’opposition, des élections furent organisées en 1982. Sans surprise, elles furent remportées par Milton Obote celui-là même qui avait été renversé par Idi Amin en 1966. Un jeune politicien d’origine hima (tribu apparentée aux Tutsi rwandais) qui avait fait ses études à Dar Es Salam et qui faisait partie du gouvernement intérimaire rejeta les résultats des élections et pris le maquis dans son fief du Sud-ouest du pays. I l s’appelait Yoweri Kaguta Museveni. Pour gonfler les rangs de sa rébellion naissante, il dût recruter parmi les réfugiés tutsi qui étaient nombreux dans ce pays et qui – ironie du sort – avaient été choyés par le régime d’Idi Amin. C’est avec ces combattants tutsi que Museveni prit le pouvoir à Kampala en janvier 1986 après avoir massacré des milliers d’Ougandais de souches dans des zones qui lui étaient hostiles comme dans les royaumes de Buganda, Toro, Bunyoro, bref partout où ces combattants impitoyables étaient perçus, avec raison, comme des étrangers. Les troupes de la NRA de Museveni vont encore se distinguer dans les massacres après son arrivée au pouvoir. Dans des opérations dites de « pacification », les nouveaux maîtres de l’Ouganda allaient s’en prendre aux populations du nord du pays (les Acholis) où était originaire le président renversé Milton Obote. La campagne de « nettoyage » était dirigée par un certain « Major Paul Kagame » surnommé « Ponce Pilate » pour la circonstance. Il était alors chef des renseignements militaires de l’armée ougandaise. Ces massacres furent à la base de la création des mouvements de lutte armée comme celui  initié par une certaine Alice Lakwena et poursuivi par Joseph Kony qui s’insurgeaient de voir leur peuple massacré sans pitié et sans témoin par des combattants tutsi envoyés par leur cousin Yoweri Museveni.

Avant même que l’Ouganda ne soit complètement « pacifié », Yoweri Museveni lâcha ses combattants tutsi sur son modeste voisin, le Rwanda. C’était le 01 octobre 1990. Il entendait conquérir ce petit pays sans défense crédible en moins de trois jours. Mais s’ayant heurté à  la détermination de la modeste armée rwandaise à défendre la République issue de la révolution de 1959, il dut changer de stratégie. En effet, à moins de trente jours (plus exactement le 30 octobre 1990) ses combattants étaient boutés hors du territoire national et toute l’étendue du territoire rwandais recouvrée. Bien mieux, son vice-ministre de la Défense qui était à la tête de l’expédition, avait été tué dès les premiers jours de combats. C’est alors que Museveni fit appel à son habituel tueur «Paul Kagame », pour lui confier la mission de mener une guérilla meurtrière et impitoyable au Rwanda. C’est ainsi qu’à partir de novembre 1990, les combattants tutsi venus d’Ouganda et qui se sont donnés le nom de Rwanda Partiotic Army (RPA) vont commettre des atrocités partout où ils passaient. Ils vont continuer leur sale besogne jusqu’au paroxysme quand en avril 1994, ils vont assassiner le président Habyarimana et ensuite s’emparer du pouvoir suite au chaos qu’ils venaient de provoquer. L’APR de Paul Kagame va alors se livrer aux massacres des populations civiles dans tous les coins du pays. Au sud du pays, l’armée massacra en une journée plus de 8000 déplacés pour la plupart des femmes et des enfants dans un site dénommé Kibeho. Au Nord du pays dans les préfectures de Byumba, Ruhengeri et Gisenyi, des collines entières furent rasées sous le prétexte de lutter contre les « infiltrés ».

1996 : La NRA et l’APR opèrent de nouveau conjointement

Octobre 1996, les troupes ougandaises (NRA) de Yoweri Museveni et rwandaises de Paul Kagame (APR) entrent au Zaïre. Elles ont pour la circonstance trouvé des supplétifs zaïrois qui les servent de couverture sous forme de « rébellion contre le régime Mobutu ». De Goma à Kinshasa en passant par Kisangani et Mbandaka, les soldats tutsi vont se livrer à des massacres jamais égalés dans l’histoire moderne. Ces massacres visaient des Hutu qu’ils soient rwandais, burundais ou zaïrois. La chasse à l’homme se poursuivra jusqu’en 2003. Ces crimes abominables viennent d’être dénoncés – bien tardivement- et mis sur le compte des armées de Museveni et Kagame par la Commission des Droits de l’Homme des Nations Unies rendu public ce 01 octobre 2010. 

Le recyclage des criminels ou la honte de la communauté internationale

De retour du Zaïre (redevenu entre temps la République Démocratique du Congo) où non seulement elles avaient tué mais surtout pillé des richesses immenses, les armées de Yoweri Museveni et de Paul Kagame vont comme par miracle se trouver une autre vocation : les missions de maintien de la paix sous le drapeau des Nations Unies ou de l’Union Africaine. C’est ainsi que du jour au lendemain on a vu des soldats rwandais, les mêmes qui s’étaient rendu coupables des crimes de guerre en Ouganda, au Rwanda même et au Zaïre, coiffer le casque bleu et aller « maintenir » la paix au Soudan ! De même, des soldats ougandais, ceux-là même qui avaient massacrés des populations tant chez-eux qu’au Zaïre, aller se déployer en Somalie sous la houlette de l’ONU et de l’UA. Comment ces criminels peuvent-ils en un tournemain redevenir des enfants de cœur jusqu’à leur confier des missions de maintien de la paix ? En toute logique, leur place n’est pas dans les rangs des troupes des Nations-Unies mais bien dans le box des accusés devant les tribunaux nationaux ou internationaux.

Espérons qu’avec la publication du «  Mapping rapport », ce paradoxe sera levé et que chaque acteur de la tragédie de la région des Grands-Lacs occupera la place qui lui revient, logique qui, jusqu’à ce jour, était foulée au pied pour ménager le tandem criminel NRA/APR. Il revient aux peuples martyrisés, rwandais, ougandais et surtout congolais, d’exiger que justice soit rendue et que ces criminels soient une fois pour toute mis hors d’état de nuire.

Emmanuel Neretse
04/10/2010

###google###

Related Files

Pas de commentaire

COMMENTS

Repondre

Laisser un commentaire