Eugène Nahimana n’est pas le premier ni le dernier à être approché par le régime de Kigali, pour des raisons diverses. Pourquoi doit-il alors se justifier sur son intervention du 26/09/2010 dans un débat sur les ondes de Radio Rwanda ? C’est en tous cas ce qui figurait sur l’invitation qu’il a lancée. La conférence de reprécision de ses déclarations dans les médias rwandais allait se tenir le 30/10/2010 à 15h, à l’Hôtel Sheraton, Place Rogier à Bruxelles.
A l’heure annoncée, le conférencier était introuvable. Des gens attendaient dans le hall de l’hôtel, sans aucune information. Finalement à 15h45, le public a été aiguillé vers les locaux des Facultés universitaires St Louis. Nahimana était bien là.
Dans un court exposé, Nahimana a dit que c’était par le biais d’un sénateur belge qu’il a été mis en contact avec Kigali pour ce débat en direct. Son intervention a porté sur deux points : le patriotisme et la réconciliation nationale. C’est le premier point qui a causé problème et a soulevé des critiques acerbes qui ont fait que Nahimana soit obligé de répéter ce qu’il a dit car il estimait ne pas avoir été bien compris. Il lui a été entre autres reproché que dans sa prise de parole sur Radio Rwanda, il a semblé émettre sur la même longueur d’ondes que Kigali au sujet du général Kayumba Nyamwasa, du colonel Patrick Karegeya et de Gerarld Gahima. Ses pourfendeurs se donc demandés s’il n’avait pas été contacté dans le cadre de la guerre médiatique que livre le FPR à ses anciens cadres qui lui ont faussé compagnie.
Quand le moment de poser des questions est arrivé, il restait quelques 40 minutes, la salle devant être évacuée à 17h. Inyumba Aloysie, Sénatrice au Parlement rwandais, est intervenue pour suggérer que les discussions se poursuivent ailleurs après la fermeture de la salle.
Eugène Nahimana a répondu évasivement à toutes les questions quand il ne les esquivait pas :
– l’ « Institut des Relations Internationales Europe-Afrique » qu’il pilote et qui figurait sur l’invitation n’existe pas encore dans les faits ;
– jusqu’à sa famille élargie, tout le monde le soutient dans ses relations avec Kigali ;
– il a confessé que dans son intervention sur Radio Rwanda, il n’aurait pas dû citer les noms des trois transfuges du FPR exilés en Afrique du sud ;
– etc…
A l’heure de la fermeture, la Sénatrice Inyumba Aloysie a pris le relais et a demandé à l’assistance d’aller à l’Hôtel Sheraton, pour des discussions autour d’un verre. Le vin et la bière ont coulé à flot et des questions ont fusé.
Selon notre honorable correspondant, la Sénatrice, affable et très communicative, a répondu, en compagnie de l’ambassadeur du Rwanda à Kinshasa Amandin Rugira, à toutes les questions, à la manière du FPR :
– Victoire Ingabire devait être punie car elle s’est mal comportée dès son arrivée au Rwanda, notamment en niant le génocide des Tutsi au Mémorial de Gisozi; a semé le divisionnisme en allant rendre visite aux prisonniers hutu et en leur promettant la libération imminente ou en allant s’incliner sur la tombe de feu-Dominique Mbonyumutwa ;
– le massacre des réfugiés hutu au Congo, des effets collatéraux de la guerre ;
– il n’y a ni Hutu ni Tutsi au Rwanda ;
– sur 120.000 prisonniers, il ne reste que 40.000 en prison, tous les autres ont été libérés ;
– etc…
Dans l’assistance, certaines personnes ont profité de l’occasion pour exposer leurs doléances, notamment pour des difficultés rencontrées dans la légalisation des documents à l’ambassade du Rwanda à Bruxelles. La Sénatrice a invité les concernés à les présenter sans délais et a promis que la demande sera honorée sans conditions.
Disons pour conclure, qu’Eugène Nahimana n’a pas à se justifier de ses faits et gestes posés en adulte responsable. Il faut qu’il les assume avec courage.
Gaspard Musabyimana
31/10/2010
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