Conférence de Hervé Deguine : Pour une révision du procès de Ferdinand Nahimana
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Le 16/11/2010, à Bruxelles, Hervé Deguine, a présenté son livre « Un idéologue dans le génocide rwandais – Enquête sur Ferdinand Nahimana » (Editions Mille et Une nuits, août 2010, 456 pages).

Alors qu’il était chargé de l’Afrique à Reporters Sans Frontières en 1994, Hervé Deguine a été à la base de l’arrestation de Ferdinand Nahimana avec le dossier « les médias du génocide », travail commandé par son organisation. Aujourd’hui, il fait son mea culpa et reconnaît qu’il s’était trompé. Il dit avoir été mis sur une fausse piste par des « Blancs menteurs » dont Jean Pierre Chrétien et François Dupaquier et des propagandistes du FPR tels José Kagabo alors professeur à l’EHESS à Paris et Gasana Ndoba président d’une obscure organisation soi–disant de  "défense  des droits de l’Homme" à Bruxelles.

Hervé Deguigne reconnaît que le professeur Ferdinand Nahimana n’est pas l’idéologue du génocide comme l’ont propagé certains médias car ni dans ses livres, ni dans ses articles scientifiques, il n’y a aucun indice de l’ "idéologie de l’extrémisme hutu". De même, Nahimana n’a jamais incité qui que ce soit à commettre le génocide. Hervé Deguine a montré comment, alors que Nahimana était Directeur de l’Office Rwandais d’Information, ayant  à sa disposition la radio et la télévision nationales ainsi que les journaux gouvernementaux, aurait pu les utiliser pour cette incitation, mais aucune trace d’un discours ou d’un écrit répréhensible n’a été trouvée.

S’agissant de la RTLM, même le TPIR a admis que cette radio n’a pas appelé à la haine ethnique avant le 06 avril 1994. Pour trouver une accusation contre Nahimana, il a fallu que le Procureur signe un accord avec le journaliste de cette radio, Georges Ruggiu, qui est revenu sur ses paroles et a chargé Nahimana pour bénéficier de la réduction de sa peine.

Bref, Hervé Deguigne ne voit rien qui pourrait faire condamner Nahimana même s’il lui reconnaît une responsabilité morale sur RTLM. Mais là aussi, rien n’est établi. La réaction de Ferdinand Nahimana, datée du 15/10/2010, est on ne peut plus éloquente. Il fait remarquer, à juste titre, que Hervé Deguine, n’est pas allé au bout de son raisonnement et hésite à assumer sa responsabilité. Nahimana poursuit : « Au lieu de faire de la conclusion un cadre de nouvelles accusations purement subjectives : responsabilité intellectuelle, responsabilité morale, etc. il aurait dû s’en tenir à l’absence de responsabilité pénale de Ferdinand Nahimana dans le génocide rwandais. Quand il a mobilisé des associations de défenses des droits de l’homme et quelques universitaires Blancs et Noirs pour faire de moi le « Goebbels rwandais », quand il a levé les pouvoirs judiciaires et policiers occidentaux et africains pour m’arrêter, me juger et me condamner, il avait en tête ma prétendue lourde responsabilité dans la commission des crimes horribles d’avril à juillet 1994. Si après une longue enquête (environ 15 ans!) il a abouti au constat qu’il ne souhaitait pas : absence de ma responsabilité pénale dans le génocide, il aurait dû s’arrêter là. Aller au-delà c’est chercher à justifier l’injustifiable. C’est comme dire : même si Ferdinand Nahimana n’est pas criminel, j’ai bien fait de le faire arrêter et emprisonner : il a la responsabilité morale dans le génocide ! Tout lecteur attentif trouvera dans cette démarche le refus de Deguine d’assumer sa grave responsabilité : avoir fait arrêter et emprisonner un homme innocent. De ce fait, la conclusion de son livre aura profondément affaibli son autorité de militant des droits de l’homme, de chercheur et d’auteur objectif. C’est regrettable! ».

C’est également l’avis du professeur Bernard Lugan, qui écrit, dans la revue « L’ Afrique réelle » n° 9 de septembre 2010 : « Après une lecture attentive de ce livre, on regrettera les « timidités » ou la prudence d’Hervé Deguine qui ne va pas au bout de son chemin ».

Avec le temps, espérons que Hervé Deguine, qui a eu le courage de revisiter sa position sur Ferdinand Nahimana, pourra un jour prendre encore son courage à deux mains pour dire qu’il est innocent sur toute la ligne. Et comme le lui conseille le professeur Lugan, « maintenant qu’il est convaincu que le dossier est vide, Hervé Deguine devrait mobiliser l’opinion pour exiger la révision du procès de celui qu’il a contribué à faire arrêter ».

Gaspard Musabyimana
17/11/2010

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