Il y a quelques semaines que l’ambassadeur du Rwanda à Bruxelles a lancé une invitation à tous les Rwandais vivant en Europe pour venir acclamer Paul Kagame qui sera à Bruxelles samedi le 4 décembre 2010. Selon plusieurs sources, toutes les représentations du Rwanda en Europe ont reçu l’ordre de mobiliser le maximum de personnes et de les amener en Belgique à cette date. Des cars ont été affrétés pour acheminer le plus de monde à Bruxelles à partir de Paris, Londres, Stockholm, Berlin, Genève, Rome,…, bref partout où il peut se trouver un Rwandais. Il semble que les ambassadeurs seront côtés sur la façon dont ils auront réussi ou pas à amener le plus de monde pour acclamer Paul Kagame.
Une opération politiquement ridicule
Dans les pays démocratiques, on est habitué à voir la population descendre dans la rue pour protester contre une décision du pouvoir ou pour réclamer leurs droits quand ceux-ci sont bafoués. Mais voici que le FPR vient introduire en Europe cette culture politique d’appeler les citoyens dans la rue pour « acclamer » le dictateur. Le FPR croit peut-être faire école en venant montrer aux Européens que des moyens énormes et du temps précieux devraient être consacrés à simplement acclamer le dictateur. Il se ridiculise.
Un événement humainement indécent
Au moment où le monde entier découvre avec stupeur l’étendue des crimes commis par l’armée de Paul Kagame en RDC entre 1998 et 2003 qui s’ajoutent à ceux commis au Rwanda dès 1990, au moment où des juridictions de deux puissances occidentales (France et Espagne) ont lancés des mandats d’arrêts contre les collaborateurs du dictateur rwandais, il a le culot d’exiger que ceux qui ont perdu les leurs, soit au Rwanda ou en RDC et qui l’ont échappé par miracle, viennent l’acclamer à Bruxelles ! C’est choquant.
Une aventure risquée pour les réfugiés politiques
Plusieurs personnes parmi celles qui s’apprêtent ou sont sollicitées pour venir acclamer Paul Kagame à Bruxelles sont arrivées en Europe en demandant l’asile politique. Elles ont déclaré qu’elles avaient peur d’être persécutées par le régime du même Paul Kagame. C’est à cette condition qu’elles ont obtenu l’asile politique dans les pays européens. Maintenant on leur demande de venir acclamer celui-là même qu’elles déclarent avoir fui. Signalons que le statut de réfugié peut à tout moment être retiré s’il s’avère que le récipiendaire a menti ou si les raisons qu’il avait évoquées n’existent plus. Nous croyons savoir que les services d’immigration des pays d’où seront venus ces « étranges manifestants » recevront, de la part des militants de défense des Droits de l’Homme mobilisés à cet effet, les identifications, photos en appui, de ceux qui iront acclamer Kagame notamment le 4 décembre 2010 au Parc du Cinquantenaire à Bruxelles, pour que ceux parmi eux qui se déclarent faussement réfugiés politiques soient démasqués et perdent ce statut faussement acquis.
Voici que la mégalomanie du dictateur qui veut à tout prix se faire acclamer par des foules risque de causer des ennuis à ceux qui croyaient l’avoir échappé mais aussi à ceux qu’il avait envoyés se planquer en Europe comme réfugiés politiques alors qu’ils n’étaient en réalité que des agents du régime.
Emmanuel Neretse
01/12/2010
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