Rwanda : la stérilisation obligatoire de la population masculine constitue un génocide
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Dans l’objectif de contribuer à la lutte contre la propagation du VIH-Sida, le Rwanda a lancé, début février 2008, une campagne de circoncision masculine dans le pays. Cette opération, lancée dans la précipitation, sans une communication adéquate pour l’accompagner, n’a pas été accueillie dans les milieux ruraux, qui à cause des pesanteurs culturelles, l’assimilent à une sorte de castration.

D’apparence anodine, la mesure était un arbre qui cache la forêt. En effet, en juillet 2009, le ministre de la santé d’alors, Dr Ntawukuriryayo Jean Damascène, initia un projet de loi de stérilisation obligatoire, lequel fut soumis au Parlement. Fort heureusement, ce projet n’a pas abouti  suite à la vigilance des ONG des Droits de l’homme dont Human Rights Watch qui avait rappelé au gouvernement rwandais que la stérilisation obligatoire allait à l’encontre des objectifs d’amélioration de la santé reproductive qu’il s’était fixés et que les « dispositions dévalorisantes, coercitives ou qui refusent à l’être humain ses droits en matière de santé reproductive doivent être retirées » de ce projet de loi. Ce projet rappelle, de triste mémoire, les pratiques du nazisme.

Au début de cette année, Dr. Ntawukuriryayo Jean Damascène est revenu à charge. En tant que Vice-président de l’Assemblée nationale, il a laissé entendre que cette institution devait mettre sur pied des lois pour lutter contre la démographie galopante. Il préparait l’opinion sur les déclarations de son successeur devant le Parlement .

Le 30 janvier 2011, le ministre de la santé, Richard Sezibera est allé au Parlement. Il a laissé entendre que pour faire face à une démographie galopante, le gouvernement rwandais va lancer une campagne de stérilisation masculine : 700.000 personnes devraient être vasectomisées sur 3 ans. Dans l’identification des groupes-cibles pour cette opération, un accent particulier a été mis sur les ménages pauvres à travers le pays, selon le ministre.

Selon le quotidien pro-FPR The New Times, le Rwanda est le seul pays d’Afrique à prôner la vasectomie comme moyen de contraception.

L’intention de ce programme, qui commencera début juillet, ne peut être que criminelle : depuis son installation en juillet 1994, le gouvernement a pris des mesures visant à appauvrir et surtout à affamer sa population. Il suffit de se rappeler les programmes tels que la villagisation où la population a été parquée dans des zones non viabilisées à la belle étoile après avoir détruit leurs maisons, la monoculture et l’imposition de la culture des fleurs qui a entraîné une famine endémique dans les masses populaires, l’imposition du port de souliers qui a limité la population à l’accès aux centres de santé pour se faire soigner, la loi sur le régime foncier qui a dépossédé la population de ses terres notamment aux abords des lacs et de rivières sans contrepartie, les expropriations sauvages dans les centres urbains qui a crée des sans-logis, la destruction récente des maisons en paille qui a jeté plus de 115.000 familles (+/-500.000 personnes) dans la rue, sans toit, etc. Voilà que le gouvernement se met ensuite à recenser toutes ces victimes, sciemment précarisées, pour les stériliser.

Cela arrive au moment où la propagande du régime laisse entendre que la croissance économique du pays est à 8%. Il devrait se servir des retombées de cette croissance pour endiguer la pauvreté devenue endémique dans la masse populaire. Mais vu l’effet recherché, il ne peut pas le faire, son objectif étant de niveler vers le bas « cette majorité populaire » devenue sa hantise.

Comme en 2009, les ONG de défense de Droits de l’Homme  et les bailleurs de fonds du Rwanda devraient décourager ces visées criminelles du régime sur sa population. Commettre un  génocide ne consiste-il pas, entre autres, pour un régime politique, à prendre des mesures visant à entraver les naissances au sein d’un groupe ?

Gaspard Musabyimana
10/02/2011 

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