Actualité des Grands Lacs – Semaine du 20 au 26 octobre 2012
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Rubrique : Actualité


Publié le 28 Oct 2012 par Gaspard Musabyimana

En RDC, l’affaire du M23 demeure au-devant de l’actualité. Ce mouvement, qui reste confiné à certaines parties du territoire de Rutshuru et à la frontière avec l’Ouganda où le calme règne et où la vie tourne au ralenti, est toujours accusé de pillages et de viols et suscite une très grande méfiance dans la population. Cette semaine, il a décidé de séparer son action politique de son action militaire en créant une nouvelle armée dénommée Armée de libération du Congo auquel se seraient joints d’autres groupes armés comme le PARECO, les Maï-Maï Kifafwa, les Maï-Maï de Lafontaine et les Raïa Mutomboki, ces derniers s’étant affrontés aux FARDC en territoire de Walikale. À ce propos, on signalera qu’un nouveau mouvement politico-militaire, créé par un officier déserteur dans la région de Beni, affirme lui aussi « être en contact » avec le M23. Par ailleurs, le mouvement des mutins a aussi menacé d’étendre son contrôle au-delà du Nord Kivu si Kinshasa continuait à refuser de négocier. De son côté, la MONUSCO annonce une baisse significative des incidents et affirme que la sécurité à Goma est garantie.

Sur le plan diplomatique, l’Ouganda, dont certains observateurs suspectent la partialité et le manque de crédibilité comme médiateur, déclare qu’il arrêtera sa médiation entre le M23 et le gouvernement congolais si le Conseil de Sécurité endosse les accusations de soutien aux mutins lancées contre lui. Quant au Rwanda, le président Kagame déclare mériter l’obtention de son siège de membre non-permanent au Conseil de Sécurité, obtention pour lequel la Belgique s’est abstenue et a balayé les critiques émises dans le rapport récent du groupe d’experts des N.U. auquel le Conseil de Sécurité exprime son « soutien total ». Du côté congolais le gouverneur du Nord Kivu a décidé de fermer ses frontières avec le Rwanda entre 18h et 6 h. du matin, alors qu’en prélude à la visite du président congolais en Afrique du Sud, le ministre congolais des Affaires étrangères a affirmé qu’il escomptait une aide sud-africaine en matière de sécurité.

Toujours dans le domaine de la sécurité, on signalera que trois prêtres catholiques ont été enlevés au Nord Kivu par des hommes armés soupçonnés d’appartenir aux rebelles ougandais de l’ADF-NALU, tandis qu’une patrouille conjointe des FARDC et de l’ICCN est tombée dans une embuscade tendue par des Maï-Maï dans le contexte de la lutte contre les pécheurs clandestins. Au Sud Kivu, un millier de Hutu congolais du groupe Maï-Maï Nyatura vont être intégrés tout prochainement dans l’armée nationale. Par ailleurs, le docteur Mukwege, célèbre pour son action dans le domaine des violences sexuelles, a échappé de justesse à une attaque dans sa résidence à Bukavu, une attaque qui a entraîné la mort d’une sentinelle et qui a été vivement dénoncée par le ministre belge des Affaires étrangères. Enfin, au Nord Katanga, une opération de désarmement des Maï-Maï a débuté en territoire de Mitwaba où ils ont sévi pendant longtemps.

Dans le domaine politique, le projet de budget pour l’année 2013, qui s’élève à plus de 7 milliards $, a été déposé à l’Assemblée nationale. Dans le domaine des transport, le gouvernement a décidé d’interdire l’importation de véhicules d’occasion mis en circulation avant 2002 : cette décision justifiée pour des raisons environnementales risque de porter un coup dur au transport en commun.

Dans le domaine économique, des sociétés chinoises sont une nouvelle fois accusées d’exploiter illégalement l’or dans l’Ituri, tandis qu’un rapport de l’ONG Global Witness dénonce le pillage forestier en RDC.

Dans le domaine de la justice, la Haute Cour militaire a rejeté la demande de comparution de l’ancien chef de la police nationale dans le cadre du procès Chebeya : elle déclare ne reconnaître que les personnes déférées en appel devant elle. Par ailleurs, les autorités congolaises contestent l’identité du témoin invoqué par les parties civiles, le major Mwilambwe qui, condamné par contumace, s’est réfugié dans un pays africain.

Dans le domaine des relations extérieures, le Premier ministre congolais a effectué sa première visite officielle à l’étranger en se rendant en Belgique. Au cours de ses entretiens avec divers ministres belges et le président du Conseil européen, il a été question de la mise en route d’une commission bilatérale pour traiter des questions économiques et d’investissements belges en RDC, de la création de la Commission nationale des Droits de l’homme, du renforcement de la coopération militaire – l’armée belge va former un nouveau bataillon d’intervention rapide – et du renforcement du mandat de la MONUSCO. Le Premier congolais a affirmé que la démocratie était en route en RDC, que le procès Chebeya suivait son cours, que le Rwanda était directement impliqué dans l’appui au M23 et que le retard mis à la réforme de la CENI était dû à l’opposition. À l’issue de sa visite, il assure avoir obtenu une « oreille attentive » de la part de la Belgique et de l’Union européenne pour une solution à la crise dans l’est : il a invité le Premier ministre belge, qui a marqué ses « préoccupations » en matière des droits de l’homme, à se rendre en RDC, mais aucune date n’a été fixée.

Au Burundi, un rapport de l’International Crisis Group estime que ce pays a régressé depuis les dernières élections. Des affrontements ont par ailleurs eu lieu au nord du pays entre les forces armées et un nouveau groupe armé inconnu, tandis qu’il est à nouveau question d’exécutions extra-judiciaires dans le pays.

En ce qui regarde le Rwanda, un procès pour génocide a été lancé aux Pays-bas au nom d’une loi de compétence universelle à l’encontre d’une néerlandaise d’origine rwandaise.

EurAc
28/10/2012

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