Rwanda : que reste-t-il des thèses de «planification» du génocide rwandais ?
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Rubrique : Actualité


Publié le 5 Fév 2013 par Gaspard Musabyimana

Après l’acquittement en appel prononcé le 04/02/2013 de deux anciens ministres du gouvernement qui était aux affaires au Rwanda en 1994, acquittement qui fait suite à plusieurs autres, fort est de constater que les fondements de la thèse d’une planification du génocide dont les gouvernements hutu auraient été des artisans depuis la Révolution populaire de 1959 se sont écroulés. Dix-huit ans à peine après que les entreprises diverses mais savamment étudiées (TPIR, Gacaca, Ibuka, …) tendent à faire condamner collectivement une communauté ethnique et ainsi légitimer le pouvoir dictatorial du FPR et ainsi du coup lui assurer l’immunité de ne jamais être critiqué et encore moins combattu, ces tentatives ont visiblement échoué et sont rattrapées par l’Histoire : le génocide de 1994 n’a pas été planifié par le gouvernement d’alors.

Le gouvernement intérimaire fut mis en place le 9 avril 1994 après l’assassinat du président Habyarimana et la reprise des hostilités par le FPR rendant ainsi caducs les Accords d’Arusha qui prévoyaient un Gouvernement de Transition à Base Elargie (GTBE) dont ferait partie le FPR avec 5 ministres. Le FPR de Paul Kagame n’a pas voulu se contenter de si peu : il a opté pour la solution armée et a commencé par assassiner le président Habyarimana et a entrepris la conquête militaire du pays. Après s’être rendu militaire ment maître du Rwanda en juillet 1994, le FPR va mener de front plusieurs campagnes (médiatiques, militaires, diplomatiques, …) pour diaboliser les membres du gouvernement évincés, présentés comme « des génocidaires ». Après la création du TPIR en novembre 1994, plusieurs membres de ce gouvernement furent les premiers inculpés et furent arrêtés partout où ils se trouvaient à travers le monde.

Aujourd’hui, à la veille de la fermeture du TPIR, l’on constate que plus de la moitié des membres du gouvernement intérimaire de1994 n’ont même pas été inculpés ou ont été acquittés de tous les chefs d’accusation. Ce qui ont été condamnés ont soit été victimes de la précipitation des premiers juges du TPIR qui étaient sous le choc face à l’ampleur du génocide rwandais et donc amenés à condamner « à tout vent », ou alors ceux qui ont été kidnappés et ramenés à Kigali pour être jugés par le FPR.[1]

Force est donc de reconnaître que la stratégie de légitimer le régime du FPR du Général Paul Kagame, sur base d’une probable planification d’un génocide que les gouvernements « hutu » qui se sont succédés depuis 1960, auraient commencé à mettre en œuvre en avril 1994 selon leur plan préétabli et auquel le « Messie Paul Kagame » serait venu mettre fin comme par miracle par une baguette magique…Cette thèse est aujourd’hui battue en brèche malgré une vaste campagne de désinformation et de corruptions qui dure depuis presque 20 ans.

En effet, qui de Paul Kagame avec ses maîtres de l’époque qui ont planifié et exécuté l’attentat du 6 avril 1994 et des pauvres membres d’un gouvernement de transition mis en place trois jours après la décapitation de l’Etat, pourrait objectivement être qualifié de « planificateur du génocide » ?

Ghislain Mikeno
05/02/2013


[1]  Voici la situation des membres du Gouvernement intérimaire mis en place le 9/4/1994 :

1) N’ont pas jamais été inculpés :

– Le président Théodore Sindikubwabo 
– Munyazesa Faustin, Ministre de l’intérieur, jusqu’en mai 1994
– Mbangura Daniel, Ministre à la Présidence
– Nsabumukunzi Straton, Ministre de l’Agriculture
– Habineza Jean de Dieu, Ministre du Travail et des Affaires Sociales
– Nsengiyumva Rafiki  Hyacinthe, Ministre des Travaux Publics.
– Ruhumuliza Gaspard, Ministre du Tourisme et de l’environnement

2)       Acquittés :

– Rwamakuba André, Ministre de l’Enseignement Primaire et Secondaire
– Ntagerura André, Ministre des Transports et Communications
– Bizimungu Casimir, Ministre de la Santé
– Bicamumpaka Jérôme Clément, Ministre des Affaires étrangères
– Mugenzi Justin, Ministre duCommerce
– Mugiraneza Prosper, Ministre delaFoction Publique

3) En appel

– Karemera Edouard , Minstre del’Intérieur (à partir de mai 94)
– Nyiramasuhuko Pauline, Ministre de la Famille

4) Déportée au Rwanda :

 –  Ntamabyariro Agnès, Ministre de la Justice

5) Décédé avant l’arrestation

–  Bizimana Augustin, Ministre de la Défense

6) Condamnés

– Kambanda Jean, Premier ministre
– Kamuhanda Jean de Dieu, Ministre de l’Enseignement supérieur
– Niyitegeka Eliézer, Ministre de l’information
– Ndindabahizi Emmanuel, Ministre des Finances 

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