Depuis quelques temps, un certain Yann Gwet publie une série d’articles, dans lesquels il s’évertue à plaider pour une présidence à vie pour Paul Kagame à la tête du Rwanda soi-disant qu’il serait un homme providentiel, un « oiseau rare » (cygne noir), etc. Cela devait seulement faire sourire si ces écrits n’étaient pas publiés par l’hebdomadaire parisien « Jeune Afrique » dont on connaît l’influence nuisible sur les opinions africaines depuis des décennies. Récemment dans un article publié par Times Gabon et repris par bon nombre de médias africains en ligne, il est dit notamment que : « En dehors des opérations de chantage à l’encontre des chefs d’Etat africains, s’ajoute l’escroquerie qui fait que ce journal soit vendu deux fois. Chaque impression est d’abord présentée au chef d’Etat ou homme politique concerné avant d’être mis en kiosque. C’est ainsi qu’il permet de maintenir en négociation et mettre la pression sur les dirigeants noirs africains. »
En ce qui concerne le Rwanda, le même média souligne que : « Au Rwanda, pendant longtemps, le régime de Juvénal Habiarimana (sic) a signé d’importants contrats publicitaires, J.A a fait des affaires en or […]. Désormais, on fait la cour à Kagamé, signature d’un contrat de 350 000 dollars, François Soudan exalte Paul Kagamé, désormais décrit comme ayant fait de son pays un paradis sécuritaire etc. »
D’autres ont aussi souligné l’immoralité de « Jeune Afrique » quand il s’agit de gagner de l’argent de la part des dirigeants africains dont le directeur de la rédaction, François Soudan, est passé maître. Il semble donc qu’ayant senti qu’un contrat de communication juteux se profilait entre le régime de Paul Kagame et ceux qui pourront défendre son projet fou de restaurer la monarchie féodale d’une façon détournée en commençant pas sa présidence à vie, François Soudan ait refilé le tuyau au sieur Yann Gwet qui dès lors ne se fait pas prier pour s’avilir au grand mépris du peuple rwandais.
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La tâche s’avère difficile et l’exercice périlleux. Comment, en effet, défendre le principe que les Rwandais méritent quant à eux une dictature au moment où on tire à boulets rouges sur ceux qui sont accusés à tort ou à raison de vouloir se maintenir au pouvoir dans des systèmes beaucoup plus démocratiques que le régime dictatorial de Paul Kagame ? Yann Gwet étant citoyen camerounais, il pousse le ridicule et la contradiction jusqu’à dire que oui, il faut modifier les constitutions comme celle du Rwanda qui limite les mandats présidentiels, mais aussi celle du Cameroun qui ne les limite pas ! Allez-y comprendre quelque chose. Le cheval de bataille qu’a enfourché le collaborateur de Jeune Afrique Yann Gwet est de vanter l’ordre et la discipline qui régneraient au Rwanda de Paul Kagame, la propreté de la capitale Kigali, l’absence de contestations ni de manifestations dans les rues, le culte de la personnalité frisant la déification que les Rwandais voueraient à Paul Kagame. Avec ce constat, la Corée du Nord de Kim Jong UN n’aura pas beaucoup d’efforts à faire quand elle voudra redorer son blason en Occident. Il lui suffira de signer un contrat de communication « costaud » avec « Jeune Afrique » et les François Soudan et autre Yann Guet se mettront à l’œuvre.
En effet comme au Rwanda, l’ordre règne en Corée du Nord et la population marche presque au pas militaire comme au Rwanda. Plus que Kigali, Pyongyang est toujours propre et étincelant. Pas de contestations internes au régime de Kim Jong UN comme pour celui de Paul Kagame. Les Nord-Coréens prennent leur leader Kim Jong UN pour un surhomme tout comme les Rwandais voient en Kagame un demi-dieu (frère jumeau de Jésus Christ comme l’a déclaré un jour un dignitaire du régime). Alors, en toute logique les faveurs et l’admiration dont jouit Paul Kagame en Occident devraient aussi concerner Kim Jong UN de Corée du Nord. En tout cas « Jeune Afrique » et Yann Guet y réfléchissent. Ils sont actuellement occupés par la campagne de promotion que leur a confiée Paul Kagame et après ils pourraient se pencher sur le cas de Corée du Nord de Kim Jung UN, le frère siamois asiatique de Paul Kagame l’Africain, pourvu qu’il leur ouvre les cordons de la bourse.
Bref, voilà où peut conduire la cupidité et la course effrénée derrière l’argent, même chez ceux qui se considèrent comme des intellectuels ou leaders d’opinion : compromissions, contradictions, mensonges, manipulations…, bref tous les vices honnis par la sagesse africaine.
Gaspard Musabyimana et Emmanuel Neretse
18/08/2015