Le texte ci-après est un extrait d’un document intitulé : « Rwanda : De la Monarchie à la République (Novembre 1959- Octobre 1961) : Faits, Acteurs, Evénements à la lumière des archives de Marcel POCHET » écrit par Dr. Phil. Innocent Nsengimana.
Le document, d’une quarantaine de pages, est ci-dessous attaché.
La période d’avant et d’après la proclamation de la République rwandaise, le 28 janvier 1961 a été marqué par des événements divers. L’inventaire de ceux-ci mis en relation avec les acteurs qui vient d’être présenté plus haut, peut aider à déterminer « qui a fait quoi » en faveur ou en défaveur de l’avènement de la République qui, cette année, célèbre son 55iéme anniversaire. Cette présentation des faits ainsi que des acteurs qui les animèrent à partir des documents d’archives inédites a été entreprise dans le but de contribuer à l’éclairage de cet épisode de l’histoire contemporaine du Rwanda.
Cet éclairage était nécessaire compte tenue des perversions qui caractérisent les discours de certains, quand ils doivent parler des événements qui ont précédé ou suivi la proclamation de la République : omission des faits de certains acteurs afin de les accuser de laxisme ou de les présenter comme des victimes des événements ou comme ayant été écartés des sphères de prise décision ou ignorés par celles-ci; exagération des rôles des uns des acteurs en vue de prouver leur extrémisme ou leur mauvaise volonté d’intégrer et ou de cohabiter avec leurs opposants. Ces deux vices qui ne sont qu’au service des manipulateurs des faits historiques maintiennent ceux qui les écoutent à l’écart de la vérité historique ; car cette dernière est toute autre et le présent écrit a essayé de le démontrer.
En effet, la lecture et l’exploitation des sources disponibles relatives à la proclamation de la République et à son entérinement montrent comment différents acteurs se sont réellement comportés dans le cheminement vers ces événements. Elles montrent que des alliances se sont tissées et que d’autres se sont défaits, que des commissions et des réunions mixtes ont été instaurées et organisées. Au niveau national, chaque événement était annoncé et chaque acteur était appelé à y participer. Seulement, la peur et le mépris de l’autre n’ont pas toujours facilité le consensus dans la prise de décision. Certains acteurs ont même préféré se retirer ou s’abstenir de leur propre gré, face à mise en place de telle ou telle institution, non pas pour, par après, s’y accommoder, mais pour concocter des stratégies en vue de la renverser. Cet état de fait a alimenté une sorte de compétition pour la domination qui n’a pas servi à l’idéal républicain orienté vers l’unité, l’harmonie et la démocratie.
Aujourd’hui, 55 ans après, cet idéal républicain est toujours mis à l’épreuve des faits, car cette volonté de dominer (de dominer à vie !) et de supprimer l’autre (opposant politique réel ou supposé) habite toujours certains esprits. Aussi, la persistance de milliers de réfugiés rwandais qui continuent d’errer dans différents pays à travers le monde dans des conditions inhumaines, l’emprisonnement et le harcèlement des opposants politiques constituent des faits qui sont contraires aux valeurs sur lesquelles la République a été fondée le 28 janvier 1961 et entérinée par le référendum du 25 septembre 1961. Ils la rendent exclusive alors qu’elle devrait tendre vers l’intégrité. Tous ses « héritiers » (dirigeants ou dirigés) devraient s’efforcer de bâtir cette République intègre telle que voulue par ses pionniers ; c’est-à-dire en abandonnant tous les maux qui enfreignent à son idéal. C’est de cette unique façon qu’on l’honorera!
Dr. Phil. Innocent Nsengimana
Janvier 2016.