En juin 2007, nous avions publié sur ce site un texte intitulé « Le drame rwandais : faits, mensonges et questions essentielles sans réponses ». Ce document est plus que jamais d’actualité. Il pose les mêmes questions que celles soulevées par l’article ci-après.
Le 6 avril 1994 : attentat à Kigali
mercredi 6 avril 2016
Il y a 22 ans ce 06/04/2016 que l’attentat de Kigali tuait les présidents du Rwanda et du Burundi, leur suite et l’équipage du Falcon 50 revenant de Dar Es Salam. Depuis 22 ans la Communauté Internationale refuse de donner les réponses aux questions de savoir qui a décidé, organisé et mis en oeuvre cet acte terroriste qui est considéré, depuis lors, comme le déclencheur du génocide. Le TPIR n’a mis personne en accusation pour ce crime, bien que cela entrait dans le cadre de ses attributions. Le TPIR n’a pas pu mettre en évidence la planification du génocide par les différents accusés hutus rwandais ni, à plus forte raison, la commission de l’attentat par les Hutus extrémistes. Cependant pour perpétrer un tel crime il fallait un sérieux savoir faire technique, une logistique précisément planifiée et l’appui d’une technologie hyper sophistiquée. Alors, puisqu’il n’a jamais pu être prouvé que les hutus avaient le savoir faire, la capacité de planification et la technologie pour commettre l’attentat pourquoi ne pas chercher d’autres pistes ? Il faut rappeler quelques faits qui devraient justifier une réflexion sur l’opportunité d’une réouverture des enquêtes sur ces événements.
1 – Dès l’accord de paix d’Arusha, signé le 04 août 1993, divers observateurs mettaient en doute le fait qu’il pourrait être appliqué jusqu’aux élections prévues. En effet, celles-ci auraient donné des résultats conformes à un vote ethnique donnant un large majorité aux Hutus et ne laissant au FPR qu’une infime partie du pouvoir. La CIA « tablait », d’ores et déjà, sur 50.000 victimes en cas de reprise des hostilités. Pourquoi la CIA devait-elle, à ce moment-là, faire de telles prévisions ? La reprise de la guerre que l’attentat a provoquée et le génocide ont permis au FPR d’être, depuis 22, ans au pouvoir sans aucun partage.
2 – Les « facilitateurs » de la Communauté Internationale qui participaient aux négociations de l’accord de paix avant août 1993 comptaient parmi eux l’ambassadeur américain au Rwanda, Robert Flaten. Celui-ci demandait à son Gouvernement d’envisager l’acquisition de données satellitaires qui auraient permis d’analyser la mesure dans laquelle les deux parties allaient respecter les clauses de l’accord. (Entre autres, les rôles de ravitailleur et de sanctuaire pour le FPR, joués par l’Ouganda depuis octobre 1990). L’Ambassadeur Flaten s’étonnait, à juste titre, des refus de l »Administration » Clinton. Dans l’équipe américaine des facilitateurs se retrouvait aussi un certain David Rawson qui s’est révélé, depuis, être un agent de la CIA et qui en janvier 1994 est devenu Ambassadeur des USA au Rwanda en succédant à Robert Flaten. (Pour « des raisons » incompréhensibles, il semblerait que David Rawson soit devenu « persona non grata » au Rwanda depuis 2010 environ). Les documents des négociations n’ont jamais fait l’objet d’études objectives c’est à dire en perspectives avec ce qui est arrivé le 7/04/1994.
3 – En octobre 1993, deux mois après la signature l’accord d’Arusha, le premier Président burundais Hutu était assassiné. Ndadaye avait été élu en juillet 1993, lors des premières élections démocratiques tenues au Burundi depuis l’indépendance. La présence (« privée ») de Kagame, à Bujumbura, juste avant l’assassinat de Ndadaye est interpellante quant on sait que Ndadaye était opposé à une immixtion burundaise dans les affaires du Rwanda. Il refusait d’être favorable à l’une ou l’autre partie en conflit (et en cela, il s’opposait aux tendances dans l’armée burundaise, à 90% tutsies). L’assassinat de Ndadaye n’a jamais été élucidé. (Il faut se souvenir que l’assassinat de son successeur, cinq mois plus tard, le 06/04/94 à Kigali dans l’attentat sur le Falcon 50 rwandais, engendra le chaos d’une guerre civil de plus d’une dizaine d’année !)
4 – Le vendredi 6 janvier 1994 une mystérieuse réunion « non officielle » s’est tenue, vers 18h30, à la résidence de l’Ambassadeur de Belgique à Kigali. Etaient certainement présents Paul Kagame et celui qui, le lendemain, présentait ses lettres de créances en tant qu’ambassadeur des USA au Président de la république du Rwanda, un certain David Rawson dont il a été question ci-dessus. Il est possible que L’Ambassadeur Johan Swinnen n’ait pas assisté à la rencontre elle-même mais que son rôle se résumait à mettre discrètement sa résidence à disposition pour cette rencontre (privée) qui ne pouvait avoir lieux qu’officieusement avec un David Rawson non encore Ambassadeur US en fonction. Les questions que soulève de cette rencontre n’ont jamais été posées dans les diverses commissions d’enquêtes.
5 – Début janvier 1994, de nouveaux officiers belges de la Minuar sont arrivés à Kigali et, parmi eux, au grand étonnement de ceux qui le connaissait, un ancien membre de la CTM (Coopération Technique Militaire Belge). Il semblait malsain à beaucoup qu’un ex coopérant militaire soit « repris » par la Minuar peu après la fin de son terme de service à la CTM. C’est à cette époque aussi que des uniformes d’officiers belges de la Minuar (logés à l’Hôtel Méridien – Izuba) ont été « dérobés ». Ces aspects des choses n’ont jamais retenus l’attention des « observateurs ».
6 – Trois semaines avant sa mort, Jean-Pierre Minaberry (co-pilote du Falcon 50) confiait à des connaissances : « Depuis que l’Onu a décidé que Kagame était président du Rwanda, nous ne décollons plus ni n’atterrissons sans son accord ». La piste d’atterrissage avait été, sur ordre de la Minuar, interdite d’accès « depuis la ville ». L’autre accès passait par Masaka et le Camp Kanombe. Pourquoi cette « interdiction » et ces « obligations » ?
7 – Le Président Clinton avait pris une résolution mettant un terme à la présence américaine en Somalie. Les derniers soldats devant être retirés pour le 31/03/1994 Le 13/03, 18 jours avant l’achèvement de ce retrait et 24 jours avant l’attentat de Kigali, John Shalikasvili, Chairman of the Joint Chiefs of Staff, s’est rendu à Mogadiscio et, sur le Peleliu, bateau de débarquement amphibie, mouillant dans les eaux somaliennes, annonçait à la 11MEU que leur départ « fin de mission » était reporté de quelques semaines (……we are going to ask you to stick around for a while, I’m not sure for exactly how long !).
8 – Le 5 mars, Charles Vukovic, attaché militaire US en poste au Cameroun arrive à Kigali, tandis que Roger Winter de la CIA arrive à Mulindi (QG de Kagame. Il ne s’agit pas d’un « camp » dans la « jungle » ou la « brousse » comme d’aucuns l’ont décrit mais bien d’un lotissement de 4 villas tout confort à l’européenne dans le domaine d’une « usine » à thé).
9 – Le 6 mars, le Peloton Mortier, du Lieutenant Lotin (l’un des 10 casques bleus belges assassinés le 7 mars), de la Minuar part vers 7h30 du matin pour une mystérieuse mission dans le parc de l’Akagera, jusqu’à la frontière avec l’Ouganda. Personne ne sait rien de cette mission ni à la Minuar, ni dans les forces armées Belges. Les commissions d’enquêtes sénatoriales belges parleront de « mission touristiques » (Sic). L’avion présidentiel est abattu vers 8h30 et le contact n’est établi avec le Lieutenant Lotin que vers 2 h du matin le 7 (? ?? !!!) Il se trouvait à « faire le plein » des véhicules du Peloton Mortier à Kanombe, alors que le cantonnement du Peloton Mortier est « Viking » (Maison privée) et non « Top Gun « ou « Viper » (à l’aéroport). Cela ne semble interpeller personne.
10 – Au moment de l’attentat un C130 belge était en « approche » de l’aéroport de Kigali. Ce C130 était l’un des deux seuls C130 belges à être équipés de contre-mesures électroniques de défense antimissile. Aucune enquête ne porte sur le rôle exact de cet avion, ni sur les circonstances de son approche, de son déroutement ni des observations qu’auraient pu faire l’équipage de la présence d’autres avions dans les environs de Kigali au moment de l’attentat. Un autre C 130 belge était en « stand-by » à l’aéroport. Pour quelle raison ? L’équipage de ce C130 logeait à l’hôtel des 1.000 Collines au centre ville à 6 km de l’aéroport !!!!!
11 – Juste avant le tir des missiles, Minaberry a communiqué à son épouse, par « motorolla », que les balises de la piste d’atterrissage s’étaient éteintes. Les contre mesures électroniques antimissile peuvent être brouillées par des systèmes électroniques embarqués de « contre – contre » mesures sur certains appareils C130 appelés Commando Bravo ou Commando Solo. L’utilisation du brouillage provoque des interférences et des coupures dans les systèmes électriques et les télécommunications aux environs du site où ces mesures sont mises en oeuvre. De tels C130 étaient en Somalie jusqu’au retrait américain et ensuite ….. à Mombassa, à Bujumbura (?).
12 – Le Chef de la Sûreté du Président Burundais déclara à Colette Braeckman : »…En arrivant à l’aéroport de Bujumbura le 6 avril au soir, (avec le Beechcraft présidentiel burundais, peu après l’attentat) nous y avons retrouvé les militaires américains qui y étaient arrivées depuis quelques jours déjà sans que le Président n’en soit averti. Nous ne savions pas ce qu’ils étaient venus faire là. Ils ne sont repartis que quelques semaines en plus tard. »
13 – Le 7/4 à 8h du matin RFI annonce « la mort, à Kigali, dans une embuscade sur la route de l’aéroport de trois casques bleus belges ». Information erronée ou intoxication ? Toujours est-il qu’il n’existerait plus de trace enregistrée de cette émission à l’INA (!).
14 – Les troupes américaines du Peleliu, en « rade » de Mogadiscio, se mettent en routes dès l’annonce de l’attentat, dans le cadre d’une NEO (Non armed evacuation operation) du nom de « Distant Runner ». La décision est prise par David Rawson de faire évacuer les ressortissants américains de Kigali via Bujumbura (275 km dont 200 km en aux mains des FAR) et non via Kigali (l’aéroport était encore accessible et sous protection de la Minuar, comme il lui a été proposé) ou via Entebe (500 km en pays aux mains du FPR).
15 – L’opération « Distant Runner » comprend le parcours par le USS Peleliu de la distance Mogadiscio – Mombasa (+/- 1.000 km), un débarquement amphibie à Mombasa, une opération aéroportée et héliportée jusqu’à Bujumbura par C-130, KC-130, C-141, CH-53s (4th Airlift Squadron at McChord AFB pour le transport de Bujumbura à Nairobi des évacués), Marine Light Attack Helicopter Squadron 369, en appui (+/- 1.250 Km). Personne ne pose la question des délais de mobilisation, de transport et d’organisation et de coordination de ce type d’opération.
16 – Le 11/04 Bill et Hillary Cliton, Warren Christopher et son épouse se rendent au centre de coordination de crise de Washington pour féliciter le staff qui a « suivi » l’évacuation de Kigali. C’est la deuxième fois dans l’histoire de ce centre de crise qu’un Président s’y rende pour le suivi d’une NEO et certainement la première fois que la « First Lady » accompagne le président, son Secrétaire d’Etat et l’épouse de ce dernier.
17 – Le 12/04 Bill Clinton signe le « War Powers Resolution » autorisant le déploiement de troupes américaines au Burundi dans le cadre de l’opération d’évacuation des ressortissants de Kigali, alors que celle-ci est théoriquement terminée.
18 – Dans son livre « A problem from hell », Samantha Power écrit que « dans les tous premiers jours du génocide quelques deux douzaines de « US Special Forces » furent envoyées à Kigali (au Rwanda et non au Burundi) pour une mission de reconnaissance d’une journée……après débriefing un rapport a été envoyé au European Command Headquarter in Stuttgart, Germany ». En quoi consistait réellement la mission : exfiltration de tireurs ou de leur cadavre, élimination de témoins …… ?
Toutes ces questions sont restées sans réponses comme des centaines d’autres depuis 22 ans. En croisant toutes les hypothèses on en arrive à une convergence aveuglante et tellement effroyable que la vérité ne pourra certainement pas être dite de si tôt et surtout pas avant qu’Hillary Clinton n’ait terminé ses deux mandats présidentiels….c’est à dire au trentième anniversaire de l’attentat de Kigali, au mieux, sauf évidemment en cas de procédure efficace d' »impeachment »……..En 2016 Ange Kagame (la fille de Paul) fête ses 22 ans et entre dans les services de relations publiques de la présidence du Rwanda, le Gotha !…….Plus besoin de stratégie « Poutine-Medvedev-Poutine », « Bush père, fils et frère », « Fidel – Raoul », « Bill et Hillary »……Avec ou sans la constitution modifiée, elle ira loin cette « petite » !
Source : http://www.agoravox.fr/