Comme des conquérants antiques, ces ex-chefs rebelles ont pris des armes, ont envahi leurs pays, en ont fait leurs propres territoires et ont réduit leurs populations à un quasi-esclavage.
Le cas de Paul Kagame
Le cas de Paul Kagame du Rwanda est intéressant à plus d’un titre : il a conquis le Rwanda par les armes en juillet 1994, avec le soutien de son mentor , Yoweri Kaguta Museveni. En 2015, il a fait changer la Constitution et peut régner sur le Rwanda jusqu’en 2034. Il vient de se faire élire pour un mandat de 7 ans avec un score stalinien de 98,76´%. Et pour cause, il a muselé toute opposition politique.
Le pays est gouverné comme son entreprise privée. Il en contrôle le pouvoir politique, mais également le pouvoir économique. Comme Museveni ou Dos Santos, le FPR, parti-Etat, a des sociétés tentaculaires qui vont des Travaux publics aux sociétés importatrices pour ce petit pays enclavé, en passant par l’industrie agro-alimentaire,… Un holding, Crystal Ventures, gère cette richesse faite entre autres du blanchiment d’argent résultant du pillage des ressources minérales de son riche voisin, la République Démocratique du Congo.
Paul Kagame va jusqu’à affamer la population pour réduire sa capacité de revendication. Il tue qui il veut sans aucun état d’âme. Il sait que ces crimes vont peser sur lui tôt ou tard. Pour se donner bonne conscience, dans la Constitution taillée sur mesure, il a prévu des mesures de protection au cas où il pourrait quitter le pouvoir. En effet, l’article 114 parle de l’ « exonération de poursuites pénales au bénéfice d’un ancien Président de la République ». Il stipule : « Un ancien Président de la République ne peut faire l’objet de poursuites pénales pour des actes de trahison ou pour violation grave et délibérée de la Constitution, s’il ne l’a pas été au cours de son mandat ».
Kagame vient de se donner ce nouveau mandat de 7 ans après 23 ans. Il approche donc le règne de son collègue angolais.
José Eduardo dos Santos s’en va après 38 ans mais garde la mainmise sur le pays
« José Eduardo dos Santos met fin à un règne de 38 ans. Il n’est pas candidat à sa propre succession aux élections générales de mercredi.
Il a dirigé l’Angola pendant la moitié de sa vie. Et pourtant José Eduardo dos Santos quitte la présidence à bientôt 75 ans. Il ne se représente pas à sa propre succession aux élections générales de mercredi. Et ce, alors qu’il aurait pu prétendre à un mandat supplémentaire, selon les termes de la Constitution de 2010 qu’il avait lui même fait voter. Pas de putsch militaire, pas d’assassinat, pas de destitution. Non, José Eduardo dos Santos se retire après 38 ans de pouvoir. Enfin, pas tout à fait. Il conserve la direction de son parti, le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) et donc la mainmise sur son successeur potentiel, Joao Lourenço, si celui-ci est désigné président après les élections générales. » Lire la suite sur Libération.fr
Ces présidents indéboulonnables
« 38 ans comme Président de la République! Et durant toutes ces années, personne d’autre n’était capable de faire mieux que lui? C’est incroyable!
Puissent les générations futures faire les meilleurs choix que ce à quoi nous assistons; certains, indifféremment ou complaisamment,et d’autres, impuissamment. Et l’Angola n’est pas le seul pays. Le Cameroun, Paul Biya (35 ans au pouvoir), l’Ouganda, le Général Yoweri Museveni (31 ans au pouvoir), le Zimbabwe, Robert Mugabe (30 ans au pouvoir) et bien d’autres …
Ces Chefs d’Etat qui prennent le pouvoir d’un pays pour « une entreprise personnelle ou familiale »!
Lui, après 38 ans de règne, il annonce son départ! Vous y croyez?! » (Jean-Claude Mulindahabi, FCB, 23/08/2017).
Prendre un pays comme une entreprise familiale, le Rwanda de Paul Kagame en rerésente un exemple parfait.
Ghislain Mikeno