L’histoire –et surtout celle de la RDC et ses voisins de l’est- est un éternel recommencement. Maudits soient les Congolais qui feignent de l’oublier. Kigali et Kampala tiennent à tout prix (surtout au prix du sang) à balkaniser l’est de la RDC. Ils ont fait de certains congolais des débiteurs et les instrumentalisent. Surtout ceux d’expression kinyarwanda.
En 2012, lors des pourparlers avec les rebelles du M23 représentant la face visible de l’iceberg à Munyonyo/Kampala, François Rutchogoza mit fin au suspense en dévoilant les raisons des guerres récurrentes « Nous continuerons à recourir aux armes tant que les causes profondes des conflits qui nous lient à vous (Kinshasa) ne seront pas traitées. (…) On doit cesser d’accuser les populations rwandophones d’être des Rwandais » Les causes profondes de la déstabilisation de l’est de la RDC par les deux voisins ont été résumées en ce que, depuis le RCD, le CNDP jusqu’au M23, on nomme : « Doléances légitimes ».
C’est sur base des réponses aux « doléances légitimes » que la communauté internationale attend du gouvernement congolais une implication pour la « stabilité » de la région et que la CIRGL s’est dite déterminée à aider à la stabilité de l’est de la RDC et de la sous-région des Grands Lacs. La communauté internationale appuie cette initiative suicidaire de la CIRGL sur l’est de la RDC à travers l’engagement des belligérants de disposer d’une solution négociée aux problèmes soulevés pour que la paix devienne définitive.
A ce temps-là, les présidents Paul Kagame (Rwanda) et Kaguta Museveni (Ouganda) avaient convaincu leur homologue congolais Joseph Kabila que la « RDC doit écouter le M23, évaluer et résoudre les doléances légitimes de ce dernier. » De son côté, Joseph Kabila soulignait la disponibilité de la république à écouter et discuter loyalement avec les rebelles sans pour autant remettre en cause le caractère intangible des frontières et la souveraineté de la RDC.
Doléances légitimes de deux voisins pour balkaniser la RDC
Dans le cahier de charge contenant les doléances légitimes, les débiteurs de Kigali et Kampala demandent au gouvernement congolais, à la suite des guerres à répétition dans l’est de la RDC, de déclarer le Nord-Kivu, l’Ituri, le Sud-Kivu, le Haut-Uélé, le Maniema et le Tanganyika une zone sinistrée. Ainsi déclarée, la zone sinistrée devra jouir d’un statut administratif particulier, d’un plan de développement spécial, d’une large autonomie fiscale et financière, d’un programme spécifique de sécurisation pour la concrétisation de différents accords régionaux. Les nouveaux gestionnaires de cette partie devront faciliter le retour des réfugiés dans cet espace en jouant à la réconciliation, la cohabitation de la population vivant sur cet espace avec les réfugiés et des déplacés internes. Le M23, mouvement politico-militaire contrôlant cet espace, à sécuriser l’est avec ou sans l’appui des FARDC, en menant des opérations contre les FDLR et les ADF. Ces opérations devraient se dérouler sur une durée de 5 ans renouvelables. Enfin, la gestion de l’est pendant 5 ans renouvelables sera le test pour basculer dans le fédéralisme. C’est seulement à ces conditions que Kigali et Kampala peuvent laisser la RDC en paix et ne plus soutenir d’autres rébellions.
Comme on peut le constater, la déstabilisation de la RDC a pour soubassement l’instrumentalisation de la communauté congolaise d’expression kinyarwanda par les deux voisins. En mettant le M23 sur le même pied d’égalité qu’un gouvernement d’un pays souverain et en lui accordant la gestion autonome des zones sinistrées pendant 5 ans renouvelables, la communauté internationale exécute le plan de la balkanisation de la RDC.
En réalité, l’attaque de Chanzu dans la nuit du dimanche 7 à lundi 8 novembre 2021 n’est que l’expression de cette détermination à faire appliquer les « doléances légitimes » du Rwanda et de l’Ouganda qui tirent profit de la théorie des intérêts convergents.
On peut tout dire et acclamer la bravoure du M23, l’on sait bien qu’il ne détient pas les moyens de ses ambitions. Le M23 achète ses larmes en pharmacie à Kigali et à Kampala. Kigali recycle des débiteurs qu’il envoie au front en RDC. C’est de cette façon que Laurent Nkunda, le chef charismatique du CNDP, est tombé en désuétude. Tout État mène la politique de sa géographie. On ne doit pas se tromper d’ennemis en faisant l’éloge des marionnettes qui combattent avec les armes d’autrui. Naturellement, les communautés auxquelles appartiennent « ces » enfants armés doivent aider à sensibiliser et refuser de se sacrifier pour le compte des individus qui souillent lesdites communautés. Le Rwanda donne-t-il un bel exemple de cohabitation entre Hutu et Tutsi ? Comme le Congolais a une mémoire courte, une semaine après, il a déjà tourné la page de Chanzu en attendant de nouvelles incursions de RDF pour s’en prendre aux FARDC.
Nicaise Kibel’Bel Oka
Source : lescoulisses