Cette liberté de la presse dont on parle tant
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Rubrique : Actualité
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Publié le 31 Jan 2008 par Gaspard Musabyimana

L’année 2007 n’aura pas été de tout repos pour les journalistes privés locaux, soutient le journal UMUCO du 7 au 22 janvier. Aux dires de ce même journal, ces hommes et femmes de la presse indépendante ont qualifié 2007 «l’année Kagame».

En effet, le chef de l’Etat aurait, en personne, ordonné que les institutions publiques n’offrent plus des pages publicitaires aux journaux trop critiques vis à vis du pouvoir. Pour l’auteur de l’article, la liberté de la presse n’a évolué d’un iota l’an dernier, et il donne ici ses raisons :

« …C’est en 2007 que beaucoup de violences ont été commises contre les journalistes, plus que les années antérieures. Le journaliste Jean Bosco Gasasira a été battu à mort par des personnes payées par les hauts dirigeants. C’est également en 2007 que deux journaux ont été interdits de parution (sic). Il s’agit du Weekly Post et Afrique Libération. Tout les deux ont été interdits par le ministre Laurent Nkusi, juste après leur première publication. C’est aussi en 2007 que quatre ministres : James Musoni, Musa Fazil, Laurent Nkusi et Tharcisse Karugarama, aidés par le porte-parole de l’armée, ont affirmé, à la télévision nationale, que les journaux UMUSESO, UMUCO, UMUVUGIZI et RUSHYASHYA travaillent de concert avec les forces négatives ( les opposants régimes, comme les FDLR). L’année s’est donc achevée dans la douleur pour les journalistes rwandais indépendants. Ils s’interrogent sérieusement sur l’avenir de leur métier. Ils se demandent où les amèneront les nombreux procès dans lesquels le gouvernement dirigé par le FPR les a traduit…On ne pourrait être exhaustif en voulant revenir sur toutes les violences perpétrées contre les journalistes, cette année. On se souviendra, par exemple, la fuite de la journaliste de la Voix de l’Amérique, Lucie Umukundwa, qui a choisi de changer son lieu de travail que rester au pays, pour raisons de sécurité. »

Si les confrères d’UMUCO se plaignent en disant qu’ils manquent cruellement d’un espace vital de libre expression, dans un pays où le pluralisme des idées est un droit reconnu par la loi fondamentale, Jean-Jules Lema Landu, défend, lui, dans GLH, la thèse selon laquelle la liberté de la presse et la démocratie pluraliste sont tout sauf antagonistes et rivales. Un peu comme pour dire que là où le pluralisme des idées (la démocratie) va mal, il en va aussi de même de la libre expression et vice versa.

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« …Il existe un lien étroit entre la liberté de la presse et la démocratie pluraliste. Elles sont comme deux soeurs siamoises. L’une est attachée à l’autre. De sorte que l’on ne peut pas parler de la démocratie sans la liberté d’expression. Elles partagent en commun le souci de défendre les libertés individuelles et de promouvoir le bien-être social sans discrimination…La liberté d’expression est nécessaire à l’élaboration de décisions raisonnées et la liberté de la presse est un moyen de prévenir ‘‘un totalitarisme de la pensée’’. La conclusion se trouve, avec bonheur, dans cette formule lapidaire d’Henry Amouroux : ‘‘La dictature, c’est la censure de l’information ; et la démocratie, c’est la liberté de l’information’’. On ne peut mieux dire… »

Mais, cette symbiose prônée par ce confrère congolais établi en France exige des droits et des devoirs aux deux parties (pouvoirs et médias). C’est l’avis d’un autre analyste, Augustin Nsoro Rwakigarama, dans la livraison de GLH de la semaine du 1er au 10 janvier. Pour lui, il est incontestable que le Rwanda a besoin d’une presse libre, une presse à la fois libre et « sérieuse ». Mais, pour y arriver, il faut que les deux camps se réconcilient pour le bien du peuple qu’ils servent.

« …Pince sans rire, on accuse nos journalistes d’alimentarisme ! Qui est alimentaire, qui ne l’est pas, quand on sait la condition faite aux gens du métier auxquels on refuse la publicité, source vitale de la profession ?…La presse comme le pouvoir nous sert comme si leur ‘bon’ choix reflète nos préoccupations ; ce qui est bon pour eux le devient pour nous par voie de conséquence. Le gouvernement doit gouverner tandis que la presse a pour mission d’informer…A l’exception de la presse officielle, la presse dite libre se complait à chercher les poux au gouvernement, tâche aisée par ailleurs, malheureusement par des chemins divergents. Le remède n’est autre que choisir, sans concession, la compétence et la quête de la qualité… ».

Selon le même analyste, l’Etat rwandais devrait cesser de prendre la presse dite privée comme un « anti-pouvoir », comme c’est le cas dans plusieurs pays du tiers monde. Il devrait plutôt l’aider, nous dit-il, « à trouver des créneaux porteurs pour faire face aux difficultés réelles actuelles ».

Extrait tiré de : Revue Hebdomadaire de la Presse Rwandaise

-LES POINTS FOCAUXn° 313

Semaine  du 15 au 21 Janvier 2008

Chef de Publication : NDAYISHIMIYE Jovin

Kigali-Rwanda

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