Paysage de l’opposition politique rwandaise
+

Ses hésitations et les perspectives

La multiplicité des partis politiques à l’extérieur vient combler un besoin réel de pluralisme politique au Rwanda. En effet, à l’intérieur du pays, l’espace politique est restreint. Les partis politiques sont embrigadés par le FPR, parti dominant, via ce qui est appelé le « Forum des partis politiques ».

Les rares personnalités qui ont fondé des formations politiques en dehors de ce cadre ont été emprisonnées (ex. Pasteur Bizimungu ou Dr Théoneste Niyitegeka), obligées de s’exiler pour sauver leurs vies (ex. Célestin Kabanda), voire assassinées (ex. Dr Léonard Hitimana).

Devant ce constat, l’espoir pour un pluralisme politique au Rwanda se trouve dans les partis politiques d’opposition fondés en dehors du pays, loin des griffes du FPR.

L’opposition rwandaise dans la diaspora est diversifiée et comprend une multitude de partis politiques, les uns plus importants que les autres. Certains partis sont mort-nés, d’autres se structurent dans des alliances fragiles mais opérationnelles.

A. DES PARTIS OU ORGANISATION POLITIQUES PRIS SINGULIÈREMENT

 1.    Rassemblement Républicain pour la Démocratie au Rwanda (RDR)

Avec la victoire du FPR en juillet 1994, de millions de rwandais sont partis dans l’ex-Zaïre. La campagne médiatique battait son plein de façon que le Gouvernement Sindikubwabo ne pouvait pas placer un mot. Un embargo médiatique lui avait été appliqué. Une initiative autour de François Nzabahimana, qui avait été évacué sur la Belgique, vit le jour en juillet 1994. Elle prit le nom de « Comité Rwandais d’action pour la Démocratie » (CRAD). Elle présenta un document appelé « Quelques préalables au retour des déplacés de guerre ».

La communauté internationale, dont la Belgique, préoccupée par le retour des réfugiés, saisit l’occasion au bond. François Nzabahimana, accompagné de quelques députés et sénateurs belges et européens, vont dans les camps de Bukavu et de Goma. Il fut adopté une « Charte de retour rapide et pacifique des Réfugiés rwandais ». Celle-ci fut signée à Bukavu le 25 octobre 1994. Le RDR, « Rassemblement pour le Retour des Réfugiés et la Démocratie au Rwanda » était en gestation. Il naîtra officiellement le 3 avril 1995 à Mugunga au Nord-Kivu dans l’actuelle RDC. Il reçut un soutien des réfugiés et des officiers des ex-FAR, isolant ainsi les membres du Gouvernement Sindikubwabo qui étaient dans les camps. Il réussit à faire passer certains messages sur les médias internationaux.

François Nzabahimana fut son premier Président, Aloys Ngendahimana et Claver Kanyarushoki comme vice-Présidents, tandis que bon nombre de ses collaborateurs dont le Secrétaire Exécutif Innocent Butare, Denis Ntirugirimbabazi comme Trésorier, Charles Ndereyehe comme Commissaire Politique, Chris Nzabandora comme Porte-Parole et Joram Mushimiyimana comme responsable de la Région Afrique Orientale et Septentrionale, restaient à Naïrobi. En 1995, il proposa sans succès à la Communauté internationale « le programme de retour rapide, définitif et pacifique des réfugiés ».

Avec l’attaque des camps en 1996 et 1997, le RDR connut un passage à vide. Les réfugiés, qui lui faisaient confiance, furent déçus. Il n’avait pas pu négocier leur « retour dans la dignité ».

En 1998, François Nzabahimana cède la place à Charles Ndereyehe qui venait d’arriver en Hollande. Le RDR se ressaisit. Charles Ndereyehe fut remplacé par Victoire Umuhoza Ingabire, établie elle aussi en Hollande. Elle est à la tête du RDR jusqu’à cette date. Le RDR a entre-temps essayé de nouer des alliances avec d’autres formations politiques. Il a également changé de nom et gardé le sigle pour s’appeler « Rassemblement Républicain pour la Démocratie au Rwanda ». Le RDR, devenu parti politique, a publié son projet de société le 18 août 2002.

2.    Nation-Imbaga y’Inyabutatu Nyarwanda

Ce parti, de tendance monarchiste, est né autour du Dr Joseph Ndahimana. Venu pour des études de médecine en Belgique, Joseph Ndahimana adhéra très tôt à l’  « Union du Peuple Rwandais » (UPR), fondée par Silas Majyambere à Bruxelles, après sa fuite en octobre 1990. Il était alors avec Emmanuel Twagilimana, venu lui aussi faire une spécialisation en Psychopédagogie. Quand Majyambere signa une alliance avec le FPR, les membres du parti le força de démissionner car l’UPR n’avait pas des visées militaristes. Majyambere refuse et Joseph Ndahimana part.

Avec l’instauration du multipartisme au Rwanda, Joseph Ndahimana fut représentant du « Parti Social Démocrate » (PSD) en Belgique. Après l’assassinat de Félicien Gatabazi et la prise du pouvoir par le FPR, Joseph Ndahimana fonde le « Cercle Gatabazi », une sorte de forum de réflexion politique.

Des réflexions à partir de la Belgique, des USA et du Canada avancent l’idée que seul le roi est capable de concilier le peuple rwandais. Parmi les champions de cette idée, il y avait non seulement le Docteur Joseph Ndahimana mais aussi entre autres Théodore Mpatswenugabo, un ancien cadre des Postes et du Ministère des Finances, alors fonctionnaire international avec résidence en Afrique de l’Ouest ; Guillaume Murere, alors étudiant au Canada et Gratien Rudakubana, ingénieur informaticien, résidant lui aussi au Canada. Ils mettent sur pied l’association « Rwanda-Notre Avenir ».

Il ressort des actes du séminaire organisée par cette association à St Hubert en Belgique les 16, 17 et 18 juillet 1999, que  la monarchie constitutionnelle paraît être le seul instrument capable de préserver l’unité nationale et promouvoir la réconciliation entre les rwandais. Les participants ont fait également savoir qu’ils soutiennent l’idée proposée par le Roi Kigeli V d’une table ronde sur l’avenir du Rwanda.

Avec l’arrivée de certains membres du FPR en exil, tel que Déo Mushayidi, le Major Gérard Ntashamaje, le commerçant François Karekezi, …, il fut fondé à Bruxelles, le 01/02/2001, le « Mouvement des Royalistes » suite notamment au Message à la Nation lancé par le Roi Kigeli au Nouvel An 2001.

Le Mouvement se structure et le 22/02/2001, des invitations furent lancées à l’occasion de la mise sur pied de « Nation-Imbaga y’Inyabutatu Nyarwanda ». Le Comité collégial, signataire du texte fondateur, était composé de Maître Kamali Jacqueline, avocat au Barreau de Bruxelles, Théodore Mpatswenumugabo, Déogratias Mushayidi, Joseph Ndahimana et Gérard Ntashamaje.

Le parti fut dirigé par Joseph Ndahimana qui avait le titre de Délégué Général.

Ce parti semble s’être évaporé.

3.     Forces de Résistance pour la Démocratie (FRD)

Les Forces de Résistance pour la Démocratie sont nées avec la démission du Gouvernement du FPR de Faustin Twagiramungu et de certains de ses ministres. Les FRD vinrent le jour à l’initiative notamment de Sixbert Musangamfura et de Eugène Ndahayo. L’acte fondateur est intervenu le 26 mars 1996. En 1998, elles publient un document intitulé : « Appel à toutes les forces de changement pour sauver le Rwanda » qui est une sorte de projet de société de ce parti.

Les têtes de proue des FRD étaient Faustin Twagiramungu, mais également l’ex-ministres Seth Sendashonga, l’ex-Directeur de cabinet  Eugène Ndahayo, l’ex-Directeur du Trésor Eugène Ruberangeyo et l’ex-diplomate à Kinshasa Jean de Dieu Tulikumana. Le Président fut Eugène Ndahayo (France) alors que Jean de Dieu Tulikumana (Belgique) était Secrétaire Exécutif. Cela n’a pas fait longtemps et une divergence éclata entre Faustin Twagiramungu et Seth Sendashonga. Ce dernier fut tué à Naïrobi par des escadrons avec la main invisible du FPR. Le virus qui minait les FRD se développa. Jean Baptiste Mberabahizi, qui venait d’entrer lui aussi aux FRD, et Jean Baptiste Nkuliyingoma, claquent la porte. Ils vont rejoindre le Congrès Démocratique Africain (CDA) autour de James Gasana (Suisse), Dismas Nsengiyaremye (France) et Nkiko Nsengimana (Suisse).

Faustin Twagiramungu ne tardera pas non plus à être en désaccord avec ses partenaires restants, dont le Président du Parti Eugène Ndahayo, et fut obligé de partir. Aujourd’hui, Eugène Ndahayo reste Président des FRD et Jean de Dieu Tulikumana, Secrétaire Exécutif.

4.     Congrès Démocratique Africain (CDA)

Ex-ministre de la défense du Gouvernement Habyarimana, James Gasana a fui le pays en juillet 1993 pour s’établir en Suisse. Il fut rejoint en 1994 par Nkiko Nsengimana. Ils s’accordent et font des réflexions politiques. Dans la foulée, ils mettent sur pied un groupe dit « Rwanda pour Tous ». Ils se réunissent à Bruxelles les 17 et 18 juin 1995 et signe leur plate-forme. Le comité de coordination est alors composé de James Gasana, Samuel Hitimana, Josepha Kanzayire, Joseph Matata, Monique Mujawamariya, Joseph Ndahimana, Nkiko Nsengimana et Alexandre Rucyahana. Parmi les participants, on y retrouve également Thaddée Bagaragaza, Jean Marie Vianney Ndagijimana, Jean Marie Vianney Nkezabera et Dismas Nsengiyaremye. « Rwanda pour Tous » est mort-né.

James Gasana et Nkiko Nsengimana en Suisse, fondent ce qu’ils ont appelé « Projet NOUER » : « Nouvelle Espérance pour le Rwanda ». Ils écrivent des textes politiques et envoient des lettres aux grands de ce monde et même au Général Kagame.

NOUER n’étant qu’une initiative de deux personnes, il fut fondé, le 25 septembre 1998, le « Congrès Démocratique Africain » (CDA) dont la Déclaration de lancement fut signé à Lausanne en Suisse par James Gasana, Jean Baptiste Mberabahizi, Jean Marie Vianney Nkezabera, Jean Baptiste Nkuliyingoma, Nkiko Nsengimana et Dismas Nsengiyaremye qui avait fondé, en novembre 1994, l’UDR : « Union Démocratique Rwandaise » avec le Dr. Albert-Enéas Gakusi.

Le CDA a une présidence tournante. Dès sa fondation, le porte-parole du CDA fut Jean Baptiste Nkuliyingoma. Ce parti va nouer une alliance ave le « Mouvement pour la Paix, la Démocratie et le Développement » (MPDD) du Major Alphonse Furuma (ex-membre de l’armée du FPR) au sein de l’« Alliance Démocratique Rwandaise » (ADR-Isangano).

5.     Groupe d’Initiatives pour le Dialogue (GID)

Le « Groupe d’Initiatives pour le Dialogue » (GID) a été mis sur pied par le pasteur Eléazer Twagirayesu. Il était épaulé par Emmanuel Ndagijimana et Cléophas Kanyarwanda qui en était le Président.

Le GID n’a pas su se positionner sur la scène politique. Il n’était ni un parti politique ni une a.s.b.l. Devant cette ambiguïté, il fut obligé de s’effacer notamment lors de la formation des alliances politiques car ses partenaires lui demandaient de d’abord se positionner en tant que parti politique, de montrer son projet de société et autres textes politiques.

6.     Alliance Rwandaise pour la Renaissance de la Nation (ARENA)

L’  « Alliance Rwandaise pour la Renaissance de la Nation » (ARENA) est née depuis que le Professeur Alexandre Kimenyi (USA) et d’autres membres du FPR ont désapprouvé la politique criminelle de ce mouvement politico-militaire dont ils étaient membres. Ils ont claqué la porte.

L’occasion se présenta avec l’exil aux USA de Joseph Sebarenzi qui était Président de l’Assemblée nationale rwandaise. Le Professeur Alexandre Kimenyi (USA), qui était proche du Mouvement monarchiste, se rallia à ce nouveau-venu et fondèrent ARENA en mars 2001. Le Comité de coordination d’ARENA à sa fondation est composé d’Alexandre Kimenyi (USA), Joseph Ngarambe (France), Gratien Rudakubana (Canada) et Joseph Kabuye Sebarenzi (USA).

Quand ARENA entreprit des rapprochements avec les « Forces Démocratiques de Libération du Rwanda » (FDRL) sous la houlette de Valens Kajeguhakwa, il y eut des scissions en son sein. Kimenyi et Rudakubana dénoncent ce rapprochement tandis que Ngarambe et Sabarenzi l’approuvent.

ARENA (nouvelle formule) est présidée par Augustin Kamongi (USA), un ancien du FPR avec Joseph Ngarambe (un ancien du PSD) comme collaborateur. Il y a également Gérard Karangwa (Hollande) et Deus Kagiraneza (Belgique).

7.     Amahoro-Congrès du Peuple

Les dissensions au sein d’ARENA seront à la base de la naissance, en mars 2001,  d’un autre parti politique, Amahoro-Congrès du Peuple avec Alexandre Kimenyi, comme Président; Jeff Nsengimana comme Vice-Président et Gratien Rudakubana, comme Secrétaire Général.

8.     Rwanda National Liberation Movement (RNLM)

Le parti « Rwanda National Liberation Movement » (RNLM) est incarné par John Karuranga, un réfugié rwandais proche de Museveni. Déjà en 1983, il fut le premier à publier dans les journaux ougandais que des préparatifs d’attaquer le Rwanda étaient en gestation. Après la prise de pouvoir par Museveni en Ouganda en 1986, Karuranga officialisa ses visées politiques en créant le RNLM. Les principes de ce parti sont : unité nationale (national unity), la démocratie (democracy), l’indépendance nationale (national independance) et le progrès social (national progress). En avril 1986, son projet d’attaquer le Rwanda fut révélé au grand public par le journal ougandais Focus. Le tandem Rwigema Kagame fut courroucé par cette révélation prématurée. Karuranga fut mis en prison. C’est sur intervention du HCR et de la Croix Rouge Internationale que Karuranga fut élargi et exilé en Suède. Après la prise de pouvoir  par le FPR, il fut l’un des premiers opposants au régime FPR en dénonçant ses massacres massifs des populations civiles. Karuranga fit encore parler de lui en 1988 quand il y a eu une première tentative, à Bruxelles, de mettre sur pied une alliance entre son mouvement le RNLM, le RDR, l’UNAR et les FRD.

L’Union avorta car l’UNAR et le RNLM soupçonnaient les deux autres partis, RDR et FRD, d’avoir un agenda caché. Depuis lors, l’UNAR et le RNLM sont restés muets politiquement.

9.     Union Nationale Rwandaise (UNAR)

L’ « Union Nationale Rwandaise » (UNAR) est un ancien parti politique monarchiste fondé dans les années 1959 autour du Mwami Kigeli V. Rukeba François en fut Président et continua cette présidence en exil. A sa mort, son fils Claude Rukeba, qui vit au Canada, s’en appropria. Il n’y a pas beaucoup d’informations sur les activités de ce parti qui afficherait rouler pour le Mwami Kigeli Ndahindurwa.

10.  Union des Rwandais pour la République et la Démocratie (URD)

L’  « Union des Rwandais pour la République et la Démocratie » (URD) a été fondée sur l’initiative de Jean Marie Vianney Nkezabera (différent de l’ancien Directeur de cabinet de Marc Rugenera). Les membres de ce parti n’ont pas pu s’entendre sur ses statuts et le parti est resté sans comité connu. Seul Nkezabera persévéra jusqu’au jour où il a rejoint IGIHANGO en début 2003. Ce parti n’a donc existé que de nom.

11.  Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDRL)

Les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda sont nées avec la destruction des camps de réfugiés de l’ex-Zaïre et des choix stratégiques différents par rapport aux dirigeants du RDR. Avant les FDRL, l’on a parlé d’ALIR (Armée de Libération du Rwanda) et de PALIR (Peuple en Armes pour la Libération du Rwanda). Ces deux mouvements n’ont pas pu survivre suite notamment à l’assassinat des touristes américains en 1999 dans le parc de Bwindi dans l’ex-Zaïre. ALIR et PALIR furent pointés du doigt et la puissance américaine les plaça parmi les mouvements terroristes. Le Général Paul Kagame en profita et fit arrêter trois hommes : Francois Karake, Gregoire Nyaminani et Leonidas Bimenyimana, censés être les meurtriers. Ils furent extradés aux USA. La justice américaine, après des recherches, conclut, en 2006, que les trois rwandais étaient innocents, que leurs aveux leur avaient été arrachés par la police rwandaise après d’atroces tortures.

Dès leur création, les FDRL ont ratissé large. Ils ont enrôlé certains ex-FAR et des jeunes restés dans les camps et se sont dotées des dirigeants dans les quatre coins du monde. Dr Ignace Murwanashyaka (Allemagne), en fut Président, Alexis Nshimiyimana (Autriche) fut désigné comme porte-parole. En Amérique, le Professeur Jean Marie Vianney Higiro et le Dr Félicien Kanyamibwa furent des Conseillers.

Les FDRL seront malmenés de telle sorte que ses combattants furent même fusillés sur la base de Kamina en RDC où ils étaient regroupés pour un retour au Rwanda avec l’accompagnement de la Communauté Internationale. Le ralliement au régime de Kigali, le 14 novembre 2003 de leur Chef le Général Paul Rwarakabije avec  une centaine de ses hommes, contribua à affaiblir remarquablement le mouvement. Il se scinda en plusieurs mouvements dont le RUD-Urunana et le CMC.

Ce qui ce reste des FDRL originelles sont sous la présidence du Dr Ignace Murwanashyaka (Allemagne) avec Callixte Mbarushimana (France) comme porte-parole. La branche armée des FDRL est connue sous le nom de FOCA, Forces Combattantes-ABACUNGUZI (les libérateurs) qui est le mouvement armé le plus important en exil.

12.  Ralliement pour l’Unité et la Démocratie (RUD-Urunana)

Ce mouvement est présidé par le Professeur Jean Marie Higiro (USA) avec le Dr. Felicien Kanyamibwa (USA) comme Secrétaire Général, Mme Goretti Abayizigira (France) comme Vice-Président et du le Dr Augustin Dukuze (Canada) comme porte-parole.

Le RUD a une branche armée en République Démocratique du Congo dite IMBONEZA (les bons tireurs).

13.  Forces Démocratiques de Libération du Rwanda – Commandement Militaire pour le Changement (FDRL-CMC)

Elles sont nées comme deuxième faction dissidente des FDLR sous la houlette du Lt Colonel Christophe Hakizabera (Italie). Elles sont alliées avec le Partenariat-Intwari.

Elles sont sous la présidence d’Emmanuel Hakizimana (France).

14.  Mouvement pour le Changement et la Démocratie (MCD)

Fondé à Bruxelles(Belgique) le 19 janvier 2003 par des jeunes dissidents des FRD pour la plupart, ce parti est dirigé par Evariste Ndungutse, un ancien diplomate du FPR Bruxelles et lui-même transfuge des FRD.

Le comité du « Mouvement pour le Changement et la Démocratie » (MCD) est composé comme suit : Président  et porte-parole : Evariste Ndungutse ; 1er  Vice-Président et commis à la discipline : Alphonse Nshimiyimana; 2ème Vice-Président et commis à la mobilisation : Vénuste Mupenzi Basingize ; Secrétaire  et commis à l’information: Alain Maniraguha; Trésorier  et commis à la documentation : Eric Habineza. Ce parti est mort-né.

15. Rassemblement du Peuple rwandais (RPR)

Ce groupe est sous la présidence du Major Gérard Ntashamaje (ex-officier du FPR). Sa branche armée s’appelle « Armée du Rassemblement du Peuple rwandais »-ARPR-INKERAGUTABARA (prêts pour le champ de bataille).

Une alliance existe entre les branches armées du RUD et du RPR.

Lors de la Conférence de Goma (6-23/1/2008) sur le Processus de Paix dans la Région des Grands Lacs, les représentants des Groupes armés présents sur le territoire congolais, dont le Dr. Felicien Kanyamibwa, Mme Goretti Abayizigira, Major Gérard Ntashamaje, et le Lt. Colonel Christophe Hakizabera, étaient en tournée dans la région et ont été reçus par les plus hautes autorités de la RDC.

16.  Parti Banyarwanda

Né le 29/10/2006 à Bruxelles, il est présidé par Boniface Rutayisire (Belgique) assisté par son Secrétaire général Félicien Dufitumukiza (Pays-Bas). Il se veut principalement comme défenseur des droits des Hutsi (rwandais né des mariages mixtes Hutu et Tutsi).

17. Convention Nationale-Ubumwe (CNA-Ubumwe)

Ce parti politique tourne autour du Général Emmanuel Habyarimana, un ancien des FAR puis du FPR. Il l’a fondé après sa fuite du Rwanda en  mars 2004.

18. Party for Democracy in Rwanda (PDR-Ihumure)

Ce parti né sous l’inspiration de Paul Rusesabagina, héros du film Hôtel-Rwanda, a été créé en Juin 2006. Il a pour Secrétaire Général Jérôme Nayigiziki et a tenu son premier congrès National à Bruxelles dimanche, le 25 novembre 2007.

19. MDRH: Mouvement pour le rétablissement de la dignité humaine au Rwanda

Lancé officiellement à Bruxelles le 10 février 2006, ce parti a comme Président  : Adrien Kalihungu (Belgique), Jean Paul Rwasamanzi (Allemagne) comme Vice-Président et Césarie Mukankusi (France) comme Secrétaire Générale.

Le 6 avril 2006, les membres du MDHR ont fait une manifestation devant le Palais de Justice à Bruxelles, manifestation réprimée par la police car non autorisée. Depuis cette date, le MDHR ne fait plus parler de lui-même.

B. DES ALLIANCES DES PARTIS POLITIQUES

Les principales alliances connues sont :

– L’Union des Forces Démocratiques Rwandaises (UFDR)

– Alliance pour la Démocratie et la Réconciliation Nationale (ADRN-Igihango)

– Alliance Démocratique Rwandaise (ADR-Isangano)

– Concertation Permanente de l’Opposition Démocratique Rwandaise (CPODR).

– Parternariat-Intwari

– Forces Démocratiques Unifiées (FDU)

1.    Union des Forces Démocratiques Rwandaises (UFDR)

Les 19 et 20 septembre 1998, les représentants des partis politiques démocratiques rwandais à l’extérieur se sont réunis à Bruxelles et ont mis sur pied l’Union des Forces Démocratiques Rwandaises (UFDR). Etaient présents les représentants des Forces de résistance pour la Démocratie avec Faustin Twagiramungu, le Groupe d’Initiatives pour le Dialogue avec Emmanuel Ndagijimana, le Rassemblement pour le Retour des Réfugiés et la Démocratie au Rwanda (RDR) avec Charles Ndereyehe, Rwanda National Liberation Movement (RNLM) de John Karuranga et l’Union Nationale Rwandaise (UNAR) avec Claude Rukeba. Le document de fondation de cette union fut paraphé par les participants et le bureau Exécutif constitué : Président : Faustin Twagiramungu ; Vice-Président : Claude Rukeba; Secrétaire Général : Emmanuel Ndagijimana et Secrétaire Général-Adjoint : quelqu’un de RNLM.

Au moment de signer le document, l’UNAR et le RNLM, qui se sont présentés comme des partis monarchistes face aux partis républicains constitués par les trois autres, se désistèrent. Ils évoquèrent des informations qu’ils ont reçues comme quoi les partis républicains, dont le RDR, ont des agendas cachés. Rukeba écrivit une lettre très explicite à ce sujet aux Présidents des FRD et du RDR.

Le RDR, le GID et les FRD restés seuls continuèrent leur projet et le concrétisèrent. Le premier congrès de l’UFDR se tint en mars 2000. Les FRD et le GID laissèrent entendre que pour eux l’  « union » dont il est question signifie la refonte des partis politiques existant en un seul parti à savoir l’UFDR. Le RDR quant à lui ne voulut pas l’entendre de cette oreille. Il tint un congrès en été de la même année et réaffirma qu’il s’agit de la collaboration sous forme de coalition et qu’en aucun cas le RDR ne peut disparaître. Ce fut l’impasse. Faustin Twagiramungu, Président de l’UFDR, fit tenir une réunion de quelques membres des FRD et du GID et décident de se fusionner et de faire de l’UFDR une organisation des individus et non des partis politiques. Certains membres des FRD étaient eux aussi réticents sur ce revirement.

C’est dans cette optique que Faustin Twagiramungu convoqua le 01/07/2001, sans le consentement de deux des trois composantes de l’UFDR, une réunion, entre l’UFDR et la société civile Rwandaise de la diaspora. Alexandre Kimenyi de l’ARENA y participa notamment, alors que le RDR n’était pas invité et que Eugène Ndahayo, Président des FRD, n’était pas informé. Après la réunion, la cassure était consommée.

Les partis composant l’UFDR se concertèrent et demandèrent à Faustin Twagiramungu, président de l’UFDR de convoquer une réunion. Cela eut lieu. Ce fut alors les FRD, par le biais de son président Eugène Ndahayo, qui reprocha à Twagiramungu d’avoir voulu contourner la procédure normale de concertation établie. Faustin Twagiramungu rendit son tablier au cours de cette réunion et le GID, qui était déjà reproché de n’être pas un parti politique, le suivit. L’UFDR resta. Ndahayo Eugène fut élu Président alors que le RDR assurait la Vice-Présidence.

Le système marche aujourd’hui dans le cadre de la collaboration de deux partis politiques. Les membres de l’UFDR ont élaboré un « programme politique pour l’avenir du Rwanda » le 01 juillet 2002.

2.     Alliance pour la Démocratie et la Réconciliation Nationale (ADRN-Igihango)

Sur tractations de l’homme d’affaires Valens Kajeguhakwa qui venait de s’exiler aux Etats-Unis, l’idée d’une large concertation des partis politiques en vue de faire un front commun face au pouvoir en place au Rwanda vit le jour. Kajeguhakwa, un des grands financiers du FPR, fit des navettes entre l’Europe et l’Afrique, notamment à Kinshasa en République Démocratique du Congo. Un accord fut signé entre lui et le Président des FDRL, Ignace Murwanashyaka le 30/01/2002. Les FDRL donnent carte blanche à Kajeguhakwa pour être le Médiateur entre elles et les autres formations politiques. Le 27 mars 2002, Kajeguhakwa réunit les FDRL, Nation-Imbaga et ARENA à Bad Honnef en Allemagne et IGIHANGO (pacte de sang) fut scellé. Une conférence de presse fut organisée à Bruxelles le 5 avril 2002 pour lancer officiellement « ADRN-Igihango ».

Du 25 au 26 mai 2002 une réunion se tint à Bruxelles pour doter Igihango des structures :

– Médiateur : Valens Kajeguhakwa :

– Conseil des Présidents :

Joseph Ndahimana (Nation-Imbaga) ; Ignace Murwanashyaka (FDRL) ; Gérard Karagwa (ARENA).

– Comité Exécutif : Augustin Kamongi : Président ; Christophe Hakizabera : Vice-Président chargé des Affaires Etrangères ; Alexis Nshimiyimana : Secrétaire Administratif ; Félicien Kanyamibwa : Commissaire aux Finances ; Joseph Ngarambe : Commissaire à la Justice et aux Droits de l’Homme ; Déogratias Mushayidi : Commissaire à l’Informationet et Porte-parole.

Cela n’a pas fait long feu et Kajeguhakwa se retira le 28 juillet 2002. Il a dit avoir terminé sa mission. Aujourd’hui, Igihango s’est complètement désintégré.

3.    Alliance Démocratique Rwandaise (ADR-Isangano)

Cette alliance est faite du « Congrès Démocratique Africain » (CDA) et du « Mouvement pour la Paix, la Démocratie et le Développement » (MPDD) du Major Alphonse Furuma.

Les tractations de coalition furent entamées tout au long de l’an 2001 et l’Alliance fut officialisée le 14/01/2002. Dans sa réunion de Lausanne (Suisse) du 10 février 2003, le Comité a été arrêté comme suit :

– Président : Dr. Jean Baptiste Mberabahizi 

– Premier Vice-Président: Major Alphonse Furuma

– 2ème Vice-Président: Dr. Nkiko Nsengimana 

– Secrétaire Général: Mr. Deo Lukyamuzi 

– Président de la Commission de la Sécurité de la personne et de la propriété: Major Gérard Ntashamaje

– Président de la Commission chargée de la planification: Dr. Dismas Nsengiyaremye

– Président de la Commission chargée de la Mobilisation Générale : Capt. Frank Tega

– Porte-parole : Mr. Sixbert Musangamfura 

– Commissaires chargés de la sécurité de la personne et de la propriété: 

Major F. Bizimungu 

Major M. Mupende

4.    Pacte Démocratique National (PDN-Igihango)

Suite à l’éclatement d’ADRN-Igihango, certains membres restants ont mis sur pied le PDN-Igihango à Bruxelles en mars 2004.

Le Comité Exécutif du PDN-Igihango est composé comme suit :

-Président : Kamongi Augustin

-Vice-Président en charge de la Diplomatie : Rwigema Pierre Célestin

-Secrétaire Général et Porte-parole : Mushayidi Déogratias

-Secrétaire Général-Adjoint en charge de la Planification, Analyse et Stratégie : Kalisa Gervais

-Trésorier Général : Karangwa Semushi Gérard

-Secrétaire chargé de la Logistique : Sisi Evariste

-Secrétaire chargé de l’Information et de la Documentation : Ntwali Jean-Marie

-Secrétaire chargé de la Mobilisation politique : Sibomana Jean Bosco

-Secrétaire chargé de la Culture et de la Jeunesse en Europe : Kagiraneza Deus

-Secrétaire chargé de la Culture et de la Jeunesse en Amérique du nord : Rwamugenza David

-Secrétaire chargé des Finances en Amérique du Nord : Mugabo René

Des scissions ne tarderont pas à apparaître au sein du PDN-Igihango et Déo Mushayidi va se rallier à la formation du Général Habyarimana pour créer Partenarita-Intwari. Son départ et celui de Gérard Ntashamaje font évanouir le Parti Monarchiste Nation-Imbaga, mais PDN-Igihango a fini aussi par se désintégrer à son tour.

5.    Concertation Permanente de l’Opposition Démocratique Rwandaise (CPODR)

La CPODR réunissait deux alliances, à savoir l’UFDR et ADRN-Igihango. C’est une plate forme de collaboration dans certains domaines tels que la diplomatie. Elle a été mise sur pied le 12 octobre 2002 à Bruxelles. Elle n’a pas pu tenir pour longtemps suite aux difficultés au sein de l’Alliance Igihango et aux divergences stratégiques entre l’UFDR et Igihango.

Déogratias Mushayidi assumait le rôle de Secrétaire permanent de la CPODR.

6.   Forces Démocratiques Unifiées (FDU-inkingi)

Les Forces Démocratiques Unifiées (FDU-INKINGI) sont nées le 29 avril 2006 par la déclaration du programme commun et d’une la charte signés par :

– Dr. Jean Baptiste Mberabahizi pour l’Alliance Démocratique Rwandaise (ADR- ISANGANO) ;

– Eugène Ndahayo pour  les Forces de Résistance pour la Démocratie (FRD) ;

– Victoire Ingabire-Umuhoza pour le Rassemblement Républicain pour la Démocratie au Rwanda (RDR) 

– Le duo Jean Marie Vianney Ndagijimana et Michel Niyibizi pour les personnalités politiques indépendantes.

Son bureau exécutif est composé de Victoire Ingabire Umuhoza comme Président, Eugène Ndahayo comme Vice-Président, Jean-Marie Ndagijimana comme 2ème Vice-Président et le DR Jean Baptiste Mberabahizi comme Secrétaire Général et Porte-parole.

7. Partenariat-Intwari

L’alliance est formée de la Convention Nationale-Ubumwe (CNA-Ubumwe), les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda-Commandement Militaire pour le Changement (FDLR-CMC) et le Pacte Démocratique National (PDN). Son comité exécutif est composé de :

– Général Emmanuel Habyarimana : Président

– Theobald Rwaka Gakwaya : Vice-président

– Déogratias Mushayidi : Porte-parole et Secrétaire permanent

– Emmanuel Hakizimana : Commissaire à la Diplomatie

8. Coalition RUD-RPR et Partenariat Intwari

En date du 7 septembre 2008 a été signé à Bruxelles un cadre de concertation entre la coalition RUD-RPR et le Partenariat Intwari. L’entente a été signée par le Dr Jean Marie Vianney Higiro et le Major Gérard Ntashamaje, Président et Vice-Président de RUD/RPR et le Général Emmanuel Habyarimana, Président du Partenariat-Intwari. La Présidence de cette nouvelle coalition est tournante. JMV Higiro fut désigné Président et Déo Mushayidi (Partenariat-intwari) fut nommé porte-parole.

C. CONSTAT ET TENDANCES ACTUELLES

A la fin du parcours, il apparaît que certains partis ou organisations politiques sont plus actifs que les autres. Peu de partis ont publié le programme politique ou projet de société. La plupart des scissions sont dues au positionnement plutôt qu’aux choix stratégiques.

On peut également affirmer sans se tromper que la scène politique des exilés rwandais est dominée par les FDLR, les FDU, le Partenariat-Intwari, le RUD et le PDR-Ihumure.

Un autre constat est qu’on assiste au remodelage du paysage de l’opposition rwandaise en exil. Peut-on espérer que la tendance est à la synergie pour offrir aux rwandais une alternative politique prometteuse face à la dictature du FPR ?

Le rapprochement continu qu’on observe est de bon augure. Ainsi à l’initiative de l’exécutif des FDU-INKINGI, s’est tenue à Bruxelles en date du 25/11/2007 une réunion regroupant les représentants du PDR-Ihumure, du Partenariat-Intwari et des FDU-Inkingi. Ils ont signé un communiqué conjoint dans lequel ils réaffirment leur collaboration pour le bien du peuple rwandais. Ils en appellent de tous leurs vœux à la tenue d’un dialogue inter-rwandais et à la mise en place d’une commission Vérité et Réconciliation.

A l’occasion de la manifestation pour la justice équitable et la fin de l’impunité en Afrique Centrale organisée par  l’asbl AVICA (Association des Victimes des Grands Lacs Africains) le 9 Février 2008 à Bruxelles, ce sont les délégués : Mme Ingabire U. Victoire, Mr Rusesabagina Paul et Mr Mushayidi Déo qui ont remis au Président en exercice de l’Union Européenne une pétition invitant les membres de l’Union Européenne à exécuter les mandats d’arrêt internationaux émis par la justice française et la justice espagnole en vue de mettre fin à l’impunité dans la région des Grands Lacs d’Afrique.

Le 11 Février 2008, Jérôme Nayigiziki pour PDR-Ihumure; Déogratias Mushayidi pour Partenariat-Intwari et Jean-Baptiste Mberabahizi pour FDU-Inkingi ont co-signé une lettre ouverte adressée au Président Georges W. Bush qui préparait sa visite en Afrique avec une escale au Rwanda.

Serions-nous en train de nous acheminer vers une table-ronde qui fera asseoir tous le monde ensemble y compris les FDLR, le RUD et la Société Civile rwandaise en exil en vue de trouver une solution finale et durable à la crise rwandaise qui commence à trop durer? Certains spéculent même à un gouvernement en exil !

La dynamique qui anime l’opposition rwandaise à l’étranger laisse espérer que nos politiciens en exil vont pouvoir se dépasser pour lutter ensemble dans l’intérêt du peuple rwandais.

Il est à souligner aussi que les artistes de la politique rwandaise qui se veulent l’alternative du FPR doivent encore finaliser leur portrait.

©Gaspard Musabyimana
Le 29 février 2008

Pas de commentaire

COMMENTS

Les ommentaires sont fermés