Après son arrestation en Allemagne le Colonel Rose Kabuye, sans tergiverser, a choisi l’option d’aller s’expliquer devant la justice française. Voilà une décision courageuse qui contraste drastiquement avec l’idée véhiculée par la propagande de Kagame et ses hommes que les mandats d’arrêt les impliquant sont « politiques ». Ils se trompent sur toute la ligne car ils comparent la justice rwandaise à celle des pays démocratiques. Il n’y a aucune comparaison possible. On a vu en Belgique ou en France la justice condamner des hommes politiques influents à de lourdes peines ou à des années d’inéligibilité pour des scandales dans lesquels ils étaient impliqués. Pensez aux hommes comme Alain Juppé en France ou Guy Spitaels ou Willy Claes en Belgique pour ne citer que ceux-là. Cela est impossible au Rwanda, car dans ce pays, c‘est l’Exécutif qui donne des injonctions aux Procureurs et aux Juges pour arrêter et condamner tel ou tel. L’ONG de Défense des Droits de l’Homme Human Rights watch a montré, dans un rapport récent, qu’il n’existe pas de justice indépendante au Rwanda, que celle-ci est subordonnée à l’exécutif et à d’autres structures parallèles officieux. Les journaux rwandais comme Umuseso, dans ses éditions d’octobre 2008, a recueilli des témoignages des juges qui se plaignent des injonctions permanentes des hommes politiques voire des Procureurs proches du pouvoir.
Certains milieux ont mis en doute les mandats d’arrêts du Juge français Jean-Louis Bruguère. Mais s’il s’est trompé, comment le juge espagnol Fernando Andreu Merelles a-t-il pu arriver aux mêmes résultats ? Et tous ces témoignages des membres du FPR, et non des moindres, car il s’agit des officiers issus de cette armée. Il y a eu les témoignages de Jean Pierre Mugabe, ceux de Joshua Ruzibiza, d’Aloys Ruyenzi, d’Alfonse Furma ou ceux des enquêteurs du TPIR comme Michel Hourigan. D’autres témoignages accablants et visant l’entourage de Paul Kagame existent. Ils ne sont pas encore divulgués pour des raisons de secret d’instruction.
Les militaires du FPR visés par les mandats d’arrêt internationaux devraient prendre leur courage à deux mains et à l’instar de leur consœur, et se présenter devant la justice française ou espagnole. S’ils sont innocents, ils seront acquittés. Sinon, à force de persévérer à dénigrer ces mandats, il y a lieu de penser qu’ils se reprochent de quelque chose. Ils doivent savoir que la justice, dans des pays démocratiques, est intraitable et qu’elle finira par les avoir.
Gaspard Musabyimana
Le 11 novembre 2008