Dans un précédent article, j’ai souligné le courage de Rose Kabuye d’accepter, sans tergiverser, de se présenter devant la justice française. En réaction, un de mes lecteurs me fait observer qu’à son avis, l’arrestation de Rose Kabuye aurait été un plan concerté entre Kigali et Paris.

A la base de cette suspicion, il y a l’amitié que Bernard Kouchner (actuel ministre des affaires étrangères français) porte à Kagame et ses efforts pour essayer de renouer avec Kigali ; il a déjà fait 2 visites au Rwanda depuis sa nomination. Il y a également le désir du Président Sarkozy de tourner la page des années Chirac. C’est ainsi que, sous Sarkozy, la France a changé de position sur le dossier libanais et a renoué avec la Syrie, chose qui eut été impensable du temps de Chirac. C’est ainsi également que Sarkozy a encouragé Kouchner dans ses ouvertures envers Kigali et qu’il a lui-même rencontre Kagame en décembre dernier. Paris et Kigali aurait donc délibérément choisi Rose Kabuye parmi les différentes personnes contre lesquelles le Juge Bruguière avait lancé des mandats d’arrêt.

Parmi les dossiers de toutes ces personnes, celui de Rose serait le plus léger. Paris et Kigali auraient donc prévu l’obtention rapide d’un non lieu par Rose Kabuye. Un tel non lieu permettrait de discréditer l’ensemble du travail du Juge Bruguière, y compris les autres mandats d’arrêt, et de permettre à Paris et à Kigali de renouer sans perdre la face. Ce qui plaide en faveur de cette thèse est la persévérance de Rose Kabuye à aller en Allemagne alors que l’ambassade de ce pays à Kigali l’en avait dissuadée et l’avait même informée qu’elle risquait d’être arrêtée. Son empressement apparent d’accepter son extradition vers la France reste également suspect. Toute cette affaire ne serait donc qu’un coup monté, selon notre correspondant.

Gaspard Musabyimana
Le 14/11/2008