Rwanda : Coups bas dans le camp des professionnels des média
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Ce Rwanda actuel étonne de par le comportement affiché des citoyens poursuivant une même carrière et profession. Partout ce comportement dénote jalousie, haine, torpillage, coups bas, une mauvaise joie devant les déboires de son collègue et jamais franche amitié ou une jalousie positive.

C’est ce que nous remarquons dans l’arène politique ou dans la haute administration où quand une tête tombe, les autres concurrents se frottent les mains et sont pressés de se voir gratifier son poste sans jamais au préalable chercher à savoir le pourquoi de la déchéance et de la chute de ce malheureux. Ces hauts managers du pays savent bien entendu souvent que ce n’est pas le mérite qui compte, que non plus il n’y a pas de grande dextérité et beaucoup de savoir-faire à déployer à la tâche. Ils savent que les grandes manières exquises, les intarissables dithyrambes envers le pluviateur de la manne et la feinte sobriété dans le verbe, le rire et le manger (argent) ; que voilà les maîtresses qualités qu’il faut pour se forger une longévité à son ‘job’.

Oui mais alors, où trouvera-t-on les modèles de culture du travail bien fait, d’infatigabilité et de productivité pour la nombreuse classe de la jeunesse actuelle ? Allons ! On a beau crier les grands credo de la prospérité économique, pourtant on constate que plus de 80% de la population, soit-elle rurale ou urbaine affiche moins de 10% d’ardeur ou de sa force au travail.

Pourquoi notre presse ne relève-t-elle pas cette tare sociale et, comme un leitmotiv, la dissèque à plusieurs reprises dans ses colonnes ou sur ses ondes ? Bah ! Cela ne presse pas ! Pour l’immédiat, elle est occupée à se donner des coups bas et des coups de massue. Est-elle sciemment montée l’une contre l’autre, surtout la presse privée ? C’est ce qui est dit quand on voit l’acharnement qu’exerce un certain SHYAKA KANUMA de FOCUS contre Charles KABONERO d’UMUSESO. […].

On accuse certains pontes du pouvoir de désarticuler la presse indépendante rwandaise en semant la zizanie entre professionnels des média. Pour l’immédiat, il est pointé du doigt un chef d’espionnage qui financerait FOCUS de SHYAKA KANUMA. Moi, je ne trouve rien d’inconvénient. Le seul crime viendrait de ce SHYAKA qui accepterait l’injonction de médire son collègue. A-t-il accepté de servir sa plume aux officiels ? Bien ! Il n’a qu’a lutter contre sa conscience pour ce crime qu’il commet contre lui-même, contre l’honnêteté intellectuelle mais aller jusqu’à salir son collègue, à travestir la réalité, à faire un mensonge cru comme si c’est ainsi qu’on défend son régime ou ses maîtres ; là c’est le comble de l’aberration. Et il n’y a que les Rwandais, opportunistes véreux dans le sang et dans le cœur, versatiles à dunguem comme des nourrissons, qui sont capables de le faire.

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Pourtant à y voir de près, ce n’est pas ce genre de procédure de désarticulation de la presse qui est intéressant. Et puis a-t-on intérêt à ainsi lutter contre ce qu’ils appellent l’ivraie dans la presse ? La meilleure solution à lutter contre une ligne éditoriale acerbe d’UMUSESO et sérieusement critique parfois à tort ou sans beaucoup de fait étayant son argumentation, c’est la création de beaucoup de journaux spécialisés dans divers domaines de la vie sociale : journal du monde rural, revue des finances, feuillets d’art et culture, revue de politique… Et puis, comme ces différentes publications auront à traiter après mûres investigations les faits qui sont traités superficiellement par tel ou tel organe de presse, quoi donc si tel UMUSESO, UMUVUGIZI ou RUSHYASHYA ou UMUCO sont particulièrement sensationnels ? Pourquoi doit-on craindre qu’ils sévissent dans le camp des citoyens ? Et puis, s’ils ne lançaient pas un SOS au vu des dérapages des dirigeants, pense-t-on les dégâts qui seraient commis dans la gouvernance et administration de la société ? Le travail de la presse indépendante, quelle que soit la tournure de la plume utilisée, joue réellement un rôle de garde-fou des dirigeants qui se contiennent à éviter des dérapages. Ça, c’est la ligne éditoriale qu’ont décidé de suivre les périodiques indépendants ci-haut cités. Notez bien que cette fonction est hautement nécessaire dans la société ; celle de s’improviser contrôleur de l’action gouvernementale.

Aux autres de déployer une autre série de lignes éditoriales dont la publicité des loisirs, de la production agricole et industrielle, le commerce, l’éducation des droits de l’homme…

Voyez-vous, il importe de comprendre que la presse rwandaise est pauvre, peu nombreuse et n’embrasse pas toutes les sections de la vie socio-politique, économique, culturelle ou confessionnelle tout autant qu’il est peu louable la façon dont les officiels rwandais traitent une certaine presse d’ennemie du régime. La politique nationale en stratégies de rayonnement de l’information et de renforcement des média devrait clairement notifier que les officiels devraient de départir de cette dichotomie : friendly press and presse ennemie. En conséquence on verra la solidarité revenir dans le camp des professionnels des média avec en plus, un nouveau vent dans ce corps qui fera qu’on se prodiguera mutuellement des conseils contre les éventuels dérapages idéologiques de ces derniers.

NDJ

Extrait : Editorial
La revue hebdomadaire de la presse rwandaise
N° 385 du 15 au 21 juin 2009
Les Points Focaux

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