A l’attention de Monsieur Antonio Guterres Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés
CPI: Le Secrétaire Général ONU
Le Président de l’Union Africaine
La Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs
Leurs Excellences
· Le Président du Burundi
· Le Président de la RDC
· Le Président du Rwanda
· Le Président de la Tanzanie
· Le Président de l’Uganda
Monsieur le Haut Commissaire,
Pour le compte de la Fondation Terram Pacis-Terre de Paix-Agakiza, permettez-nous de vous interpeller au sujet des récentes conclusions de votre visite au Rwanda le 20 octobre 2009 pour « une issue appropriée et efficace » à la situation de réfugiés. Belle intention et vœux pieux que de vouloir fermer le chapitre des réfugiés dans certains pays avec comme corollaire de la clause de cessation du statut de réfugié pour les exilés de ces pays, dont le Rwanda.
Les réfugiés rwandais ont été toujours dans une situation désespérante sans que le HCR s’implique réellement dans une solution permanente, pacifique, digne et humaine depuis plus de 50 ans. Pour la fondation Terram Pacis-Terre de Paix-Agakiza, Il est donc grand temps que l’Organisation des Nations Unies et ses services dont le HCR respectent tout au moins les droits des réfugiés sinon la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme sur le cas du Rwanda, dont le conflit a déjà fait plus de 10 millions de victimes et jeté d’autres millions de personnes en exil.
La fondation Terram Pacis-Terre de Paix-Agakiza a pour but la culture démocratique en promouvant les idéaux démocratiques d’égalité, de fraternité, d’unité, de justice sociale, du respect de tout homme, de la propriété privée, de la paix ; bref de l’enseignement social de l’Eglise dont l’amour de Dieu et celui de son prochain. Terre de Paix Agakiza n’est ni un parti politique, ni une organisation de masse mais un lieu, un instrument de concertation, de dialogue et de réconciliation.
La vision d’Agakiza est un monde de paix débarrassé de faim, de conflits, de haine, d’injustice et des discriminations ; un monde où toutes les nations et les peuples vivent en dans une parfaite entente entre eux dans l’entière fraternité, et en harmonie avec la nature, bref, un monde où tout un chacun vit et pratique la culture de la paix, les fondements de la démocratie et de la chrétienté.
Nous portons à votre connaissance que notre association se trouve indignée par une telle intervention à l’encontre des réfugiés étant donné que le HCR ne les reconnaît même pas. Nous suivons depuis quelques années et de plus près le cas des réfugiés en provenance du continent africain, et en particulier ceux de la Région des Grands Lacs, et nous intervenons aussi à ce titre. En effet, nous estimons que depuis de longues années, le problème des réfugiés rwandais est mal géré par les Nations Unies et les chefs d’Etats en présence et que les Rwandais souffrent jusqu’aujourd’hui.
C’est un bon et un louable objectif que de rapatrier des réfugiés rwandais dans un climat de sécurité et dans la dignité comme vous l’avez déclaré. Les réfugiés n’attendent que cela depuis longtemps. Malheureusement votre plan semble être irréaliste si on analyse le climat sécuritaire dans toute la Région et plus spécialement au Rwanda, où les violences diverses et intermittentes ont déjà fait et font toujours des millions de morts, dont des chefs d’état.
On ne peut pas rapatrier les réfugiés rwandais au moment où des indications à peine voilées montrent que tout est en place pour une instabilité majeur dans ce pays. En plus des élections qui sont un facteur naturel déstabilisant pour des gouvernements, comme celui du Rwanda, qui ne maitrisent pas ou maîtrisent mal les systèmes démocratiques. Ces élections arrivent au moment où la famine fait rage et qu’un mécontentement s’observe non seulement dans la masse populaire mais aussi dans l´élite proche du pouvoir, ce qui est un fait plutôt inquiétant.
La littérature spécialisée et les informations objectives actuelles sur la situation sécuritaire, sur la pression sociale et sur les tensions socioéconomiques au Rwanda en disent long. Comme à l’accoutumée les signaux d’alarmes sont à l’orange. La preuve en est la taille de l’investissement dans les manœuvres et les lobbies pour le bien-paraître ou l’embellissement ou le maquillage de l’image du régime, allant à tromper même les gens désespérés comme les réfugiés. Des spécialistes de gros calibres s’agitent pour enfin sortir ou justifier l’image paisible d’un Rwanda sur la voie d’une justice, réconciliation, paix et développement exemplaires.
Il est important de noter que les Rwandais savent exactement ce qui les attend une fois rapatriés à la hâte sans le droit de choisir entre le retour volontaire, la réinsertion locale et la réinstallation dans un pays tiers. Ils connaissent eux-mêmes ce qui se passe dans la réalité. Ils n’ont peut-être pas l’occasion de s’exprimer par les moyens médiatiques traditionnels compte tenu du caractère secret, des enjeux et des codes de non-dit pour ce peuple. De plus, les intérêts politiques, économiques et militaires dans la région rendent toutes tentatives d’expression de la vérité moins prioritaires.
Les habitants de la Région sont habitués à vivre dans un monde de grands scénarios et de coups de désinformations spectaculaires, sournoises, ahurissantes, machiavéliques et destructifs, sans broncher, pour éviter d’être écrasés sans pitié comme on l’a constaté à plusieurs occasions surtout depuis 1990.
La situation sécuritaire au Rwanda ne peut se juger que par les faits : Est-ce qu’on n’a jamais vu des gens qui fuient la paix ? Ces réfugiés disséminés dans les forets seraient-ils des réfugiés économiques ?
Il faudrait regarder les faits concrets. Les gens ont peur à l’intérieur du Rwanda. Les prisons regorgent de milliers de personnes souvent sans dossier et cela depuis des dizaines d’années. Cela est très significatif et un message codé envoyé à tous les Rwandais, sans parler des procédures d’intimidation quotidiennes qui choquent l’esprit de la population, de quelque niveau qu’elle soit.
Des participants au pouvoir d’hier qui osent s’écarter de la doctrine « entendue », des règles du jeu typiquement rwandais et secrets, sont accusés de corruption et comme cela on a d’une pierre non pas deux coups mais bien trois coups : on paraît être exemplaire en descendant de gros poissons, on donne un message d’avertissement à quiconque voudrait s’élever contre la toute puissance du FPR et on se débarrasse des indésirables qui ont cessé de servir les intérêts attendus de lui. Par cette manœuvre savamment exécutée, les réfugiés n’ont qu’à rester là où ils sont à moins qu’ils affrontent l’inconnu ou le suicide en rentrant.
Loin du Rwanda, au Kenya, Cameroun, Belgique, la France, en Norvège, en Suède, en Grande Bretagne, au Canada, Etats Unis d’Amérique et autres, les réfugiés rwandais sont soit assassinés, soit terrorisés, harcelés ou jetés arbitrairement en prison. Les services de la sécurité rwandaise ont mis en place des cellules de diaspora dans les pays étrangers qui parfois fonctionnent comme de petits états dans les États. Lesdites cellules terrorisent les réfugiés par des harcèlements de types divers. Avec cela on sent déjà quel traitement on risque d’y avoir une fois au Rwanda, sans y avoir été invité, la plupart des réfugiés étant assimilés à des criminels à abattre.
Dans des métropoles occidentales on a un jeu de cache-cache et des réfugiés y sont menacés. Les cas les plus médiatiques sont ceux en rapport avec des membres de familles des opposants politiques qui se sont faits rosser à mort dernièrement en Belgique et en France. En Norvège, un rwandais a été exclu du Conseil d’administration de l’organisation « Diaspora du Rwanda» pour avoir téléphoné en RDC alors que l’organisation est supposée être apolitique et suivre la loi norvégienne. Tous ces faits suggèrent que le Rwanda connaît un régime loin d’être démocratique.
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Pour revenir à la situation à l’intérieur du pays, beaucoup de tribunaux Gacaca fonctionnent d’une façon arbitraire en contradiction avec la Déclaration Universelle de Droits de l’homme. La plupart des accusés ne disposent pas d’une défense digne. Preuve spectaculaire encore de dysfonctionnement de ces tribunaux, on a un cas de condamnation d’une personne décédée depuis une dizaine d’années, sa seule faute étant d’avoir été un frère de feu –Président Habyarimana. Cela ne rassure personne : faux procès, fausses victimes, faux bourreaux. On est dans la démesure. Des étrangers avertis qui ont séjourné et travaillé dans ce pays ont pu se rendre compte dans quel état d’esprit le rwandais moyen, se trouve, hutus et tutsis sans distinction. La peur s’est installée au sein de la population tant et si bien que des personnes qui en ont la possibilité fuient le pays. Un grand nombre de réfugiés rapatriés de force de la RDC se retrouve actuellement soit en Uganda, soit en Tanzania ou au Burundi
D’innombrables rwandais abandonnés qui n’ont pas reçu de statuts de réfugiés au Congo ne sont même pas inventoriés. C’est à se demander de qui ils relèvent. Si ceux qui étaient rentrés avant été reçus dans de bonnes conditions et avec une issue heureuse, pas de doute le bouche à oreille aurait marché positivement dans ce sens. Les derniers réfugiés rwandais venus du site de regroupement de Kasiki en RDC qui ont visité le Rwanda en ont tiré une image très négative. Leur rapport a circulé sur l’internet et sur certains médias ; il n’est pas passé inaperçu.
On ne peut donc pas rapatrier les rwandais au moment où les gens vivent dans la peur généralisée à l’intérieur et à l’extérieur du pays suite à plusieurs facteurs. Les élites ont peur et se plaignent moins certes, mais la population moins privilégiée vit dans une peur permanente.
Terre de paix, croit qu’il est judicieux de voir de plus près ce qui fait que les gens fuient le Rwanda en masse et d’examiner les motifs pour lesquels les réfugiés choisissent de mourir sous les balles de l’Armée rwandaise qui les pourchasse, aux morsures de serpents de la forêt dense congolaise, aux griffes des bêtes sauvages, maladies et j’en passe, au lieu de rentrer dans ce pays supposé PAISIBLE.
Et en attendant il faudrait que la communauté internationale sache combien de réfugiés rwandais se trouvent surtout en RDC, car ceux-ci n’ont jamais eu droit au traitement auquel ils ont droit, tel que reconnu par les textes fondateurs du HCR.
Depuis la prise du pouvoir par le FPR, Il y a plusieurs personnalités qui aiment leur pays et ont donné leur énergie pour le développer, mais qui finalement ont fui pays. Il y a eu la fuite de ministres en fonction, des ambassadeurs, des chefs du gouvernement, un président de l’assemblée nationale, des officiers supérieurs, généraux, colonels, major sans oublier le dernier Roi rwandais. Ils restent tous en exil et cette hémorragie qui vide le Rwanda de ses hauts cadres est loin de s’arrêter. Pourquoi ne rentrent-ils pas ? Posez-leur la question. Cela vous permettra d’ajuster votre position à l’égard des réfugiés rwandais.
Sur ce, nous invitons le HCR à être plus perspicace dans l’analyse de ce problème de réfugiés rwandais pour en trouver des remèdes plus appropriés, car tout compte fait, le remède se trouve plutôt du côté du Gouvernement rwandais qui doit en définitive démocratiser son système et garantir la paix et la sécurité à toutes les composantes de la société dans la paix, la justice et la réconciliation. Le HCR doit cesser de mener une politique de ségrégation en l’encontre des réfugiés, toutes ethnies confondues.
Comme la plupart des organisations rwandaises, nous nous attendons à l’implication de l’ONU et du HCR en particulier dans la recherche d’une solution permanente au problème des réfugiés, voire même y allouer des ressources humaines qui tiennent compte de l’avis des concernés.
Avec sincérité,
Mme Simba Rose
Responsable Europe
Terre de paix – Agakiza
www.terrampacis.com
refugeecrisis@terrampacis.com