« La population rwandaise doit vaincre la peur », dixit V. Ingabire. Comment?
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A son arrivée à Kigali le 16 janvier 2010, Victoire Ingabire, candidate aux élections présidentielles d’août 2010, a dans sa déclaration, invité les Rwandais à vaincre la peur qui les habite. Cette peur a été instillée à la population par une sorte de terrorisme depuis que le FPR a pris le pouvoir en juillet 1994. Il était alors permis aux militaires qui venaient de gagner la guerre de tuer par  "vengeance". La haute hiérarchie militaire a organisé des massacres monstres de la population dont ceux de Kibeho en 1995 avec plus de 10.000 morts, crime qui sont reste impuni ou ceux de 1996 lors de la destruction des camps de réfugiés hutu avec plus de 300.000 victimes, crime qui reste lui aussi impunis.

Les rescapés de ces vengeances et massacres de masse ne sont pas au bout de leurs peines. Ils sont malmenés, harcelés journellement, affamés, emprisonnés gratuitement, épiés, etc.

C’est ainsi que tout le territoire rwandais est quadrillé par des militaires. Ils sont éparpillés par petits groupes sur bon nombre de collines du pays. La nuit ils procèdent à des enlèvements des personnes ciblées la journée. Ils sont secondés par les membres de la défense locale, une milice chargée d’encadrer la population par tranches de 10 ménages. Ces miliciens sont armés, sans salaires et ne vivent donc que sur le dos de la population qu’ils rançonnent.

Il y a également la tentaculaire DMI (renseignements militaires). Ses agents sont infiltrés partout notamment dans les fameux "tribunaux Gacaca". Ceux-ci condamnent journellement à tour de bras des innocents à de lourdes peines allant de 30 ans de prison à la perpétuité avec isolement.

L’avènement récent des « Intore » (les élus, les meilleurs) est une autre trouvaille du FPR pour surveiller la population. Il s’agit des personnes choisies et qui passent de maison à maison pour demander à leurs occupants à quel parti politique ils sont affiliés. Actuellement, presque la majorité de Rwandais sont inscrits dans le parti FPR pour avoir la paix.

Le citoyen est tenu ainsi quotidiennement à l’œil par ces structures qui ne lui laissent même pas la liberté de mouvement. Ainsi, par exemple, une simple visite familiale doit faire objet de formalités administratives : un visiteur doit aller d’abord se faire enregistrer auprès de l’autorité sitôt arrivé dans une localité.

Comment, dans un tel climat, le citoyen ne peut-il pas avoir peur ? Peur parce qu’il est épié, quadrillé jusqu’à l’étouffement ; peur du lendemain car la prison est une épée de Damoclès qui tombe instantanément sur son cou ; peur de ne pouvoir pas circuler librement dans son pays ; peur du lendemain car la famine fait rage et le pouvoir ne veut rien savoir ; peur de l’avenir des enfants qui étudient dans une langue mi-Anglais, mi-Kinyarwanda alors que ceux des nantis poursuivent une scolarité normale bilingue français-anglais dans des écoles privées ; etc.

Victoire Ingabire a donc du pain sur la planche. La peur est ancrée profondément dans la population. Pour vaincre cette peur, il n’y a qu’un préalable : de démanteler tout le système mis sur pied par le FPR pour la pérenniser. La tâche est rude.

Gaspard Musabyimana
Le 25/01/2010

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