Rwanda-Justice : en République bananière, justice inhumaine.
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Rose Kabuye

Rose Kabuye est cette colonelle de l’Armée du FPR actuellement directrice du protocole de Paul Kagame. Elle fut impliquée dans l’attentat terroriste du 6 avril 1994 qui coûta la vie aux présidents Juvénal Habyarimana du Rwanda et Cyprien Ntaryamira du Burundi ainsi qu’à leurs suites. Ont également péri dans cet attentat trois citoyens français membres de l’équipage de l’avion abattu par des missiles sol-air tirés par un commando du FPR.

En 2006, sur plaintes des familles des victimes et après des années d’enquête, le juge anti-terroriste français Jean-Louis Bruguière émit neuf mandats d’arrêt visant des proches de Paul Kagame dont Rose Kabuye. Le régime de Kigali riposta par la rupture des relations diplomatiques avec la France. Devenu Ministre des Affaires étrangères de France, l’ami de longue date de Paul Kagame, le « french doctor » Bernard Kouchner s’employa à bloquer les poursuites engagées contre les proches de Paul Kagame allant jusqu’à se jouer le rôle de conseiller des inculpés rwandais au détriment des plaignants pourtant citoyens français.

Ainsi, en 2008 il a lui-même reconnu avoir conseillé au régime de Kagame de livrer un des inculpés à la justice française, ce qui permettrait d’avoir accès au dossier d’accusation et par la suite chercher comment le fragiliser. C’est ainsi que Rose Kabuye s’est faite arrêter en Allemagne et transférée à Paris. Cette mise en scène concoctée par B. Kouchner et P. Kagame donnera lieu à une série d’actions aussi burlesques que méprisables. Le régime de Kigali cria à la surprise et à la trahison de la part de l’Allemagne et rappela son ambassadeur à Bonn. Des manifestations "spontanées" furent organisées quotidiennement à Kigali drainant des foules aux cris de « Rendez-nous notre Rose… ». Le FPR n’a pas eu honte de mentir à sa propre population en la jetant dans la rue pour une "cause" que le régime savait pertinemment bien qu’il s’agissait d’une mise en scène.

Logée dans un hôtel de luxe à Paris, après avoir épluché le dossier avec ses avocats, Rose Kabuye toujours sous contrôle judiciaire, eu d’abord droit d’aller passer les fêtes de Noël et du Nouvel an auprès des siens à Kigali avant de lui permettre d’y rester . Sa seule parole comme quoi elle se présenterait chaque fois qu’elle serait convoquée a suffi pour que les juges la laissent en liberté conditionnelle.

Victoire Ingabire Umuhoza

Victoire Ingabire est cette femme politique qui préside un parti d’opposition : les Forces Démocratiques Unifiées : FDU. Elle vivait en exil en Hollande depuis 16 ans. Cette formation politique est active dans plusieurs pays étrangers. En 2009, ses leaders décident d’aller l’implanter au Rwanda en vue de l’élection présidentielle de 2010 et pour laquelle Victoire Ingabire fut désignée candidate des FDU. C’est ainsi que le 16 janvier 2010, Victoire Ingabire débarque à Kigali pour faire enregistrer son parti, poser sa candidature à l’élection présidentielle, faire campagne et se faire élire comme Présidente de la République en août 2010. Seulement c’était sans compter avec le régime dictatorial qui n’est pas du tout disposé à entendre une voix discordante dans le paysage politique rwandais.

–          Dès les premiers contacts avec l’administration locale de base, Victoire Ingabire fut physiquement agressée par des miliciens du parti au pouvoir, son collaborateur tabassé et son sac à main confisqué ;

–          La presse officielle et pro-FPR se déchaîna contre elle par des attaques souvent personnelles et abjectes. Le seul quotidien pro-gouvernemental « The New Times » a battu tous les records de bassesse dans laquelle peut tomber une presse partisane.

–          Elle fut convoquée dans le département de recherche criminelle (CID) de la police où elle fut accusée de « révisionnisme, de véhiculer l’idéologie du génocide et d’être en contact avec des groupes terroristes » ;

–          Son assistant fut jeté en prison, pour dit-on, avoir été condamné in abstentia à 19 ans d’emprisonnement par les fameux tribunaux populaires (on se croirait dans la Chine de Mao).

–          Comme le prévoit la loi sur les partis politiques, elle alla demander à l’administration habilitée l’autorisation de tenir le congrès constitutif de son parti. Il lui fut répondu qu’elle ne peut pas convoquer un congrès tant qu’elle sera  intérrogé par la police. Depuis lors, elle passe des journées entières dans les locaux de la police où les mêmes questions auxquelles elle a pourtant déjà répondu lui sont répétées en boucle, visiblement pour jouer sur ses nerfs et lui faire perdre du temps.

–          Le 23 mars 2010 elle devait prendre l’avion pour visiter sa famille en Hollande et revenir pour continuer ses activités politiques. La police l’empêcha d’embarquer et même la convoqua pour le lendemain dans ses bureaux . Elle y restera plus de huit heures. Par la voix d’un porte-parole du parquet, le monde apprendra que Victoire Ingabire est désormais interdite de sortie du pays car poursuivie pour des crimes graves par crainte qu’elle n’échappe à la justice, selon le régime.

Entre Kabuye et Ingabire qui est la plus susceptible d’échapper à la justice ?

Rose Kabuye est poursuivie pour un attentat terroriste qui a eu lieu en 1994 et qui coûta la vie à 12 personnes dont deux Chefs d’Etat en exercice et 3 citoyens français. Un mandat d’arrêt international a été émis contre elle. Elle n’a aucune attache en France Elle était venue en France contre son gré et ne souhaitait pas y rester. Au Rwanda elle est chez elle et elle est une dignitaire du régime. Visiblement elle était susceptible de ne pas se représenter à la justice française une fois autorisée à rentrer au Rwanda. Mais hélas, la justice française a estimé que Rose Kabuye peut vivre tranquillement chez elle en attendant la suite, alors qu’elle est inculpée d’attentat terroriste ayant coûté la vie à trois citoyens français entre autres.

Victoire Ingabire est rentrée librement et volontairement au Rwanda pour s’y installer et faire de la politique. Elle n’a commis aucun crime. On l’accuse des crimes « imaginaires ou indémontrables » comme le révisionnisme ou l’idéologie du génocide, pour visiblement la faire taire. On lui prête des intentions d’être à la tête des groupes armées jusque là inconnues alors qu’elle déclare qu’elle entend mener une action politique pacifique et qu’aucune preuve ne montre son appartenance à un quelconque mouvement armé. Elle devait se rendre en Hollande pour visiter sa famille et sa volonté de revenir continuer l’action politique au Rwanda même, est sans équivoque. Hélas, la justice rwandaise a estimé que Victoire Ingabire peut profiter de la visite à sa famille pour rester en Hollande et ne plus revenir implanter son parti au Rwanda comme elle le répète. En attendant, elle ne peut donc entreprendre aucune action politique au Rwanda, ni quitter le territoire pour ses affaires privées tout cela à cause des accusations inventées à cet effet. Pour neutraliser un opposant on ne peut pas trouver mieux.

Face à ce constat, qui peut encore donner crédit à la « Justice Rwandaise » qui n’est en fait qu’une machine policière aux ordres d’un régime totalitaire pour faire taire toute voix discordante ?

Emmanuel Neretse

Le 30/03/2010

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