Rwanda : Ni Dieu ni l’ONU
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« Ni Dieu ni l’ONU ».  Le peuple rwandais abandonné dans les mains des prédateurs. « Ni Dieu ni l’ONU» est une expression qui a été pour la première fois utilisée par les partis politiques dans la mouvance royale et les conservateurs au Rwanda dans les années 60. En effet, le roi qui attendait quelque chose de différent aux résultats du referendum supervisé par l’ONU (Organisation des Nations Unies) pour choisir entre le Royaume et la République, a été déçu et a prononcé avec un grand désespoir : « Nta Mana nta l’Onu ». Ce qui se traduirait ‘Ni Dieu ni l’ONU’ sous entendu : personne n’est là pour nous ! Au moins ce temps là, la décision était passée par la voie démocratique.

Au jour qu’il est maintenant, rien n’est plus surprenant, agaçant même de voir qu’un Rwandais ne peut pas se prononcer sur ce qu’il ne supporte pas. La raison serait-t-elle qu’il n’est pas prêt comme certains le disent ?[1] Je ne crois pas.

Il nous est de prime importance de rappeler ce qui suit : Le Rwanda est un petit pays (26.338 Km2) situé au centre de l’Afrique avec plus de tendances à l’Est que le centre. Ceci est dû au gouvernement en place qui, étant majoritairement composés des ex-réfugiés dans l’Est de l’Afrique, se voit fort attaché à la culture et la langue d’enfance de ses composantes. C’est ainsi que depuis 1994, le Rwanda a voulu s’associer plus à l’Est de l’Afrique que le Centre. La CEAC (Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale) ne signifie rien, la CEPGL (Communauté Economique des Pays des Grands Lacs) est paralysé. Ceci va de paire avec les langues : qui dit l’Est veut parler de Londres et sa Reine tandis que qui dit le centre ou l’Ouest signifie La France même si les Français semblent s’en foutre. Ceci explique aussi la rupture avec la francophonie en faveur de l’Anglophonie représentée par Commonwealth.

Le Rwanda étant petit, pauvre et dépourvu de toutes naturelles ressources, a été toujours et reste dépendent à la charité et la pitié des pays riches et forts tant militairement que économiquement. La guerre d’octobre 1990, la mort du Général Habyarimana en 1994, et le génocide n’ont fait qu’apporter de l’eau au moulin. En effet, le nouveau régime du FPR étant jeune et sans moindre expérience dans la gestion d’un pays, étant composé des ex-rebelles et bergers de bovins sans moindre idée de ce qu’un bureau administratif sent, étant une minorité avec un langage tout à fait dissonant avec celui de ceux qu’il veut dominer, rien n’ était à exclure s’il était pour renforcer l’efficacité du pouvoir issu de ce groupe (FPR) de gens avec têtes pleines de plans machiavéliques.

Il est à rappeler que le FPR a conquis le pouvoir, tout simplement parce qu’un embargo en armes venait d’être voté pour par l’Organisation des Nations Unies contre le Gouvernement quelques jours après la mort du Président Rwandais. C’est dans ce cadre que le groupe rebelle sans rencontrer de résistance aucune, est arrivé à assiéger Kigali. Qui leur a fourni d’armes et munitions ? Beaucoup de vous allez me dire l’Ouganda. Combien d’usines d’armes existent en Ouganda ? Quel était la capacité du gouvernement ougandais pour financer le FPR à 100% ? Sans doute aucun, une main invisible était derrière le Front patriotique Rwandais (FPR) qui ce moment-là venait d’avoir un autre alibi à avancer : arrêter le génocide.

La période de quatre ans qu’a duré la guerre, était plus que suffisante pour que tout Rwandais reconnaisse les atrocités commises par ce groupe ‘warlike’ qui se nommait plutôt un cœur d’Anges anti-génocidaires. Trois millions ont pris refuge dans les pays limitrophes et notre chère patrie est restée vide. Le nouveau gouvernement n’avait pas de choix que de rapatrier les réfugiés par tout moyen. C’est comme ça que ceux qui ont résisté n’ont pas pu échapper aux balles du FPR comme son président s’en félicite. Les Rwandais vivent apeurés et savent garder le silence aussi longtemps que Paul Kagame leur est proche toujours en attendant un jour où Dieu et l’ONU interviendraient. Sur le territoire rwandais, personne n’ose même pas prononcer le nom de Kagame pour éviter d’interrogatoires. S’il faut citer quelque chose à propos de Kagame, les Rwandais utilisent « Muzehe » un adjectif de la langue Swahili « Mzee » signifiant ‘le vieux’[2].

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Laissons ça de côté. Quatre semaines passées, nous avons eu le deuil mémorial du génocide qui d’ailleurs aujourd’hui continue. Le secrétaire général de l’ONU, le président des Etats Unies d’Amériques et différents dirigeants ont dit « qu’il fallait renouveler leur engagement » en disant « never again ». J’ai eu le temps de digérer ce mot et suis parvenu à cette conclusion : Un médecin qui veut soigner une maladie, examinerait d’abord les symptômes de peur qu’il ne guérisse pas les conséquences laissant la cause intacte susceptible de surgir dans le futur. Par déduction, qu’a-t-il causé le génocide ? Soignons la cause et puis il nous serait possible voire simple de faire disparaître les cicatrices.

Le peuple Rwandais vit une situation jamais vue dans l’histoire. Il a faim à la fois du pain et de paix, de tranquillité intérieure, de réconciliation plus réelle que caricaturée, de démocratie[3] et liberté d’expression, qui assureraient un avenir dépourvu de génocide transfiguré et de criminalité impunie que les uns intronisent sans se soucier de quoi que ce soit. Le libre média dénonce, les hommes de foi se prononcent, les femmes courageuses se lèvent, mais vous savez ce que l’ONU fait ? L’un de mes interlocuteurs m’a répondu : « Je vais vous dire, l’ONU S’EN FOUT ». Mais je sais que Dieu va intervenir très bientôt et qu’un jour « nous aimerons ceux qui nous ont tout provoqué »[4]. Cette fois-ci il y aura et Dieu, et l’ONU.

Enock B. Safari
e-mail :busenock@yahoo.fr 
Guyana-Georgetown

01/05/2010


 


[1] Paul Kagame, dans son discours le 18.04.2010, s’est félicité d’avoir fusillé les Réfugiés avant de rapatrier quelques uns (Rwanda News Agency).

[2] Dans cette culture, être vieux égale être sage; les Rwandais veulent amadouer Kagame pour rester en vie.

[3] Le Président rwandais au jour mémorial du génocide pour la 16ème fois, a dit dans son discours, que les Occidentaux veulent imposer la démocratie qu’ils ont eux-même acquise après des centaines d’années (Rwanda News Agency 07.04. 2010) faisant signe que les Rwandais n’ont qu’à attendre des centaines d’années pour être libres.

[4] Un extrait de l’une de mes chansons intitulée : « J’ai un rêve de la vérité » : Aimer =Châtier car ‘qui aime bien châtie bien’. Nous aimerons signifie nous châtierons.

 

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