Éphémérides Grands Lacs – Semaine du 6 au 12 septembre 2010
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RESUME : En RDC, la MONUSCO reste sur la sellette dans l’affaire des viols perpétrés au Nord Kivu en juillet – août 2010 : les casques bleus ont failli à leur mission a déclaré le sous-secrétaire de l’ONU chargé des opérations de maintien de la paix, tandis que 220 ONG congolaises réclament la publication à la date convenue (1er octobre) du rapport sur cette affaire. Pendant ce temps, la situation sécuritaire reste très précaire dans cette province. Tous les axes reliant Walikale à Bukavu, Goma et Kisangani sont en proie à l’insécurité, alors que de nouvelles vagues de déplacés se déplacent de Walikale et Lubutu au Maniema suite aux affrontements armés entre Maï-Maï Cheka et FARDC autour de l’aéroport de Kilambo. Plus au nord, les forces armées ont lancé une nouvelle offensive contre les rebelles ougandais de l’ADF/NALU. Au Sud Kivu, des affrontements ont eu lieu près de Fizi entre FARDC et Maï-Maï ainsi qu’une attaque des FDLR sur les hauts plateaux de Minembwe. Toujours au Kivu, le président Kabila, en tournée à Walikale et à Masisi, où il a promis de rétablir la sécurité, a décrété pour le Kivu-Maniéma l’interdiction « immédiate » de l’exploitation et de l’exportation des minerais (or, cassitérite, coltan), ce qu’approuve le président de la société civile de Walikale qui fait cependant remarquer que les populations tirent leur survie de l’exploitation de ces minerais.

En Equateur par contre, la situation sécuritaire se normalise : beaucoup de déplacés de Dongo ayant fui les hostilités rentrent chez eux.

Dans le domaine politique, les bureaux du Sénat et de l’Assemblée nationale ont harmonisé leur calendrier pour la prochaine session budgétaire : certains parlementaires estiment toutefois que cette session sera surtout centrée sur des enjeux politiques plutôt que budgétaires (élections, révision de la constitution…). Pour ce qui regarde les provinces, le Premier ministre a promis aux présidents des assemblées provinciales de trouver des solutions aux difficultés de fonctionnement de leurs institutions en matière de dotations. Par ailleurs, le président de l’assemblée provinciale de Kinshasa a été démis de ses fonctions pour détournement.

Dans le domaine de la justice et des droits humains, les audiences se poursuivent dans le procès Yangambi, avocat et dirigeant d’une ONG des droits de l’homme poursuivi pour participation à un mouvement insurrectionnel. Par ailleurs, le gouvernement s’est engagé à ouvrir une enquête sur l’enlèvement du président de la société civile de Masisi. Enfin, les magistrats récemment nommés, à qui le président Kabila demande un comportement irréprochable, se plaignent de ne pas avoir reçu leur affectation.

Dans le domaine économique et financier, la saga de First Quantum continue à faire des vagues. Le tribunal de grande instance de Kipushi a procédé à la saisie des mines exploitées par les filiales de la société canadienne. Tandis que les agents de ces filiales, qui réclament leurs indemnités de sortie, se sont heurtés à la police à Sakania, la société canadienne a déclaré vouloir intenter un procès à la compagnie kazakhe qui s’est vue octroyé ses concessions et qui rejette les accusations contre elle par First Quantum. Signalons aussi que le FMI s’est déclaré satisfait de la bonne exécution du programme conclu avec le gouvernement. Enfin, on reparle de la réalisation d’un ancien éléphant blanc, le port en eaux profondes de Banana qui sera construit dans le contexte de la construction du chemin de fer reliant Banana à Kinshasa (et non plus de l’édification d’une usine d’aluminium comme en 1975.

Dans le domaine des grèves, les chefs de travaux et assistants de l’Université de Kisangani ont observé un arrêt de travail pour non-paiement d’une prime.

Dans le domaine des relations extérieures, le ministre Lambert Mende a salué le niveau des maturations des relations entre la Belgique et le Congo dans le contexte de la remise de mobilier à l’agence de presse officielle du Congo.

Au Burundi, où la coopération militaire belge a repris avec l’envoi d’une demi-douzaine de formateurs, les problèmes de sécurité persistent toujours en dépit de la tenue d’élections : deux militants du parti présidentiel ont été tués par des hommes en uniforme, tandis qu’un officier supérieur, anciennement membre du FNL, a disparu : il aurait rejoint un nouveau groupe rebelle armé. Sur le plan politique, les élections collinaires ont débuté, alors que les conseillers communaux de l’opposition ne suivent plus le mot d’ordre de leurs dirigeants dont certains seraient partis à l’étranger. Dans le domaine des droits de l’homme, un journaliste a été mis en détention pour avoir émis des doutes sur la capacité du pays à prévenir un attentat comme celui perpétré récemment par les islamistes somaliens à Kampala. Enfin, dans le domaine économique, des investisseurs privés étrangers ont investi près de 150 millions $ principalement dans la tourisme burundais.

En Ouganda, un journaliste kenyan a été interpellé dans le cadre de l’attentat des islamistes somaliens.

Au Rwanda, où quatre anciens proches de Kagame ont appelé les Rwandais et la communauté internationale à mettre fin au régime de ce dernier, le président a dénoncé, lors de son discours d’investiture, les « mensonges » proférés par l’étranger sur son pays, allusion aux allégations d’un projet de rapport onusien sur des actes de génocide perpétrés par son armée en RDC entre 1996 et 2003. Ce rapport continue à faire beaucoup de bruit : le Secrétaire général des N.U. s’est rendu en personne à Kigali pour tenter d’apaiser la colère du Rwanda et la menace de retirer ses troupes du Darfour. Toujours dans le domaine diplomatique, le président Kabila, qui a assisté au discours d’investiture de son homologue rwandais, a eu pour la première fois un tête-à-tête avec Paul Kagame : il a peut-être été question du lancement d’une nouvelle opération conjointe rwando-congolaise dans un Kivu où les groupes armés ont repris l’initiative (voir supra). Enfin, à Bruxelles, deux rescapées du génocide de 1994 ont intenté un procès à l’Etat belge et à trois officiers belges pour avoir laissé massacrés des civils réfugiés dans une école technique à Kigali : l’association rwandaise des rescapés du génocide, Ibuka, soutient cette initiative.

Kris Berwouts
Eurac
12/09/2010

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