RESUME : En RDC, ce sont toujours les viols collectifs qui se sont produits en juillet – août dans le territoire de Walikale qui retiennent l’attention. En mission dans la région, l’envoyée spéciale de l’ONU a une nouvelle fois son horreur de ce qui s’est produit, ces violences étant « le principal obstacle à la paix » : selon elle, la MONUSCO doit disposer de moyens adéquats et son départ à la mi-2011 est « inimaginable ». L’envoyée spéciale fait aussi appel à l’Union européenne qui a dépêché sur place une délégation conduite par un ambassadeur belge pour s’enquérir de la situation politique et sécuritaire. De son côté, le Parlement européen a approuvé une résolution condamnant les viols massifs. Réagissant pour une fois de manière proactive, la MONUSCO a procédé, en collaboration avec l’armée, à l’arrestation d’un lieutenant-colonel Maï-Maï impliqué dans ces viols. Une telle opération n’est toutefois plus reproductible car, selon un expert militaire de l’ONU, les coupes sombres dans le budget de la MONUSCO, du fait de son départ prochain, signifient qu’il n’y aura plus de force héliportée pouvant opérer de manière efficace.
Le rapport onusien sur les crimes de guerre commis en RDC entre 1993 et 2003 fait lui aussi l’objet de commentaires : le gouvernement congolais, qui approuve la teneur de ce rapport tout en regrettant que des sources congolaises officielles n’aient pas été utilisées, s’est déclaré ouvert à la création de juridictions spécialisées pour juger les criminels. De son côté, l’ancien procureur du TPIR, Louise Arbour, se félicite que le rapport ait été publié tel quel et que l’ONU ait résisté aux pressions pour en altérer certains passages.
Sur le terrain, un rapport confidentiel de l’ONU fait état de ce que les FARDC continuent à être impliquées dans l’exploitation illégale des minerais en territoire de Walikale, alors que la RDC, qui a suspendu l’exploitation et l’exportation de minerais au Kivu-Maniema, a approuvé, avec 11 autres pays de la région, un système de certification des minerais qui devrait empêcher le commerce de ceux qui proviennent des zones de guerre. Toujours au Kivu, la société civile de Beni a publié un rapport répertoriant les enlèvements et exécutions sommaires opérés par les rebelles ougandais de l’ADF/NALU.
En Equateur, la situation sécuritaire paraît calme en dépit de certaines tracasseries militaires le long du fleuve Ubangi et de la question des réfugiés congolais au Congo-Brazzaville qui ne souhaitent pas rentrer au pays. Signalons aussi que la Haut Commissaire adjoint des N.U. aux droits de l’homme effectue un séjour dans la province pour enquêter sur les viols massifs qui y ont eu lieu en 2004.
Toujours dans le domaine de la sécurité, on signalera la disparition mystérieuse d’un général, ancien ministre de l’Intérieur et chef d’état-major des forces navales.
Dans le domaine politique, une vingtaine de partis de la majorité présidentielle dénoncent leur exclusion de la gestion du pouvoir par certains de leurs collègues. Par ailleurs, le budget 2011 a été présenté par le Premier ministre à l’Assemblée nationale dans un contexte de légère croissance, d’une diminution de l’inflation mais de la dépréciation du franc congolais : un peu moins de la moitié de ce budget proviendra de contributions extérieures. Dans le domaine électoral, le déploiement des kits électoraux s’accélère avec un appui logistique de la MONUSCO, tandis que l’UDPS, le RCD et l’UN se sont réunis pour dégager un consensus autour de la nomination des trois candidats de l’opposition à proposer à la CENI.
Dans le domaine de la justice, le ministre concerné annonce sans autre précision la tenue prochaine du procès relatif au meurtre du militant Floribert Chebeya : à ce sujet, des ONG demandent au président de la République de nommer deux magistrats militaires de carrière pour juger de cette affaire. La presse commente largement le soi-disant « suicide » en prison de l’auteur du jet de pierre contre le cortège présidentiel, tandis que la MONUSCO exprime son « inquiétude » sur cette affaire : tous les protagonistes arrêtés dans le cadre de cette affaire ont été finalement libérés. Par ailleurs, le général Bosco Ntaganda, inculpé par la CPI, a répondu pour la première fois à une interview au cours de laquelle il affirme avoir reçu un mandat officiel de coordinateur des opérations contre les FDLR, ce qui est démenti par la MONUSCO et par les autorités militaires : il refuse de quitter son bastion du Kivu et de répondre de ses actes devant la CPI tant que les Tutsi congolais ne sont pas rentrés au Congo et tant que les FDLR ne sont pas chassés. On signalera aussi que cette même CPI a décidé la reprise du procès du chef de guerre Thomas Lubanga à la satisfaction des ONG des droits humains et de son ancien mouvement rebelle. Dans le domaine de la justice civile, le député Mukonkole, accusé de vols de véhicules, a été libéré du fait du manque de quorum au niveau de la Cour suprême de Justice. Enfin, une ONG demande que soit voté un projet de loi contre la peine de mort déposé à l’Assemblée nationale par deux députés.
Dans le domaine économique, les opérateurs de la FEC se disent victimes de l’instauration désordonnée de taxes provinciales.
Au Burundi, la situation politique reste malsaine : deux militants d’un parti d’opposition ont été retrouvés morts après leur arrestation, tandis qu’une radio privée très populaire au Burundi dénonce le harcèlement de ses cadres administratifs et de ses journalistes, convoqués ou détenus de manière intempestive. C’est dans ce contexte que la mission de l’ONU au Burundi, dont le patron a démissionné avant terme, se termine au 31 décembre 2010. Enfin, on signalera qu’un premier convoi de plus de 200 réfugiés burundais se trouvant au Sud Kivu est rentré au pays : ils sont environ 10.000 sur 15.000 à exprimer leur souhait de rentrer.
En Ouganda, le principal opposant au président Museveni a déclaré que son parti ferait un décompte séparé du résultat des élections de 2011. Par ailleurs, la justice ougandaise va prochainement entendre la quarantaine de suspects impliqués dans les attentats islamistes récents. Enfin, l’Ouganda, qui s’était indigné du rapport de l’ONU sur les crimes commis en RDC entre 1993 et 2003, annonce qu’il ne retirera pas ses troupes de la force de paix africaine en Somalie contrairement à ce qu’il avait annoncé.
En ce qui concerne le Rwanda, la France décidera prochainement si elle procède à l’extradition d’un médecin accusé de génocide par Kigali.
Kris Berwouts
Eurac
10/10/2010
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