RESUME : Au Burundi, les actes de violence se poursuivent quasi-quotidiennement. Trois personnes dont un membre influent du parti CNDD ont été tuées à Bujumbura (BUR_1), tandis que des tirs d’armes sont régulièrement entendus dans les trois quartiers de la capitale qui forment les foyers de contestation (BUR_2). Sur le plan politique, les analystes demeurent pessimistes sur l’espoir d’une négociation entre le pouvoir et l’opposition (BUR_3). De leur côté, le CNARED où sont rassemblés les opposants et la société civile proteste contre le harcèlement à l’égard de ses membres (BUR_4). Sur le plan international, le Secrétaire général des N.U. et les envoyés spéciaux lancent une nouvelle fois un appel au dialogue (BUR_5), alors que la présidence, qui cherche des appuis en dehors du cercle de ses partenaires traditionnels, dont celui de la Chine et de la Russie, a procédé à la signature d’un accord économique et commercial avec la Turquie (BUR_6).
En RDC, la situation sécuritaire est toujours précaire dans les deux Kivu et en Province Orientale. Au Sud Kivu, des éléments de la milice Raïa Mutomboki occupent une dizaine de villages dans le territoire de Shabunda (RDC_1), tandis que des mouvements de population fuyant les exactions de cette milice sont observés dans les territoires de Walungu et Kabare (RDC_4). Toujours au Sud Kivu, des affrontements ont eu lieu entre la milice Yakutumba et les FARDC dans le territoire de Fizi (RDC_7), tandis qu’un chef de milice, déserteur des FARDC, a été tué suite à un affrontement avec l’armée (RDC_2).
Au Nord Kivu, six militaires ont été tués dans une embuscade dans le territoire de Walikale (RDC_5) où un chef des Raïa Mutomboki s’est rendu à la MONUSCO (RDC_3), tandis que les FARDC et les combattants du FDLR se sont affrontés à la frontière des territoires de Walikale et de Masisi (RDC_6).
En Province Orientale où l’on signale un afflux de populations sud-soudanaises dans le territoire d’Aru (RDC_8), une centaine d’enfants soldats embrigadés dans le FRPI, une milice en perte de vitesse selon la MONUSCO et dont deux membres ont été tués au cours d’un accrochage avec les FARDC, ont été libérés (RDC_9) (RDC_10).
Toujours dans le domaine de la sécurité, le patron de la MONUSCO, Martin Köbler, quittera ses fonctions le 31 octobre prochain sans avoir pu à améliorer la coopération avec les FARDC qui est au point mort (RDC_15).
Dans le domaine politique, les envoyés spéciaux en RDC ont insisté une fois encore et cette fois-ci collectivement sur les mesures urgentes à prendre pour la tenue d’élections crédibles et transparentes, en particulier pour ce qui regarde l’élection présidentielle qui devrait se tenir l’an prochain dans les délais constitutionnels prévus. Bien que le ministre porte-parole du gouvernement affirme être confiant, certains diplomates estiment que les élections n’auront pas lieu dans les temps (RDC_16) (RDC_17). On signalera également qu’une manifestation d’une centaine d’opposants de la diaspora congolaise s’est tenue à Bruxelles : les intéressés s’opposent à la tenue du dialogue national organisé par le président Kabila, qui ne serait qu’une manœuvre de diversion pour se maintenir au pouvoir, et à la participation de l’UDPS au gouvernement (RDC_11).
Dans le domaine de la justice et des droits de l’homme, l’événement le plus commenté de la semaine concerne l’ouverture du procès du chef de guerre d’origine rwandaise, Bosco Ntaganda, à la CPI où cet ancien général de l’armée congolaise et chef du M23 plaide non-coupable : la société civile et la classe politique demandent qu’il soit aussi jugé pour de possibles crimes commis au Nord-Kivu (RDC_13). À Kinshasa, la cour militaire a requis une condamnation à la prison à perpétuité des cinq auteurs présumés du meurtre de Floribert Chebeya (RDC_12). Enfin, le film sur l’action du docteur Mukwege qui répare les femmes au Kivu a été interdit de diffusion en RDC au prétexte qu’il contient des calomnies sur les FARDC : le patron de la MONUSCO et le docteur Mukwege ont condamné cette interdiction (RDC_14).
En Ouganda, le parlement examine un projet de loi qui confère un large pouvoir sur les ONG et qui inquiète beaucoup de organisations des droits de l’homme (OUG_1).
EURAC
BURUNDI
Sécurité, Armée…
(BUR_1) APA – 31/8
Trois personnes dont un membre influent du parti au pouvoir ont été tuées à Bujumbura dans la nuit de dimanche à lundi, selon les témoins rencontrés sur les lieux du drame.
La victime proche du parti au pouvoir mais dont l’identité n’a pas été dévoilée avait récemment aménagé à Ruyaga dans la province de Bujumbura rural, fuyant ainsi sa localité de Buzige pour des raisons de sécurité. En effet, sa maison a été brûlée lors des manifestations contre la troisième candidature du président Nkurunziza.
La police a ceinturé les lieux du crime pour essayer de mettre la main sur les auteurs du crime, selon des témoins qui confirment la mort de deux personnes tuées dans le quartier de Musaga : un étudiant de l’Université du Burundi et un domestique. Trois autres personnes ont également été blessées, d’après les mêmes témoins. Leurs assassins étaient en tenue militaire et ils ont pris le large, aussitôt leur forfait accompli.
(BUR_2) RFI – 2/9
La nuit dernière a été plus que mouvementée à Bujumbura, la capitale du Burundi. Ce regain de violences touche trois quartiers : Jabe, Nyakabiga et Musaga, trois hauts lieux de la contestation. Des détonations de grenades, des tirs de fusils et même de roquettes ont été entendus dans la nuit entre mardi et mercredi. À la mi-journée ce mercredi 2 septembre, ils se faisaient encore entendre dans le quartier de Musaga.
C’est la première fois depuis un mois et demi qu’un tel niveau de violences est atteint au Burundi. Les premiers tirs ont été entendus en début de soirée. La nuit a été terrible, surtout à Nyakabiga, selon un riverain avec lequel RFI s’est entretenu.
À Jabe, autre quartier contestataire, un corps sans vie a été retrouvé, selon des habitants. Ces derniers affirment qu’il s’agissait d’une personne étrangère au quartier. Très vite, des policiers ont tiré en l’air pour disperser le groupe qui s’était formé autour du corps. Des fouilles de certaines maisons ont eu lieu dans la foulée. On parle de plusieurs arrestations.
Enfin, à Musaga, les tensions se poursuivent. Les rafales de tirs alternent sporadiquement avec les explosions de grenades. La police a repris le contrôle de la route nationale qui traverse le quartier, mais les habitants parlent de barricades à l’intérieur, de pneus qui brûlent.
« Les jeunes sont en colère après la mort de deux habitants dans la nuit de dimanche à lundi. Ils ont repris les rondes et disent qu’ils en ont marre d’être tués ou arrêtés », explique un habitant.
Selon un haut responsable de la police, les trois quartiers sont bouclés par ses hommes et l’armée. Des opérations de fouilles sont en cours. Personne ne peut en sortir. D’après des sources officielles locales, quatre personnes sont mortes depuis mardi soir.
Vie politique…
(BUR_3) AFP – 29/8
Le retour au premier plan, au Burundi, d’un dur du parti au pouvoir, dans un gouvernement dominé par des fidèles à la loyauté éprouvée, consacre la ligne inflexible adoptée depuis le début de la crise par le président Pierre Nkurunziza et douche les espoirs d’ouverture entrevus, selon les analystes.
Face à la crise émaillée de violences meurtrières qui a éclaté fin avril avec l’annonce de sa candidature à un troisième mandat, jugé anticonstitutionnel par l’opposition, la société civile, l’Eglise catholique et une partie de son parti, M. Nkurunziza et ses soutiens ont rarement dévié d’une position intransigeante, quitte à diviser le pays et à l’isoler sur la scène internationale. « Le message envoyé par Nkurunziza avec ce nouveau gouvernement est « je ne lâche rien », et c’est dans la droite ligne des décisions prises jusqu’ici », commente un universitaire burundais ayant requis l’anonymat.
Avant sa réélection au 1er tour le 21 juillet, lors d’une présidentielle jugée non crédible par l’essentiel de la communauté internationale, le camp de M. Nkurunziza a étouffé dans le sang six semaines de manifestations quasi-quotidiennes à Bujumbura, maté une tentative de coup d’Etat militaire, et largement purgé son parti, le CNDD-FDD, de ses « frondeurs ». « Depuis le début de la crise, le camp présidentiel s’est montré intransigeant, bien décidé à mettre Nkurunziza au pouvoir quelles qu’en soient les conséquences », poursuit cet universitaire, « avec ce gouvernement, il vient parachever le processus du fait accompli utilisé jusqu’ici ».
Le retour au premier plan du général Alain-Guillaume Bunyoni montre que « les radicaux sont aux manettes », explique Thierry Vircoulon, de l’International Crisis Group (ICG). « Lui confier (le ministère de) la Sécurité publique montre que le message est +on continue la même politique répressive qu’avant+ ».
Un temps pressenti comme dauphin de M. Nkurunziza, le commissaire de police Bunyoni, homme-clé de l’appareil sécuritaire, a longtemps été considéré comme l’un des deux personnages les plus influents autour du président, avec le général Adolphe Nshimirimana, tué dans une embuscade le 2 août à Bujumbura.
Plusieurs hauts cadres militaires membres du CNDD-FDD avaient obtenu fin 2014 la tête des deux hommes, controversés jusque dans leur propre camp. M. Nkurunziza avait limogé M. Bunyoni de la tête de son cabinet civil et le général Nshimirimana de la direction du Service national des Renseignements (SNR). Un limogeage de façade, leur influence étant restée intacte dans l’ombre, selon des observateurs. « Avec la mort d’Adolphe (Nshimirimana), Bunyoni est (désormais) la pièce maîtresse » du pouvoir en matière de sécurité, confie un analyste. « Le pouvoir envoie un message pour dire en quelque sorte qu’il est « prêt à la confrontation pour imposer définitivement ses positions » », estime de son côté l’universitaire.
Le retour dans la lumière de M. Bunyoni montre aussi que le camp Nkurunziza a purgé le parti de toute contestation interne et qu’il n’entend pas céder aux pressions internationales. « Bunyoni est la bête noire de la communauté internationale » qui a menacé le pays de sanctions et espérait un assouplissement du régime après les élections, rappelle M. Vircoulon.
« Il n’y a aucune volonté d’ouverture, si on s’en tient au signal lancé par Nkurunziza avec ce nouveau gouvernement », analyse Innocent Muhozi, figure de la société civile burundaise. « C’est une confirmation de la ligne dure, avec un semblant d’ouverture », symbolisée par cinq ministères attribués à des partisans d’Agathon Rwasa, considéré jusqu’à l’élection comme le principal opposant à M. Nkurunziza. Titulaires de portefeuilles secondaires, ils « n’auront aucun poids », souligne M. Muhozi. A l’inverse du reste de l’opposition, M. Rwasa a accepté après les élections de « jouer le jeu » des institutions, en siégeant avec ses troupes à l’Assemblée, dont il est devenu le 1er vice-président.
« L’intégration des affidés d’Agathon Rwasa dans le gouvernement se fait à des postes ministériels qui ne sont pas stratégiques. Ils entrent au gouvernement par la petite porte », abonde M. Vircoulon. Le gouvernement comprend douze ministres hutu et huit Tutsi, conformément à l’équilibre prescrit par la Constitution. Mais « le respect apparent des quotas ethniques ne masque pas le fait qu’il s’agisse d’un gouvernement formé par des partis majoritairement hutu », note le chercheur. Ce qui suscite des craintes au sein de la communauté tutsi, accusée de mener la contestation par certains durs du CNDD-FDD, ex-rébellion hutu ayant combattu l’armée dominée par la minorité tutsi durant la guerre civile qui fit 300.000 entre 1993 et 2006 et reste ancrée dans les esprits. Mais le pouvoir n’est pas seul à se durcir. L’opposition se radicalise et les armes prolifèrent dans les quartiers contestataires de Bujumbura, faisant resurgir le spectre de violences à grande échelle dans un pays à l’histoire post-coloniale jalonnée de massacre ethniques.
Lire aussi sous :
https://storify.com/Emayi2011/le-burundi-dans-le-piege-des-obstinations-politiqu
(BUR_4) RFI – 30/8
Le Cnared proteste contre le harcèlement de ses membres. Le Cnared, c’est la nouvelle plateforme opposée au troisième mandat de Pierre Nkurunziza. Celle-ci est composée d’anciens du régime, d’opposants et de responsables de la société civile. Cette semaine, deux de ses membres ont connu des déboires : l’ancien porte-parole du parti au pouvoir Onesime Nduwimana, qui vit aujourd’hui en exil, a été retenu à l’aéroport de Bruxelles jeudi 27 août, et l’hôtel du président du Frodebu Nyakuri, Jean Minani, où il vit habituellement, a été investi par la police.
Pour le porte-parole du Cnared, Pancrace Cimpaye, ce harcèlement met en péril de futures négociations entre le régime et sa plateforme : « Nous protestons vivement que l’hôtel de l’honorable Jean Minani qui est un conseiller envoyé spécial du président du Cnared soit attaqué. Ils ont encerclé son hôtel. Ils ont vandalisé parce qu’ils ont forcé les portes pour rentrer croyant que le docteur Jean Minani était à l’intérieur. Mais il n’était pas là. »
Par ailleurs, continue la Cnared, « nous protestons une fois de plus contre l’incident que l’honorable Onesime Nduwimana a dû subir à l’aéroport de Bruxelles, jeudi. C’est peut-être une liste noire qui a été donnée par le gouvernement de Bujumbura. On a signalé que son passeport devait être saisi. Alors il a été présenté comme un criminel. Mais vérification faite, on a trouvé que c’était pour des mobiles fallacieux politiques. La protestation est d’autant plus grande que toutes ces mesures sont faites par un gouvernement illégal. »
« Nous prenons à témoin la communauté internationale contre ce harcèlement de ce membre de la Cnared, lance encore Pancrace Cimpaye, alors que précisément le Cnared a comme option de tendre la main au pouvoir de facto de Bujumbura afin qu’on puisse discuter que ce harcèlement est de nature à ne pas faciliter honorablement les négociations de sortie de Nkurunziza. »
Relations extérieures
(BUR_5) AFP – Belga – 28/8
Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a lancé vendredi un nouvel appel au dialogue politique au Burundi, quelques jours après la formation d’un gouvernement dominé par les fidèles du président réélu Pierre Nkurunziza.
Rappelant dans un communiqué le 15ème anniversaire de l’accord de paix d’Arusha (Tanzanie), M. Ban a constaté que « jamais l’esprit de (cet) accord n’aura été autant remis en cause qu’au cours des cinq derniers mois ». Le secrétaire général « encourage le peuple burundais à renouer avec l’esprit de dialogue, de consensus, de démocratie et de résolution pacifique des différends incarné par cet accord ». Les dirigeants burundais, a-t-il ajouté, doivent « faire preuve de courage et de clairvoyance en renouant le dialogue avec leurs adversaires politiques » pour éviter un retour de la violence.
Le président burundais a nommé mardi le premier gouvernement de son 3e mandat controversé, largement composé de fidèles et dominé par des « durs » du régime. Selon des analystes, il maintient ainsi une ligne inflexible, au détriment des espoirs d’ouverture. M. Nkurunziza a aussi appelé mercredi la population du Burundi à participer à la « destruction » des groupes armés actifs notamment à Bujumbura.
Lire aussi sous :
(BUR_6) RFI – 30/8
C’est via Twitter que la présidence du Burundi a annoncé la signature d’un accord de coopération économique et commerciale entre le Burundi et la Turquie. Puisque ses partenaires traditionnels occidentaux ont suspendu – ou menacé de suspendre – leur coopération en raison du processus électoral contesté, Bujumbura cherche donc à diversifier ses partenariats.
Ça commence par Ankara. Mais d’autres capitales vont suivre, promet un officiel burundais. Cet accord avec la Turquie dont RFI a reçu copie prévoit de faciliter les échanges commerciaux entre les deux pays, notamment par l’échange d’informations, des invitations réciproques, l’organisation d’expositions et la création d’une commission d’économie mixte.
C’est une société de télécoms basée en Turquie, ITS, qui a d’ores et déjà obtenu le contrat pour l’installation, l’exploitation des réseaux et services destinés à gérer la totalité du trafic téléphonique et satellitaire en provenance ou à destination de l’étranger. Pas de détails sur le montant de ce contrat. « Il n’y a pas que les pays occidentaux, même si on espère qu’ils vont revenir sur leur décision », indique cet officiel burundais, indiquant que la Russie, la Chine, l’Egypte – entre autres – qui avaient félicité le président Nkurunziza pour sa réélection ne verraient aucune objection à accroître leurs relations commerciales avec le Burundi.
« Le problème, c’est qu’en dehors du café, le Burundi est surtout importateur. Il produit peu et a besoin d’énormément de devises pour payer les importations et notamment le carburant », explique un opérateur économique local qui redoute une inflation galopante et des pénuries dans les mois qui viennent. « Sans compter qu’il leur sera de plus en plus difficile payer les salaires », poursuit-il. « Depuis des mois, on nous promet le pire, mais l’Etat fonctionne et les gens vivent normalement et ça va continuer », assure néanmoins un proche du régime.
Lire aussi sous :
http://foreignpolicy.com/2015/08/28/how-the-west-lost-burundi/
OUGANDA
Justice, Droits de l’homme…
(OUG_1) AFP – 1/9
Les parlementaires ougandais ont entamé mardi l’examen d’un projet de loi donnant aux autorités de très larges pouvoirs de contrôle sur les ONG et dont les défenseurs des droits de l’homme craignent qu’il permette au gouvernement d' »étouffer » toute critique. Selon des associations ougandaises, cette législation, si elle était adoptée en l’état, accorderait au gouvernement des pouvoirs sans précédents, lui permettant notamment de faire fermer les ONG et d’emprisonner leurs membres. L’avocat et militant Nicholas Opiyo, de l’ONG Chapter Four de défense des libertés civiles, a dénoncé une « loi liberticide qui restreindra l’espace civique ».
Les groupes de défense de la cause homosexuelle sont particulièrement inquiets, estimant qu’ils seraient les premiers visés.Ils étaient déjà la cible d’un récent texte anti-homosexualité qui réprimait notamment sa « promotion » avant d’être été annulé pour des raisons de procédure par la Cour constitutionnelle. Les ONG travaillant sur des questions sensibles telles que le pétrole, l’accaparement des terres et la corruption craignent également que la future loi limite les capacités d’action.
Le texte examiné estime que « la croissance rapide des ONG a débouché sur des activités et méthodes de travail subversives », qui « nuisent à la responsabilité et à la transparence dans le secteur ». Une disposition, qui interdit aux ONG de se livrer « à des activités (…) contraires à la dignité du peuple d’Ouganda », est particulièrement critiquée en raison de sa très large interprétation possible.
Aux termes de cette loi, le ministre ougandais de l’Intérieur et un Conseil national des ONG auront le pouvoir d’autoriser, superviser, contrôler et dissoudre toute organisation si « cela est dans l’intérêt public ». Gérer une ONG sans licence sera passible d’amendes et de peines de prison pouvant aller jusqu’à huit ans pour ses directeurs.
Human Rights Watch (HRW) a évoqué la perspective « terrifiante » de voir des employés d’ONG emprisonnés juste pour avoir, par exemple, récolté des données sur des expropriations. À l’approche d’élections présidentielle et législatives en 2016, note l’organisation, le pays a besoin d’un espace démocratique élargi et non restreint.
RDC
Sécurité, Armée…
Kivu
(RDC_1) Radio Okapi – 28/8
Les éléments de la milice Raia Mutomboki du groupe Makombo occupent depuis quelques jours dix villages aux environs de Kigulube et Mulungu, deux villages du territoire de Shabunda, selon des sources locales. Ces miliciens dressent des barrières et demandent de l’argent à la population sur l’axe Shabunda-Bukavu et dans les localités environnantes, précisent les mêmes sources.
L’occupation de ces dix villages est consécutive au départ des éléments du 3407e régiment des Forces armées de la RDC (FARDC) de ce territoire vers Kamituga pour un contrôle biométrique. Les FARDC avaient auparavant pris le contrôle de plusieurs localités, dont Kiseku et Mpwe, autrefois occupées par ce mouvement armé. Depuis le 16 août, l’on assiste à des déplacements massifs de la population de ces villages vers la forêt, fuyant des éventuels combats. La société civile estime à plus de 600, le nombre des ménages déplacés.
Le commandement militaire dans la région a promis de déloger ce groupe armé dans les villages occupés.
(RDC_2) Radio Okapi – 30/8
Le chef milicien Bede Rusagara a succombé à ses blessures à l’issue d’un accrochage survenu, samedi 29 août, à Kasenga, en territoire d’Uvira (Sud-Kivu).
Les sources militaires renseignent que ce déserteur de l’armée est décédé au moment où les militaires tentaient de l’arrêter. Selon les sources militaires contactées à Uvira, lors de son arrestation vendredi, Bede Rusagara avait sur lui des armes avec l’intention d’attaquer la ville. Selon les mêmes sources, Bede Rusagara était activement recherché par les services de l’ordre qui l’accusaient de plusieurs exactions dont les braquages des véhicules sur la route nationale n° 5, le vol des vaches, les enlèvements, les viols et tueries.
La quarantaine révolue, ce chef milicien serait venu du Burundi et avait été accueilli, à son arrivée, par la famille Rusagara de Luvungi dans la plaine de la Ruzizi et qui l’avait tout de suite adopté. En 1996, avec l’avènement de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération (AFDL), Bede Rusagara avait intégré les groupes d’auto-défense locale. En 2000, il s’était fait recruter au sein des troupes du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) et profite, en 2003, du brassage accéléré pour sortir avec le grade de major des FARDC. Il était affecté comme commandant bataillon à Chivanga à l’entrée du parc national de Kahuzi-Biega, où il était soupçonné, par sa hiérarchie, des ventes illicites des armes et de munitions.
Bede Rusagara avait alors perdu la confiance de ses chefs hiérarchiques et ce sentiment de culpabilité le poussa à déserter l’armée pour se mettre à l’abri d’une interpellation et d’une condamnation. Il était entré au maquis, où il avait mis en place un groupe armé Maï-Maï qui porte son nom et il s’adonne, avec ses hommes, dans la déstabilisation de la plaine de la Ruzizi.
L’armée lui reprochera même de coaliser avec des groupes armés étrangers notamment les Burundais du Front national pour libération (FNL).
(RDC_3) Radio Okapi – 31/8
Le chef milicien Raïa Mutomboki, Ngoa Bisire et ses dépendants se sont rendus le week-end dernier à la Mission des Nations unies pour la stabilisation en RDC (Monusco) dans le territoire de Walikale au Nord-Kivu. Le vice-gouverneur de la province, Feller Lutaichirwa, a indiqué, lundi 31 août, que cette reddition est le fruit du dialogue sur la paix et la sécurité initié dans cette région. Ngoa Bisire et quatre de ses dépendants ont déjà été transférés au camp de transit DDRRR (démobilisation, désarmement, réinsertion, réintégration et rapatriement) de la Monusco à Munigi.
D’autres miliciens sont encore à Walikale, selon des sources locales. Mais le programme DDRRR ne donne aucune précision sur le nombre de dépendants ayant rendu leurs armes. Sur place à Walikale, Delphin Mbaenda, chef de la milice Maï-Maï Kifuafua se serait opposé à la reddition de son frère Ngoa.
Le vice-gouverneur pense que ce serait une erreur de la part de Delphin Mbaenda, de remettre en cause les efforts du gouvernement et de la notabilité pour pacifier le territoire de Walikale. «S’ils ont des reproches à faire à Ngoa, ils n’ont qu’à formuler des plaintes parce que la justice va s’en occuper. L’appel que nous faisons est la cessation des hostilités. On ne peut pas s’en prendre aux sensibilisateurs qui sont venus leur apporter la paix», a affirmé Feller Lutaichirwa.
Par ailleurs, certaines sources font état des tensions qui s’observent dans la région de Ntoto où trois notables seraient enlevés par le chef rebelle Delphin Mbaenda de Kifuafua. Prince Kihangi du Bedewa et Mwami Kiroba, chef de secteur à Walikale, seraient parmi les personnes kidnappées.
L’administrateur du territoire de Walikale, Marie Claire Bangwene, ne confirme pas l’enlèvement supposé de trois notables. Il a indiqué que ces notables poursuivent leur mission de sensibilisation dans la région, sauf qu’ils ne sont pas joignables. Ces derniers étaient en mission de sensibilisation dans la région de Ntoto pour appeler les miliciens à déposer les armes.
(RDC_4) Radio Okapi – 31/8
Des mouvements de populations sont constatés dans diverses localités du groupement de Mulamba dans le territoire de Walungu et dans le groupement de Luhago dans le territoire de Kabare au Sud-Kivu. Ces déplacements sont consécutifs aux affrontements qui se poursuivent depuis la semaine dernière entre les FARDC et les groupes des miliciens Raïa Mutomboki encore actifs dans cette région.
Selon des sources locales, les affrontements se déroulent depuis vendredi 28 août dernier à Mulambula, à Kabogoza, Lukigi en territoire de Walungu et à Kishadu dans le territoire de Kabare.
A en croire la société civile de Mulamba, plus de deux cents familles sont actuellement hébergées dans des familles d’accueil à Pese-Luntukulu, et d’autres fuient des combats enregistrés dimanche 3 août à Kishadu. Ces personnes ont trouvé refuge dans la forêt. Les mêmes sources indiquent que d’autres déplacés arrivent à Rhana, Mirhumba et Maziba dans le même groupement de Mulamba. Ils sont eux aussi hébergés aussi dans les familles d’accueil.
Les combats entre les FARDC et les Raïa Mutomboki ont déjà fait un mort et deux blessés du côté des forces gouvernementales, a révélé l’administrateur du territoire de Walungu, qui indique que le bilan n’est pas encore connu dans les rangs de Raïa Mutomboki. Il a appelé la population au calme, assurant que les Raïa Mutomboki sont en débandade après que les forces loyalistes ont récupéré le quartier général du chef Maheshe de ce groupe milicien.
(RDC_5) Radio Okapi – 31/8
Six militaires des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (Fardc), dont un officier, ont été tués ce lundi 31 août matin dans une embuscade contre leur véhicule à Rugari, à environ 50 km de Goma, en territoire de Rutshuru., dans la province du Nord-Kivu. Tous les occupants à bord auraient trouvé la mort, indiquent les autorités locales.
Le véhicule, qui venait de Rutshuru pour Goma, a été la cible d’une roquette tirée de la brousse alors qu’elle roulait sur la route principale entre Goma et Rutshuru, rapportent les sources locales. Les assaillants ne sont pas encore identifiés, selon les autorités locales.
Les militaires Fardc venus en renfort sont, pour le moment, en patrouille dans la zone afin de retrouver l’assaillant qui n’est toujours pas bien identifié.
La circulation des véhicules privés a été interrompue pendant quelques heures suite à cette attaque, avant d’être rétablie. Cependant, la population dans ce secteur craint à son tour d’être la cible d’hommes armés.
(RDC_6) Radio Okapi – 1/9
Six personnes ont été tuées, dont cinq rebelles rwandais des FDLR et une fillette de deux ans, dans la nuit de lundi à mardi 1er septembre, lors des échanges des tirs entre les rebelles rwandais des FDLR et les Forces armées de la RDC. Selon des sources civiles et militaires, ces combats se sont déroulés dans les villages Kalonge/Kalembe, à cheval entre les territoires de Masisi et de Walikale aux Nord-Kivu. Les mêmes sources indiquent que deux autres personnes, les parents de la fillette décédée, à la suite de ces accrochages.
C’est aux environs de 4 heures locales que les rebelles hutus rwandais ont attaqué la position du 813e régiment dans la zone située à cheval entre les groupements Kisimba, dans le Walikale, et Bashali Mokoto, en territoire de Masisi.Les rebelles ont pris pour cible principale le quartier du commandant des opérations « Sokola 2 » contre les FDLR. Mais les militaires, en alerte, ont vite réagi et réussi à repousser l’attaque tuant 5 combattants FDLR, dont deux sur le coup, et trois autres lors du ratissage de la zone, indiquent un responsable militaire joint sur place.
Du côté des civils, la maison voisine du quartier du commandant des FARDC a été sérieusement touchée. Une fillette de 2 ans y a été tuée et ses parents blessés. Aucun bilan dans les rangs des FARDC n’a été communiqué. Mais les sources civiles dans le secteur affirment qu’elles auraient aussi subi des pertes. Un calme précaire est revenu dans ces villages.
Les opérations militaires « Sokola 2 » ont été lancées en janvier 2015 et ont commencé au début du mois d’août dans le secteur Walikale-Masisi.
Lire aussi sous :
(RDC_7) Radio Okapi – 2/9
Deux soldats FARDC sont morts et trois autres blessés dans une embuscade tendue mardi 1er septembre par les éléments du groupe armé FAAL-Alléluia, commandé par Yakutumba, dans le territoire de Fizi au Sud-Kivu. Cette attaque est intervenue alors que les militaires du 3311e bataillon des FARDC étaient en patrouille sur la colline de Mizinga dans la forêt de Ngandja. Parmi les victimes figure un officier FARDC en charge des opérations militaires dans la région, a indiqué le commandant des FARDC du secteur opérationnel Sokola II Sud dans le Sud-Kivu.
« Les deux soldats FARDC sont tombés sous les balles de l’ennemi », a annoncé le commandant des FARDC dans la région, le général de brigade Bwange Safari, parlant d’un bilan provisoire lui fournit par des sources militaires se trouvant dans la zone des combats en pleine forêt de Ngandja.
L’incident est survenu au moment où les militaires étaient en patrouille de reconnaissance vers la colline de Mizinga, selon la même source. Sans donner d’autres détails, le général de brigade Bwange Safari a affirmé que les combats se poursuivaient mercredi dans la zone pour mettre les assaillants hors d’état de nuire. Cependant, d’autres sources locales indépendantes affirment que neuf militaires sont morts dans cette embuscade, dont la majorité des officiers des FARDC.
Contacté à ce sujet, le commandant du groupe FAAL Alléluia, le général autoproclamé William Amuri alias Yakutumba, a indiqué que deux de ses éléments ont été blessés légèrement et qu’aucun mort n’a été enregistré de son côté. Le commandant Maï-Maï indique qu’il a été attaqué dans son entité, la forêt de Ngandja, depuis dimanche dernier par l’armée régulière.
Des renforts des troupes FARDC ont été observés mercredi vers le lieu de l’incident. Ces renforts provenaient de Lubondja, Sebele, Lulimba et Misisi. Le commandant FARDC du secteur opérationnel Sokola II Sud est rentré lundi d’une mission d’inspection des troupes dans cette zone. À Baraka comme à Fizi-centre, il a échangé avec les chefs coutumiers, la société civile et les représentants des communautés locales sur les voies et moyens nécessaires pour assurer le retour de la paix dans ce territoire.
Province Orientale
(RDC_8) Radio Okapi – 30/8
La zone frontalière congolaise comprise entre Kengezi Base et Kimba, deux villages situés à une centaine de kilomètres d’Aru-Centre, dans la province de l’Ituri, est envahie par la population sud soudanaise.
Le Caucus des parlementaires de l’Ituri a fait ce constat au terme d’une mission d’enquête effectuée vendredi 28 août dans cette contrée. Ces parlementaires alertent les autorités de Kinshasa afin qu’elles prennent cette situation au sérieux pour éviter que les évènements malheureux de la frontière de Vura entre la RDC et l’Ouganda ne se reproduisent avec le Soudan du Sud.
Selon le président de ces élus de l’Ituri, le député Joas Mbitso Genza, les populations d’un village sud soudanais voisin avec Kimba et Kengezi en RDC s’installent progressivement au territoire congolais. Il parle par exemple d’un bureau d’un groupement du Soudan du Sud, des maisons de commerce et des huttes qui sont déjà érigés du côté congolais.
Joas Mbitso Genza qualifie cette situation d’occupation du territoire congolais par le Soudan du Sud voisin. Les parlementaires de l’Ituri se disent inquiets de cette situation qui, selon eux, risque d’envenimer les relations de voisinage entre les deux pays. Il plaide également pour la tenue des travaux de la commission mixte RDC-Soudan du Sud sur le respect des limites entre ces deux pays, à l’instar de celle qui existe entre Kinshasa et Kampala.
Le Caucus des parlementaires de l’Ituri demande en outre aux autorités de Kinshasa de s’impliquer, avant que cette situation dégénère comme celle enregistrée à la frontière de Vura entre la RDC et l’Ouganda il y a plus de trois mois. Cette délégation, qui s’est rendue a Kengezi Base et Kimba, était composée de sénateurs ainsi que de députés nationaux et provinciaux de la province de l’Ituri.
(RDC_9) Radio Okapi – 31/8
Voilà un peu plus de trois mois que l’armée congolaise et les casques bleus mènent une opération conjointe dans le nord-est du pays pour venir à bout d’un groupe armé actif depuis près de 15 ans dans cette zone, le Front de résistance patriotique de l’Ituri (FRPI). Or l’un des effets positifs de cette offensive, selon la Mission de l’ONU au Congo (Monusco), c’est la libération d’enfants soldats qui profitent des combats pour fuir le groupe armé.
Depuis janvier, 113 enfants ont réussi à quitter le groupe armé toujours actif en Ituri, soit un quart environ des mineurs qui remplissent toujours les rangs des combattants du FRPI. Fin août, 25 enfants recrutés de forces par le groupe armé ont réussi à fuir. Des départs qui se font au compte-gouttes mais qui pour la Monusco font preuve d’une tendance encourageante.
À en croire les Nations unies en RDC, c’est mieux que les années précédentes. Les enfants sont encouragés à rendre les armes à la suite des offensives menées conjointement par l’armée congolaise et les casques bleus en janvier et depuis juin dernier. « Les enfants profitent des opérations militaires, lorsque la structure de commande des FRPI est désorganisée. Ces enfants en profitent pour sortir des groupes armés, profitent d’une opportunité pour s’enfuir soit à la Monusco ou auprès d’autres associations locales qui peuvent les prendre en charge », déclare Laurent Sam Ousso, chargé de l’information de la Monusco à Bunia.
La prise en charge, c’est là que se trouve tout le défi ensuite pour éviter que ces enfants ne retournent dans le groupe armé faute de mieux. Entre le 13 et le 22 juillet, 12 cas d’enlèvements d’enfants ont ainsi été signalés dans la zone d’action des FRPI. Ces mineurs servent pour l’essentiel de combattants, mais aussi de porteurs, cuisiniers ou gardes du corps. Et ce malgré des campagnes de sensibilisation répétées dans la région. Près de 35 % des 1 000 à 1 200 combattants des FRPI actifs en Ituri depuis le début des années 2 000 seraient des enfants, selon des estimations de la Monusco.
L’offensive de l’armée congolaise et des casques bleus avait été très médiatisée par la mission de l’Onu au Congo à son démarrage, mais plus de trois mois après la population et les humanitaires s’inquiètent de l’absence d’amélioration de la situation sécuritaire pour les civils sur le terrain.
Du côté de la force armée des Nations unies on avance des pertes sans précédent subies par les FRPI : 40 % de leurs combattants désarmés ou tués et depuis trois mois, une pression militaire inédite au sol et dans les airs.
(RDC_10) Radio Okapi 2/8
Des militaires congolais ont tué deux miliciens de la Force de résistance patriotique de l’Ituri (FRPI) lundi 31 août dans un accrochage dans la chefferie de Walendu Bindi en Ituri. Selon le chef de cette chefferie, Olivier Peke, qui livre ce bilan, les militaires ont repoussé une attaque des miliciens qui voulaient piller la localité de Kilombi.
C’est tard dans la nuit que les miliciens, une dizaine au total, ont fait incursion dans la localité de Kilombi, rapportent des sources locales. Ils ont ensuite attaqué une position des Forces armées de la RDC (FARDC) située dans cette localité. Il s’en est suivi un échange des tirs. Selon le chef de la chefferie de Walendu Bindi, ces miliciens voulaient piller la localité pour s’approvisionner en nourriture. Olivier Peke affirme que la résistance opposée par les FARDC a permis de repousser les assaillants dans la brousse en direction du village de Tshekele. Parmi ces miliciens il aurait deux femmes.
Le chef de Walendu Bindi plaide pour le renforcement des opérations de traque des miliciens dans cette région pour permettre aux élèves de reprendre les cours.
Les responsables des FARDC en Ituri confirment cet accrochage, évoquant un bilan d’une dizaine de miliciens blessés en plus de deux morts. Le commandant second du secteur opérationnel de l’armée en Ituri indique que les militaires sont engagés à neutraliser la FRPI. Il annonce l’arrestation du numéro 2 de la branche civile de cette milice la semaine passée au cours d’un raid à Nyarara.
Vie politique…
(RDC_11) Belga – 28/8
Plusieurs dizaines d’opposants congolais – 150, selon la police, et « au moins 300 » selon les organisateurs – ont manifesté vendredi après-midi à Bruxelles pour protester contre le dialogue envisagé par le président de la RDC, Joseph Kabila, et l’éventuelle participation du principal parti d’opposition, l’Union pour la Démocratie et le Progrès social (UDPS) d’Etienne Tshisekedi, afin de maintenir l’actuel chef de l’Etat au pouvoir.
« Stop au dialogue », « stop au glissement » (qui semble désormais inéluctable des élections prévues en RDC entre octobre 2015 et novembre 2016), étaient les slogans de cette manifestation, a constaté l’agence Belga.
Les opposants se sont rassemblés vers 14h30 Porte de Namur avant de se diriger, bruyamment, vers le rond point Schuman, dans le quartier européen, sous les invectives de quelques femmes, partisanes déclarées de M. Tshisekedi, et avec une escorte de policiers.
Selon l’un de ses leaders, Joseph-Salomon Mbeka, qui préside le « Conseil international congolais » (CIC), la diaspora « s’oppose au projet de prolongation sans fin du pouvoir mafieux » de « Joseph Kabila », qu’elle appelle « Hyppolite Kanambe », un nom à consonance rwandaise. Les manifestants dénonçaient aussi le « projet de dialogue dans lequel on embarque de force Etienne Tshisekedi par abus de faiblesse par une petite bande de jeunes aventuriers voulant juste faire un coup pour se faire du pognon sur le dos de la misère endémique du peuple congolais ».
Mbeka a en particulier critiqué le fils du président de l’UDPS, Félix, qui serait selon lui prêt à accepter le poste de Premier ministre dans le cadre d’un gouvernement de transition. « Cela veut dire qu’il (Felix Tshisekedi) accepte que Kabila reste au pouvoir », a-t-il souligné.
Justice, Droits de l’homme…
(RDC_12) RFI – 31/8
En RDC, devant la Haute Cour militaire de Kinshasa, le ministère public a requis une nouvelle fois la condamnation à perpétuité pour les cinq auteurs présumés de l’assassinat de Floribert Chebeya. Ce défenseur des droits de l’homme avait été retrouvé mort le 2 juin 2010 avec son chauffeur, après avoir été convoqué au siège de la police, alors dirigée par le général John Numbi.
Le verdict de l’affaire Chebeya en appel est attendu le 17 septembre. Le colonel Ekofo, le président de la Haute cour militaire, l’a annoncé lundi 31 août. Au cours de cette même audience, le ministère public a confirmé son réquisitoire : la prison à perpétuité pour tous les cinq prévenus en appel.
Les accusés, eux, ont tous plaidé non coupables. Ils ont, de fait, demandé leur acquittement pur et simple, faute des preuves, estiment leurs avocats. « Je suis innocent dans cette affaire Chebeya, vous feriez mieux de m’acquitter plutôt que de me garder en prison », a ainsi déclaré le colonel Daniel Mukalay.
L’audience marathon de ce lundi a été riche en répliques et contre-répliques de toutes les parties. « Ce procès n’est pas dirigé contre le président Joseph Kabila, et aucun élément du dossier ne le renseigne », a rétorqué maître Kabasela Ilunga, représentant les parties civiles, aux avocats de la défense. Ceux-ci avaient affirmé dans leurs plaidoiries que le procès Chebeya était en fait une affaire politique destinée à atteindre la personne du chef de l’Etat par l’intermédiaire du général John Numbi, soupçonné d’être le commanditaire du meurtre.
Selon Peter Ngomo, un des autres avocats des parties civiles, on sait là où se trouvent tous les autres criminels qui ont participé à l’assassinat de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana, mais beaucoup de choses n’ont pas été dites. Et maître Régine Sesepe de renchérir que ce procès n’est pas terminé. Pourquoi ? Parce qu’il y a des devoirs et des arriérés d’instruction qui n’ont pas été examinés. Et puis reste le volet sénégalais. À Dakar, l’un des suspects en cavale, le major Paul Mwilambwe, s’est constitué prisonnier, avant d’être inculpé par la justice sénégalaise en janvier dernier.
« Nous voulons la vérité », a déclaré maître Régine Sesepe, qui a réclamé pour les épouses Chebeya et Bazana la réparation des préjudices sexuels. Des dommages intérêts évalués pour chacune des épouses à trente millions de dollars.
(RDC_13) AFP – 1/9
L’ancien chef de guerre Bosco Ntaganda, accusé de crimes contre l’humanité en RDC, est en bonne forme et maintient son innocence avant l’ouverture de son procès devant la Cour pénale internationale, a indiqué mardi son avocat. »Bosco Ntaganda maintient son innocence face à chacune des accusations portées contre lui et il entend présenter une défense exhaustive », a indiqué son avocat, Stéphane Bourgon, lors d’une conférence de presse organisée à la veille de l’ouverture du procès. « Il est en bonne santé, il va bien et est impatient d’avoir une chance de se défendre », a affirmé son avocat, soulignant que Bosco Ntaganda s’exprimera dans la salle d’audience mercredi ou jeudi.
Le procès de Bosco Ntaganda, 41 ans, doit s’ouvrir mercredi. La procureure Fatou Bensouda présentera ses déclarations liminaires avant que M. Bourgon et les avocats des 2.149 victimes ne prennent leur tour. L’ex-rebelle, surnommé « Terminator », doit répondre de treize chefs d’accusations pour crimes de guerre et de cinq pour crimes contre l’humanité. Il est notamment accusé d’avoir enrôlé des enfants soldats et, une première en justice internationale, violé des enfants dans sa propre milice.
« Ntaganda n’est pas seulement connu de ceux qui suivent de près la RDC: sa réputation dépasse de loin la région », a assuré la procureure Fatou Bensouda lors de la conférence de presse. « Il aurait recruté des centaines d’enfants soldats, qu’il a utilisé comme de la chair à canon », a-t-elle ajouté. Pour l’avocat de Bosco Ntaganda, le procès sera « long, complexe et difficile ».
Le « Terminator » est notamment poursuivi pour son rôle dans des attaques de plusieurs villes de l’Ituri sur une période d’un an, à partir de septembre 2002. Le FPLC, milice à prédominance Hema, visait ceux perçus comme appartenant aux ethnies Lendu, Bira et Nande.
Lire aussi sous :
https://www.hrw.org/fr/news/2015/09/01/cpi-proces-de-bosco-ntaganda-pour-crimes-en-rd-congo
http://www.rfi.fr/afrique/20150902-rdc-fortes-attentes-ituri-proces-bosco-ntaganda
(RDC_14) Belga – 2/9
Le film « L’homme qui répare les femmes » – La Colère d’Hippocrate » consacré par le réalisateur belge Thierry Michel et la journaliste Colette Braeckman au gynécologue congolais Denis Mukwege est « catégoriquement interdit de diffusion » en RDC, a déploré mercredi le cinéaste qui comptait le projeter la semaine prochaine à Kinshasa et puis à Bukavu (est de la RDC), qui abrite l’hôpital du médecin. »Nous venons d’apprendre que le film est catégoriquement interdit de diffusion en RDC.
Selon le ministre de l’Information (Lambert Mende Omalanga), les forces armées estiment en effet avoir été calomniées » par ce documentaire portant sur les viols de femmes congolaises et sur l’action du Docteur Denis Mukwege au Sud-Kivu », a indiqué Thierry Michel dans un communiqué.
Pourtant, jusqu’il y a peu les autorités avaient annoncé que le film était autorisé lors de plusieurs contacts téléphoniques avec le ministre de l’Information Lambert Mende et la rencontre de Colette Braeckman avec le ministre Tryphon Kin Kiey Mulumba, faisant fonction la semaine dernière de ministre de l’Information, lors de sa campagne « Kabila désir » en Belgique, a ajouté le cinéaste.
Lire aussi sous :
http://www.rfi.fr/afrique/20150903-rdc-le-documentaire-le-docteur-denis-mukwege-interdit
Relations extérieures
(RDC_15) AFP – 2/9
Le chef de la mission de l’ONU en République démocratique du Congo (Monusco), le diplomate allemand Martin Kobler, quittera ses fonctions le 31 octobre, ont annoncé mercredi les Nations unies à Kinshasa. Martin Kobler, « représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en RDC et chef de la Monusco, arrivera au terme de son mandat le 31 octobre 2015 », a déclaré le directeur de l’information publique de la Monusco, Charles Bambara, lors d’une conférence de presse.
Kobler a pris ses fonctions en RDC en juillet 2013, après avoir été représentant spécial de l’ONU en Irak. Son arrivée a d’abord permis de rendre à la Monusco une crédibilité qu’elle avait grandement perdue face aux succès militaires de la rébellion du Mouvement du 23 Mars (M23) dans l’est du pays, ravagé par les conflits depuis plus de vingt ans.
Volontariste, il s’appuie sur le nouveau mandat offensif confié à la Brigade d’intervention de la Monusco pour lancer celle-ci en soutien de l’armée congolaise contre le M23, qui sera vaincu militairement en novembre 2013. Après ce succès, la collaboration avec les autorités congolaises devient difficile sur fond de divergence sur la façon de stabiliser définitivement l’Est congolais, où sévissent encore plusieurs dizaines de milices congolaises et étrangères.
La mission de M. Kobler est aussi compliquée par des tensions liées à la situation des droits de l’Homme dans le pays et à l’incertitude qu’entretient le président congolais Joseph Kabila sur son avenir politique alors qu’il est censé, aux termes de la Constitution, abandonner le pouvoir fin 2016. Depuis le début de l’année, la coopération militaire entre la Monusco et les Forces armées de la RDC (FARDC) est pratiquement nulle.
(RDC_16) AFP – 3/9
Des mesures urgentes s’imposent pour la tenue d’élections « transparentes » et « crédibles » en RDC, estiment les envoyés et représentants internationaux pour la région des Grands Lacs dans une déclaration commune publiée jeudi.
Les envoyés spéciaux « soulignent la nécessité de prendre sans tarder des mesures nécessaires afin de garantir un espace politique ouvert, la liberté des médias ainsi que la mise en place d’un cadre permettant une participation équitable de toutes les parties au processus électoral », indique ce communiqué publié par l’ONU.
L’organisation de ces élections accumule cependant les retards et l’arrestation de nombreux opposants ou militants de la société civile au cours des derniers mois a contribué à maintenir forte la tension politique exacerbée en janvier par la répression meurtrière de manifestations hostiles au pouvoir.
« Compte tenu de la proximité des échéances électorales », les représentants de l’ONU, de l’Union africaine, des États-Unis, de l’Union européenne et de la Belgique (Saïd Djinnit et Martin Kobler, Ibrahima Fall, Thomas Perriello, Koen Vervaeke et Frank de Coninck) appellent « tous les acteurs politiques en vue de parvenir rapidement à un accord sur les conditions d’un processus crédible ». Aucun des scrutins qui devaient avoir lieu depuis lors ne s’est tenu et M. Kabila entretient le doute sur son avenir politique.
Dans leur déclaration, les représentants de la communauté internationale insistent sur « l’importance » d’organiser les « élections présidentielles et législatives dans les délais constitutionnels avec la participation de toutes les personnes éligibles ». Ils soulignent la « portée historique » de ces scrutins, dont l’enjeu est de réussir la première transition démocratique depuis l’indépendance du pays en 1960. À leurs yeux, les élections doivent aussi permettre « la poursuite du développement et du renforcement de la sécurité » dans un pays ravagé par deux guerres entre 1996 et 2003 et dont la partie est reste gangrenée par la violence de dizaines de milices congolaises ou étrangères.
Lire aussi sous :
(RDC_17) AFP – Belga – 4/9
La communauté internationale tire la sonnette d’alarme pour les élections en RDC et appelle à un sursaut de « tous les acteurs politiques » pour permettre de réussir d’ici à fin 2016 la première transition démocratique depuis l’indépendance de 1960. La RDC est censée tenir à partir d’octobre une série d’élections devant conduire à la présidentielle et aux législatives, prévues pour novembre 2016.
Leur organisation accumule cependant les retards et l’arrestation de nombreux opposants ou militants de la société civile au cours des derniers mois a contribué à maintenir forte la tension politique exacerbée en janvier par la répression meurtrière de manifestations hostiles au pouvoir. L’opposition soupçonne le président Joseph Kabila, à la tête du pays depuis 2001, de jouer la montre en vue de se maintenir à son poste au-delà de la fin de son mandat en décembre 2016, alors que la Constitution lui interdit de se représenter.
Cette question du maintien éventuel d’un président contraint légalement à se retirer agite plusieurs pays voisins de la RDC, comme le Rwanda ou le Congo (Brazzaville), où l’on semble s’acheminer respectivement vers une révision de la constitution ou un changement de loi fondamentale. Sans oublier le Burundi, où le président Pierre Nkurunziza a été réélu en juillet à l’issue d’une présidentielle jugée non crédible par la quasi-totalité de la communauté des nations.
En juin, M. Kabila, qui entretient le doute sur son avenir politique, a lancé des consultations politiques en vue d’un éventuel « dialogue national » censé favoriser la tenue « d’élections apaisées ». Une partie de l’opposition a d’ores et déjà rejeté cette offre, y voyant une manoeuvre en vue du « glissement » qu’elle redoute tant: le report des échéances électorales. Néanmoins, le clan de l’opposant historique Étienne Tshisekedi, président de l’Union pour la Démocratie et le Progrès social (UDPS), battu lors des élections de 2011 (entachées de fraudes massives et à l’origine de la crise politique actuelle), a fait volte-face en juin en annonçant sa disposition à dialoguer avec le pouvoir, sous certaines conditions.
Interrogé par l’AFP, le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende Omalanga, dit être « confiant ». « Tout sera fait conformément au calendrier de la Céni », la Commission électorale nationale indépendante, qui prévoit la tenue de quatre scrutins au suffrage direct (et plusieurs autres élections indirectes) en treize mois, assure-t-il. M. Mende reproche à la communauté internationale de contraindre la RDC, un des pays les moins développés au monde, à ne compter que sur ses maigres ressources budgétaires en rechignant à soutenir financièrement le processus électoral. En juin, l’Union européenne et les États-unis avaient indiqué qu’ils comptaient limiter leur soutien, sous conditions, à la présidentielle et aux législatives de 2016. « Plus personne ne croit aujourd’hui que les élections auront lieu dans les temps », dit un diplomate occidental sous le couvert de l’anonymat.
Dans leur déclaration, les représentants de la communauté internationale soulignent pourtant la « portée historique » de ces scrutins censés permettre « la poursuite du développement et du renforcement de la sécurité » dans un pays ravagé par deux guerres entre 1996 et 2003 et dont l’est reste gangrené par la violence d’une cinquantaine de milices congolaises ou étrangères. Perçue par l’opposition comme une manoeuvre de plus pour retarder le processus électoral, la mise en place, en cours, de 21 nouvelles provinces issues de la scission des onze anciennes entités, vient par ailleurs compliquer la tâche de la Céni. Celle-ci a décidé de s’en remettre à la Cour constitutionnelle – récemment créée – pour lui dicter l’attitude à adopter pour la désignation des gouverneurs de ces nouvelles entités, qui devaient initialement être élus (au scrutin indirect) en juillet et août. Leur entrée en fonction est un préalable à la tenue des premières élections locales de l’histoire du pays devant avoir lieu le 25 octobre. Leur organisation, dans un pays de plus de deux millions de km2, grand comme 80 fois la Belgique et largement dépourvu d’infrastructures est une vraie gageure.