Le statut de « rescapé » à la base de l’apartheid au Rwanda
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Rubrique : Actualité
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Publié le 12 Sep 2015 par Jane Mugeni

Au Rwanda, le statut de « rescapé » confère au détenteur de la carte ad hoc de tous les avantages socio-économiques et financiers.

Dans le domaine de l’éducation, l’enfant « rescapé » étudie gratuitement au niveau primaire et secondaire. Il a une bourse pour ses études supérieures et universitaires. Il bénéficie des aides du Fonds d’Aide aux Rescapés du Génocide (FARG) pour l’achat du matériel scolaire.  Le « rescapé » a une mutuelle gratuite pour les soins médicaux. Il a une maison mise à sa disposition, etc. Dans les services publics, il est servi prioritairement.

Or quand on sait que le « rescapé » = le Tutsi, tout devient clair. Au Rwanda où les ethnies sont bannies, il n’y a que deux catégories de citoyens. Les rescapés du génocide contre les Tutsi et les Hutu.

Comme le « rescapé » a tout ce qu’il lui faut, il n’y a que le Hutu qui doit remuer ciel et terre pour trouver l’argent pour payer les frais de scolarité de ses enfants. Pour des études supérieures, c’est la même galère. Pour la mutuelle, il doit trouver  l’argent pour sa cotisation. La mutuelle de santé est obligatoire. Pour toute famille incapable de payer cette mutuelle, elle se voit dépouillée de tous ses biens qui sont ensuite vendus aux enchères.

Au point de vue économique, des mesures ont été prises par le pouvoir en vue de réduire drastiquement le pouvoir d’achat du Hutu. L’homme d’affaires hutu se voit mettre les bâtons dans les roues jusqu’à ce qu’il ferme boutique.

Cette situation est vécue quotidiennement par une partie de Rwandais, devenus citoyens de seconde zone, mais personne n’en parle sous peine d’être condamné pour « idéologie génocidaire ».

Durant les cérémonies de commémoration du 15e anniversaire du génocide, le président d’Ibuka, section Belgique, a, dans son discours, affirmé que tous les Tutsi étaient des rescapés du génocide. Ses propos furent fustigés par une certaine partie de l’assistance, non pas parce qu’elle contestait ce fait, mais parce l’orateur venait de révéler le secret bien gardé du système FPR.

Il ne croyait pas si bien dire. Le journal pro-gouvernemental igihe.com du 08/09/2015, a publié des propos scandaleux du secrétaire exécutif du « Fonds d’aide aux rescapés du génocide » (FARG), un certain Théophile Ruberangeyo. Celui-ci a présenté un rapport des enfants qui ont bénéficié du financement du FARG alors qu’ils ne le méritaient pas.

Selon une enquête du FARG, 17.000 enfants ont « triché ». Une seconde vérification a ramené le chiffre à 3000 unités. Selon Ruberangeyo, « ces tricheurs » ont usurpé le statut de « rescapé » et sont passibles de peines prévues par la loi réprimant l’idéologie du génocide.

En lisant entre les lignes des déclarations de Ruberangeyo, ces enfants n’étaient pas de bons « Tutsi ». Des enfants d’une mère tutsi dont le mari était hutu, des enfants orphelins, dont les parents sont des victimes des tueurs du FPR,… Ce qui est certain, il a fallu un travail de fourmi pour arriver à dénicher les « tricheurs », une longue recherche généalogique. Les associations des étudiants rescapés du génocide qui font la loi dans les écoles secondaires et dans les campus universitaires, ont été mises à contribution.

Les chiffres avancés par Ruberangeyo montrent qu’un enfant qui n’a pas cette aide ne peut pas s’en sortir : le FARG paye 600.000 Frw par an pour un enfant qui fait des études supérieures et 270.000 FRW pour le secondaire. Le paysan rwandais n’est pas capable d’avoir cet argent surtout quand on sait que la durée des études supérieures est de 4 ans et que celle des études secondaires est de 7 ans. Ceci étant, il est éclair que ce sont les « rescapés », entendez les Tutsi, qui font des études, les enfants hutu étant bloqués par cette « ségrégation légale » comme du temps de l’apartheid en Afrique du Sud.

L’histoire se répète. Dans les années 1956-1959, durant le régime féodo-monarchique, alors que les Tutsi n’étaient que 15´% de la population, ils représentaient 80% dans les écoles primaires et secondaires.

Jane Mugeni
12/09/2015

3 commentaires

COMMENTS

francois lagarde / 15 septembre 2015 à 6 h 16 min

80% de Tutsi dans les écoles primaires et secondaires en 1956-9 demande une précision.
C’est vrai pour le Groupe Scolaire d’Astrida, mais dans le primaire, les enfants hutu étaient légèrement majoritaires. Dans le secondaire seulement, les Tutsi étaient très largement majoritaires. Les rares bourses bénéficiaient aux seuls Tutsi. Le manque d’argent, la faible motivation des Hutu, autant que le monopole et le favoritisme tutsi empêchaient les élèves hutu de poursuivre leurs études en secondaire.

CESAR / 30 octobre 2015 à 1 h 13 min

« la faible motivation des Hutu »,Il s’agit d’une affirmation erronée.
Jusqu’à 1922 c’est-àdrie avant l’arrivée de Monseigneur Paul-Léon Classe, de nationalité frnaçaise, père blanc et premier vicaire apostolique du Rwanda, les Hutu étaient très majoritaires dans les écoles du Royaume du Rwanda. Le premier preêtre rwandais, père Kiroro était Hutu et nullement Tutsi.
Dès son arrivée au Rwanda, il a élaboré la theorie de la supériorité génétique des Tutsi au Hutu, du lien de parenté entre les Tutsi et les Blancs européens (même sang qui coule dans les mêmes veines, la différence isignifiante étant la peau), de l’infériorité génétique des Hutu au Tutsi et ce, dans tous les domaines. Les rares écoles du Rwanda étaient tenues par les religieux. Les théories de Classe furent enseignées dans toutes les écoles du Rwanda voire même les églises.Il y va naturellement que les Rwandais à plus de 99% analphabètes ont pris pour les saintes écritures ces théories racistes et divisionnistes de ce père blanc. Pour Classe, le niveau intellectuel des Hutu était tel qu’ils étaient incapbles de faire les études.Ils ont été par Dieu exclusivement pour obéir aux Tutsi et servir ceux-ci.
D’où leur élimination dans les écoles du Rwanda.
Mon grand-père a réussi l’examen d’entrée au groupe scolaire Astrida en 1935. Il était major au niveau national. Sur décision de Monseigneur Léon Classe, son nom a été rayé de liste des admis. ll donné sa place à un jeune tutsi.Le motif était le suivant.Cette école avait été créee pour former les enfants des chefs tutsi et donc pour former l’élite tutsi de demain qui prendra la relève.Or, un Hutu né pour obéir aux Tutsi ne pouvait pas logiquement et certainement pas entrer dans cette école. Mon grand-père n’a donc pas pu aller plus loin. Il en a souffet moralement jusqqu’au de dernier jour de savie: découpé en morceaux par les soldats tutsi du FPR venus du Burundi en juin 1994.
Il s’ensuit qu’il est inexact de soutenir que les Hutu avaient une faible motivation.C’est Léon Classe et nullement le Roi du Rwanda qui les a éliminés dans les écoles du Rwanda. Il est le théoricien de l’appartenance des Tutsi à la race blanche et donc de la supériorité génétique des Tutsi au Hutu, ou des bougres d’intelligence qui ne dépasse celle d’un singe ( voir livres de Léon Classe dans les bibliothèques françaises, faculté d’histoire).
Sur le plan numérique, de Kayibanda à Habyalimana surtout, les élèves et étudiants tutsi étaient plus nombreux que les Hutu.Il convient de rappeler que le ministre qui a fait un grand travail au bénéfice des Tutsi est Colonel Aloys Nsekalige, lui-même tutsi et numéro 2 du gouvernement Habyalimana pendat plusieurs années comme Makuza Anastase sous Kayibanda.
Les affirmations selon lesquelles les tutsi étaient discriminés sous Kayibanda et sous Habyalimana sont inexactes. Les numéros deux du régime et du gouvernement: Habimana Bonaventure et Nsekalije Aloys étaient tutsi sans oublier plusieurs hauts fonctionnaires et proches collaborateurs du président dont son beau-frère Sagatwa Elie qui a oeuvré au profit du FPR ( voir archive du TPIR et témoignage des officiers du FPR).

Echos d'Afrique / 26 août 2019 à 7 h 55 min

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