Un billet d’humeur de Sylvestre Nsengiyumva
NZARAMBA! « Hey guys,mwari..euh…mwabona…euh…ikanzu…euh…y’umugeni…euh…ireshya…euh…kuriya ?! Guys, euh….Radisson Blue…euh…hôtel Radisson Blue… »!
J’adore ce jeune commentateur « people » qui, des bas-fonds de la ville la plus inégalitaire d’Afrique, le ventre vide mais le souffle généreux, arrive toujours à amuser la galerie dans l’exercice de son art: « kogeza abaryi »! Tout ceci semble rigolo,….sauf que ça ne l’est pas du tout !
Dans le nouveau Rwanda en effet, tout est démesure: interminables sont les robes de certaines mariées, innombrables sont les étoiles d’hôtels, et durable est…la famine !
Cette famine tellement omniprésente qu’elle a fini un temps par se faire oublier, personne ne sait quand elle va prendre fin. D’où son doux nom de Nzaramba ! Même le plus grand visionnaire africain de tous les temps, cette lanterne magique qui éclaire enfin depuis peu notre ténébreux continent du Caire au Cap et de la Corne à Abidjan, on ne l’a pas encore entendu en fixer l’horizon !
Au pays des milles surprises, tout juste commence-t-on à percevoir les limites de cette science infuse inventée ici: la « technicité ». C’est ainsi que dans la foulée de ce mariage « historique », dans un timing diabolique et inattendu, éclataient au grand jour dans la région du Bugesera, fief tout aussi historique de ceux que NOUS avions pris les armes pour « libérer », les ravages jusque-là soigneusement dissimulés de Nzaramba !
Des milliers de familles criant leur faim et leur volonté de s’exiler, mais où ?! Bahungire ubwayi mu kihe kigunda?! Tout ça comme pour rappeler que ce mariage « venu d’ailleurs » ne collait pas aux réalités d’ici, mais aurait dû être célébré dans un des trois palaces volants du « Bokassa rwandais », avec Arsène Venger comme maître de cérémonies! Fait chier cette putain de robe !
Sylvestre Nsengiyumva.