Le Cameroun, un pays qui surprend agréablement le visiteur
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C’est par un pur hasard que je viens de tomber sur un article de juillet 2011 intitulé : « 22 mois sans salaire, ‘rien d’étonnant au Cameroun’ ».

 

Je me suis souvenu que lors de mon séjour de deux ans dans ce beau pays, un enseignant qui était devenu un ami m’avait fait part de son désarroi. Il venait de passer une année sans salaire. Chaque mois, il recevait un accréditif mais quand il allait le présenter à la banque, il lui était répondu que la banque n’avait pas de liquidités. Un jour, il tombe sur un intermédiaire, un « commissaire ». Il lui propose un marché : il a des connaissances dans la banque en question. Il peut échanger ses accréditifs, s’il accepte que la somme soit partagée. Le pauvre enseignant, qui venait de passer une année sans un sous qui tombe dans ses mains, a accepté la transaction. C’était en 1997.

 

D’après des informations récentes, la situation a évolué positivement est la régularité des salaires a été rétablie. Dieu merci car le Cameroun est un pays merveilleux pour lequel je garde de bons souvenirs. Le sens de l’accueil qui caractérise sa population n’a que peu d’égal dans les nombreux pays du monde que j’ai visités, soit en Afrique, en Amérique, ou en Europe où je réside actuellement.
Même dans des situations problématiques, le rituel de l’accueil est constant. Juste un exemple. Je suis arrivé au Cameroun en 1996 avec ma femme et mes enfants.

 

Débarquement à l’aéroport de Douala. J’avais voyagé en Afrique, je connaissais comment faire pour passer la frontière. A la descente de l’avion, le premier policier qui m’a abordé et qui m’a demandé pourquoi je venais au Cameroun, je lui ai glissé un billet de 100 dollars. Il fallait viser haut pour éviter tout risque. Surtout que nous n’avions pas de visas d’entrée. Le policier prend alors ma main ; je me suis dit que le pire allait arriver. Il m’a conduit dans les dédales de l’aérogare pour finalement arriver devant un petit bureau de change. Il présente le billet et reçoit en échange 50.000 CFA. Il ne prend que 5000 CFA et me remet le reste. Je me suis souvenu qu’à l’aéroport de Naïrobi au Kenya, le policier ne prenait pas moins de 200 dollars dans les mêmes circonstances. Mon ami policier ne me lâche pas. Il me conduit à l’immigration. Il fait un salut à son supérieur et lui donne 2000 CFA. Il se voyait que le système de prébende était rôdé. Nous présentons nos passeports qui sont tout de suite tamponnés d’un visa touristique de 3 mois. Nous arrivons à la douane. La dame au guichet exige la fouille de nos bagages. Le policier lui glisse 1000 CFA. Les bagages nous sont remis. Nous sortons de l’aéroport. Le policier nous désigne un taxi qui devait nous conduire à « Garanti Express », un société qui a des cars qui font le trajet Douala-Yaoundé. Il instruit le chauffeur de… pas nous faire payer le voyage. Le chauffeur s’est exécuté. Le policier, qui manifestement venait de passer des mois sans salaire, est resté avec 2000 CFA, une manne. C’était donc un policier gentil. Ce fut ma première expérience avec le Cameroun.

 

Une parenthèse. Un jour je rencontre un camerounais à Bruxelles en Belgique. Nous sommes assis dans la salle d’attente de la DIV, division immatriculation des véhicules. Je lui raconte l’anecdote du policier. Il m’a dit que même lui, camerounais de souche, il lui est arrivé de soudoyer un policier pour qu’il le laisse entrer dans son propre pays. Il arrive à l’aéroport de Yaoundé Nsimalen. Le policier examine son passeport belge. La dernière entrée au Cameroun remontait d’il y a 3 ans. Et le policier qui ne manque pas d’humour : « Monsieur, tu es parti il y a trois ans. Tu reviens, tu trouves le pays en paix. Que se passerait-il si tout le monde partait ? Nous, nous sommes restés à garder le pays. Il me faut quand même quelque chose. C’est logique. Mon interlocuteur m’a dit que, amusé, il a dû lui donner un billet de 10 euros pour l’amadouer.

 

Revenons à notre aventure. Nous sommes arrivés à Yaoundé sans encombre. Nous avons logé quelques jours dans un hôtel en face du marché Mokolo. Finalement, j’ai loué une maison à Oyomabang, à une quinzaine de kilomètres de la capitale.

 

Là encore une autre surprise m’attendait. Le soir de notre arrivée, alors que nous étions en train de déballer les valises, la femme de mon bailleur, qui habitait dans une maison contiguë, toque à porte. J’ouvre. Elle avait une grande soupière fumante pleine de viandes en sauce et de la pâte de manioc comme savent en préparer les Bamiléké. Elle venait nous souhaiter la bienvenue. La viande était tellement pimentée que les enfants ont eu de la peine à l’avaler. Moi je me suis évidemment régalé. Il faut dire que ce genre d’accueil, on n’en rencontre que dans de rares pays comme le Cameroun.
A Yaoundé, j’y ai retrouvé des amis que j’avais rencontrés à l’université de Pittsburgh aux USA, à l’Institut International d’Administration publique à Paris ou à l’université de Paris I en France. Nos retrouvailles furent chaque fois des fêtes.

 

La situation précaire que vit le peuple camerounais ne l’affecte pas outre mesure. Il reste digne, toujours souriant, en train de blaguer, de discuter du football, … Le Cameroun est un pays, quand vous y entrez, vous surprend agréablement.

 

Jean-Charles Murego

 

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