Nkurunziza François, le génie de la chanson rwandaise
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Rubrique : Actualité, Culture
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Publié le 5 Nov 2022 par Ariane Mukundente

De tous les vendredis de gratitude que j’ai écrits, ce dernier est celui qui me donne beaucoup d’émotions. Je suis vraiment dans un moment de pure Gratitude au moment où je l’écris. Nous avons tous grandi en écoutant les chansons de Nkurunziza François à la radio, sans mesurer vraiment la profondeur de ses mots. Nous fredonnions certains airs bien connus comme ça au hasard par habitude. Je me rappelle que j’aime m’amuser avec la chanson (ma préférée) ‘‘amahoro ku giti cy’umuntu’’. Je l’utilise dans toutes les sauces, comme quand mes amis me rappellent mon objectif de résister aux pâtisseries. Je leur lance la phrase ‘‘amahoro ku isahani y’umuntu’’. Ici, rien à foutre des objectifs, quand je sors cette phrase, la tentation est forte. Qui est cet homme qui a bercé notre enfance avec sa voix profonde, si calme?

 

Nkurunziza François est né en 1951 dans la commune Rukara, ancienne préfecture de Kibungo. Il fait ses études primaires dans son village et continue ses études secondaires à Rwamagana et les finit au Groupe scolaire de Butare. C’est à cette école qu’il aurait appris à jouer à la guitare. Ce chanteur-compositeur est l’un des grands chanteurs que le Rwanda ait connu. Déjà en 1978, il avait à son actif plus de 40 chansons. Sa chanson ‘‘uko nagiye i Buganda’’ a été diffusée à la Radio Rwanda dès 1973. C’est cette chanson qui l’a rendu célèbre.

 

Chaque morceau des chansons de Nkurunziza porte un message, plus ou moins fort, plus ou moins clair. A travers les âges, toutes ses chansons ont marqué les esprits, certaines ont traversé les époques et sont devenues cultes qui ont fait de Nkurunziza un artiste populaire de tous les temps. Avec une voix calme et son guitare, il a chanté les valeurs humaines qui caractérisaient la culture rwandaise. C’est maintenant avec l’érosion de ces valeurs dans la société rwandaise qu’on comprend réellement les chansons de Nkurunziza. A titre d’exemple la chanson ‘‘Amahoro ku giti cy’umuntu’’ est pour moi l’hymne des droits de l’homme. Quelques extraits :

Amahoro ku giti cy’umuntu
N’uburenganzira bushobotse
Mu mibereho ye n’abandi
Mu migirire yagennye ubwe
Atabangamiye rubanda
Nk’uko bazira kubimugirira na bo
R/ahooo rerooo

 

Ce monument de la chanson rwandaise est toujours en vie mais ne vit pas au Rwanda, mais en Ouganda. Au moment où je préparais ce texte, je discutais avec quelqu’un et on parlait de Nkurunziza. Il a dit: ‘‘Ces chanteurs comme Nkurunziza d’une autre époque, quand ils avaient une ou deux chansons, ils prenaient le bus jusqu’à Kigali dans les bureaux de Radio Rwanda. Avec leur guitare et un technicien sur place, ils chantaient leur chanson et la semaine suivante la chanson était diffusée à Radio Rwanda. Les thèmes des chansons de Nkurunziza sont l’amour, l’humanisme, le sens du bien commun, l’honneur…Il n’a jamais reçu de commande de qui que ce soit pour composer et chanter sur ces sujets, c’était son initiative. Dire que jusqu’à maintenant, il n’a jamais eu de reconnaissance de la part de son pays, c’est un gâchis total! Tout le monde est coupable’’. Je n’ai rien ajouté, sinon que je dirais même plus ‘‘tout le monde est coupable’’.

 

Rendons hommage à ce grand monsieur de la chanson rwandaise, une icône qui a porté glorieusement les valeurs humaines jusque dans nos maisons à travers ses chansons. Un homme de son calibre toujours en vie devrait recevoir la reconnaissance et les honneurs qui lui sont dues par son pays. Mais qu’importe, dans nos cœurs, il sera toujours en haut de l’affiche.

 

Ariane Mukundente
FCB, 04/11/2022

 

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