L’ex secrétaire d’État à la jeunesse et à la culture, ex responsable d’Itorero et d’Ingando (camps d’endoctrinement des milices du FPR) et ex député Edouard Bamporiki vient de faire une chute spectaculaire même si depuis des mois, les coussins pour amortir cette chute sont entassés par ses protecteurs, ceux-là mêmes qui l’ont utilisé pour servir de propagande montrant que les Hutus avaient une idéologie génocidaire ancrée et transmise de parents aux enfants et il a accepté de servir cette cause qu’il savait pertinemment fausse.
Je ne vais pas m’attarder sur la sentence qui semble dérisoire par rapport aux faits lui reprochés, ni sur ces faits qui semblent être un guet-apens sophistiquement élaboré, mais sur le symbole, la chute d’un homme qui semblait pour beaucoup de jeunes comme un rêve américain.
En effet le natif de Cyangugu (Bushi) dit qu’il est parti très jeune de son Cyangugu natal à Kigali avec 300 franc rwandais ( moins d’1 dollar) pour travailler comme domestique dans les différents foyers de la bourgeoisie kigalienne.
Lors de ses différents jobs, il était humilié, traité moins que les casseroles qu’il utilisait pour préparer à manger pour ses « maîtres ». Mais le jeune homme est courageux et semble avoir du talent oratoire. Il finira par rejoindre une troupe de théâtre (Urunana) et c’est là qu’il sera révélé.
Le FPR trouva en ce jeune comédien de talent un outil de propagande et le fit entrer dans le parlement et devient le plus jeune député de son époque. Plus tard il sera nommé chef d’Itorero et finira par devenir secrétaire d’Etat à la jeunesse et à la culture. Lors de ses différents mandats il a donné beaucoup de conférences et d’interviews et a écrit un livre (Mitingi genocideri) où il s’exprime sur le génocide sous le prisme de ses « maîtres du FPR ».
Cet homme de 40 ans, qui était prêt à tout pour arriver à ses fins (trahisons, dénigrements publics des siens,..) était allé jusqu’à accuser sa propre mère de l’avoir averti que le régime qui l’a propulsé au sommet n’était pas le sien et qu’il finira par le descendre aussi vite qu’il a monté!
J’ignore si c’est sa maman qui l’a réellement dit ou si c’est Bamporiki qui a inventé cette histoire pour plaire à ses maîtres mais c’était prémonitoire et la prophétie a fini par se réaliser!
Avant de tomber en disgrâce il s’était vanté d’avoir atteint sur son compte bancaire un milliard de francs rwandais ( 1 millions de dollars)! Connaissant le salaire d’un secrétaire d’Etat ou des autres fonctions qu’il a occupés, on ne manquera pas de se demander l’origine de ces fonds, eu égard en plus à ce pour quoi il vient d’être condamné, à savoir la corruption.
Il vient donc d’être condamné en appel à 5 ans de prison et 30 millions d’amende.
Purgera-t-il complètement sa peine? Rien n’est moins sûr. L’on se rappellera que pendant tout son procès, il a comparu libre ( enfin, soi-disant qu’il était assigné à résidence) alors qu’au Rwanda pour une simple rumeur de corruption on est jeté tout de suite en prison sans possibilité de comparaître libre.
Si le sort de Bamporiki n’émeut personne c’est surtout qu’il a été évoqué dans la trahison contre feu Kizito Mihigo et qu’il a fait des sorties assez acerbes envers les journalistes critiques ou les YouTubeurs actuellement en prison comme Aimable Karasira, Idamange Yvonne Iryamugwiza, Cyuma Hassan Niyonsenga Dieudonné,…
Souhaitons lui un bon séjour en prison, dans la célèbre tenue rose des prisonniers rwandais où il aura certainement le temps de méditer le proverbe rwandais « Umwana wanze kumvira se na nyina yumvura ijeri » (Un enfant qui refuse d’écouter ses parents finit par suivre les conseils du grillon).
Emmanuel Mwiseneza