Vers la rwandisation de la RDC ?
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Même si comparaison n’est pas raison, ce qui se passe dans le Kivu en République Démocratique du Congo (RDC) ressemble étrangement à ce qui s’est passé au Rwanda depuis le premier octobre 1990. A cette date, le Président Museveni a lâché une partie de son armée et des hordes de rebelles sur le Rwanda. L’attaque était conduite par ses officiers rwandophones dont Paul Kagame, alors un des responsables des Services de Renseignements ougandais. Les attaquants étaient regroupés dans un mouvement politico-militaire, le Front Patriotique Rwandais (FPR).

En RDC, une attaque a été lancée sur les deux provinces du Kivu par Laurent Nkundabatware, un officier du FPR avec une bande de rebelles regroupés dans le Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP) et soutenus par le Rwanda.

Dans les deux cas, il s’agit d’un pays limitrophe, qui arme des rebelles et attaque un pays souverain. Dans les deux cas, entre autres revendications des attaquants se trouve, au centre, la défense d’une ethnie.

Dans la RDC comme au Rwanda, c’est la population civile qui en fait les frais : des déplacés intérieurs se comptaient par milliers au Rwanda depuis octobre 1990, comme on en dénombre actuellement par milliers dans le Kivu.

Au lieu de condamner le Président Museveni qui soutenait les attaquants, celui-ci parvient, par des lobbies internationaux, à faire admettre le FPR comme un interlocuteur valable et l’emmena sur la table des négociations avec le Gouvernement rwandais. De même, au lieu que la Communauté internationale condamne le Président Paul Kagame pour avoir armé son officier Laurent Nkunda pour attaquer la RDC, son mouvement, le CNDP a été invité sur la table de négociation avec le Gouvernement congolais au lieu d’être neutralisé.

Le FPR, comme le CNDP, ont eu ainsi la reconnaissance internationale qui leur manquait pour monter les enchères dans leurs revendications. Le FPR qui, au départ, parlait de l’instauration de la démocratie et des droits de l’homme, brandit alors le problème des réfugiés, l’intégration de ses combattants dans l’armée rwandaise et le partage du pouvoir en dehors des élections démocratiques. Le CNDP parle lui de la défense de l’ethnie tutsi menacée par les rebelles hutu se trouvant dans les forêts de la RDC. Dans la suite et sans aucun doute, il va exiger des postes de responsabilités lors de l’intégration des ses combattants dans l’armée congolaise et des postes politiques dans le Gouvernement. Au Rwanda, le problème des réfugiés était en voie de trouver une issue et des négociations avaient commencé sous l’égide du Haut Commissariat aux Réfugiés. Au Congo, le problème des rebelles hutu avait commencé à trouver une solution notamment avec le rapatriement de leur chef suprême le Général Rwarakabije et de bons nombres des ses adjoints. Le processus allait continuer surtout que la Communauté Sant’Egidio de Rome avait offert ses bons offices et que les parties concernées avaient eu des pourparlers prometteurs.

Les accords de Goma ont été signé le 23/01/2008 en présence du Président congolais Joseph Kabila comme les Accords d’Arusha le firent en présence du Président Habyarimana le 4 août 1993. Dans les deux cas, les instigateurs de la guerre, que sont Museveni et Kagame, observent tranquillement l’évolution de la situation. Dans les deux cas, les facilitateurs et les observateurs étrangers, surtout occidentaux, étaient présents pour arracher la signature aux récalcitrants.

L’application de l’accord de Goma ne sera pas de tout repos. L’accord d’Arusha a été torpillé par le FPR qui avait un plan de prendre le pouvoir par la force. Espérons que l’accord de Goma ne sera pas boycotté par Laurent Nkunda et ses hommes sous des prétextes divers dont celui de répondre de leurs actes criminels.

Dans l’Accord d’Arusha, un bataillon de 600 hommes du FPR avaient été admis à résider dans la capitale Kigali. Il sera un véritable cheval de Troie. La suite est connue. Le président Habyarimana sera assassiné et des armes introduites au Rwanda via ce bataillon permettront au FPR de prendre le pouvoir par la force.

Dans l’accord de Goma, aucun doute que les hommes de Laurent Nkunda vont intégrer l’armée congolaise. Le système de brassage avait d’ailleurs été proposé et Kigali avait envoyé des hommes pour grossir les rangs de Nkunda pour que leur poids pèse dans l’armée congolaise. Certains vont être nommés, comme il se doit, à des postes jusque dans les Etats-Majors. Ce ne seront toujours que des hommes de Paul Kagame, et par ricochet de son homme de confiance, James Kabarebe, qui pourra tenter une sorte de revanche. Car ayant été chef d’Etat-Major de l’Armée Congolaise en mai 1997 sous la présidence de Laurent Désiré Kabila, James Kabarebe fut écarté de ce poste. Non content, il voulut mettre le Congo à genoux par une attaque suicidaire aux alentours de Kinshasa en août 1998, opération avortée par l’intervention in extremis des armées angolaises et zimbabwéennes. L’homme est aujourd’hui Chef d’Etat-Major de l’Armée Rwandaise. Il ne va pas s’empêcher de continuer à tirer les ficelles. Iront-t-ils, lui et son chef Paul Kagame, jusqu’à l’assassinat du Président Joseph Kabila comme ce fut le cas pour Juvénal Habyarimana? Si ce scénario se réalise, bonjour les dégâts.

©Gaspard Musabyimana
24/01/2008

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