Rwanda : plus de 400.000 sans-abris suite à la démolition des habitations par les autorités
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Dans bon nombre de coins du Rwanda, des maisons couvertes de paille sont en train d’être détruites sur ordre des autorités locales.

La lecture du reportage de « Syfia Grands Lacs » à ce sujet donne la chair de poule. Dans un article daté du 23/12/2010, cette agence signale que des centaines de personnes dans la province de l’est du pays, se sont retrouvées sans logement, après la démolition de leurs maisons. Ces sans-abris, désemparés, passent la nuit à la belle étoile. Cette agence a constaté que « près de trois quarts des 115 000 maisons en paille du pays ont déjà été détruites sans que leurs habitants soient indemnisés et beaucoup n’ont pas les moyens de reconstruire ». Le journaliste signale le cas d’une villageoise enceinte sommée de monter sur le toit de sa maison pour le détruire elle-même. La malheureuse est tombée, ce qui aurait provoqué son avortement. Certaines autorités de base qui traînaient à faire démolir les huttes de leur population ont été convoquées à une réunion par le secrétaire exécutif, et appréhendées par la police nationale.

Dans le Sud du pays, la population lésée fuit vers le Burundi car la police brûle leurs maisons sans sommation. Ces informations faisant état du désarroi de la population sinistrée par des actions criminelles de leurs autorités avaient été rapportées par la presse locale qui signalait que la population dont les maisons avaient été détruites dormait à la belle étoile. Les journaux gouvernementaux avaient, eux aussi, alerté les autorités par des témoignages des paysans trouvés avec leurs enfants sous un soleil de plomb devant leurs maisons démolies par les autorités de base, en leur absence et sans les avoir avisé.

Que les autorités politiques et la police se mettent à la place de ces sinistrés : quels sentiments éprouveraient-elles si, parties au travail, elles trouvaient au retour, leurs maisons démolies, leurs enfants et leurs femmes sous une pluie battante ?
L’amélioration de l’habitat est une bonne chose. Mais le problème structurel du Rwanda actuel est d’improviser brutalement des réformes, souvent à des fins suspectes : imposition de l’anglais dans l’enseignement sans que les enseignants, en grande majorité francophone, soient formés dans cette langue ; imposition de la monoculture qui a occasionné une famine endémique dans certaines régions ; … Et voilà que précipitamment, le gouvernement oblige la population de construire des maisons modernes, avec un délai d’exécution limité, alors que les moyens financiers manquent.

Que les plus hautes autorités du pays ne s’émeuvent pas outre mesure sur ces actions barbares, c’est inquiétant. Serait-ce une mesure de plus visant une partie de la population rwandaise ? Il semble que cette hypothèse n’est pas à exclure car des centaines de milliers de maisons modernes ont été construites à travers le pays et distribuées aux « ayants-droits ». Les maisons démolies appartiennent au reste de la population pauvre, aux laissés pour compte, à tous ceux-là qui n’ont pas bénéficié des aides de toutes sortes pour se construire une maison moderne.
Les dégâts sont immenses : 
trois quarts des 115.000 maisons en paille détruites, soit plus de 85.000 habitations; c’est plus ou moins 400.000 personnes jetées dans la rue. Sous d’autres cieux, cela aurait été considéré comme une catastrophe nationale et des plans d’urgence auraient été déployés.

Mais au Rwanda, on dirait que les autorités ont en aversion une certaine catégorie de la population. Sinon la logique aurait été que cette réforme soit étalée sur une longue période, avec des mesures d’accompagnement. Mais le FPR et ses idéologues ne font rien au hasard. Tout est sournoisement calculé pour soumettre cette population à de mauvaises conditions de vie avec toutes les conséquences qui s’en suivent. Le résultat attendu : un nivellement vers le bas de cette « majorité » dont on ne veut plus entendre parler.
Gaspard Musabyimana
26/12/2010

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