Le Rwanda veut se débarrasser de ses refugiés.
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Terre de paix – Agakiza attendait avec impatience les premiers actes concrets de la part du  nouveau ministère rwandais ayant entre autres le problème des réfugiés dans ses attributions. Avec la création de département, on s’attendait à ce qu’il y ait  une mise en place d’un canal de communication entre  les autorités rwandaises  et leurs concitoyens forcés à l’exil en vue de leur retour pacifique. Après quelques mois seulement de la création de ce ministère, force est de constater plutôt la recrudescence des actes d’intimidation, de harcèlements de tous genres, d’enlèvements, de disparitions inexpliquées, de tentatives d’assassinats  aussi bien dans les pays voisins du Rwanda que dans des pays lointains.

L’association Agakiza rappelle que quelques-uns des  motifs apparents d’invasion du Rwanda d’octobre 1990 par le FPR, étaient notamment la mauvaise volonté du gouvernement d’alors d’apporter des solutions au problème épineux des réfugiés.

En l’absence d’opposants politiques depuis la prise du pouvoir, les dirigeants du FPR ont  eu les mains libres pour implémenter le projet de société qu’ils  avaient fait miroiter aux yeux de ses sponsors et supporters  pour appuyer leur lutte armée. Mais force est de constater que le bilan est catastrophique, voire de plus en plus  inquiétant:

Après la guerre d’octobre 1990 qui fût caractérisée par une guérilla irresponsable qui a fini par se solder par un génocide de Rwandais, Kigali, au lieu d’asseoir les bases d’un régime démocratique, reste volontairement en guerre contre lui-même et contre ses voisins pour des raisons à peine voilées. C’est dans un climat de total abandon du pays, d’insécurité généralisée et de répression sanglante des opposants et des journalistes que l’on assiste chaque jour à un flux de réfugiés traversant les frontières du Rwanda avec ses voisins. Jusqu’ici, tous les efforts sont déployés pour annihiler les voix qui s’élèvent contre un pouvoir totalitaire, pour  créer à tout réfugié des difficultés d’établissement dans les pays d’accueil  ou les supprimer purement et simplement en les endossant des crimes qu’ils n’ont pas commis. Des disparitions mystérieuses des réfugiés rwandais au Burundi, en Ouganda et dans d’autres pays lointains sont relatées. Dans les pays comme la RDC, le Kenya, la Belgique, le Cameroun, l’Afrique du Sud, on tire à vue sur eux et les enquêtes sont toujours étouffées pour des motifs non clairs. La condition des réfugiés d’aujourd’hui est pire que celui d’avant octobre 1990.

La création du Ministère ayant en charge les réfugiés n’a été qu’une autre manière de réprimer ceux-ci tout en ayant un alibi humanitaire. Nous constatons que ce ministère a été confié au général Marcel Gatsinzi, un guerrier impitoyable, plutôt qu’à une personne éprouvant de la compassion pour ses compatriotes ou tout simplement à un homme de dialogue et de parole. Le général Gatsinzi, en sa qualité de Chef d’Etat Major de l’Armée Rwandaise et de Ministre de la Défense au sein du gouvernement du FPR, a conduit une armée qui a massacré des réfugiés au Congo, et il n’a pas épargné ses ex-compagnons, ex-subordonnés et leurs dépendants. Ce Ministère, au lieu de résoudre des catastrophe humanitaires en cours, risque de les aggraver en semant la panique au sein de la communauté des réfugiés.

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Tout n’est pas encore perdu pour le régime de Kigali pour se racheter devant le peuple meurtri par un passé et un présent traumatisants. C’est plutôt le moment et Kigali devrait arrêter l’attitude de maquis et s’atteler à gouverner le pays qu’à opter pour la répression sans lendemain.

La création d’un Ministère ayant entre autre les réfugiés dans ses attributions est un ersatz visant à tromper l’opinion internationale. C’est d’ailleurs pourquoi nous invitons les Rwandais, surtout ceux installés dans des pays démocratiques, à se mettre ensemble pour exiger l’établissement d’un climat de paix au Rwanda par la mise en place d’un Etat de Droit. Sans cela, l’Etat avec ses dirigeants et ses symboles courent vers un abime collectif avec la répétition des événements du passé dont les signes précurseurs sont déjà perceptibles.

La clé au rapatriement volontaire des réfugiés, la seule solution acceptable et digne d’un pays de droit, se trouve à Kigali. C’est le rejet catégorique de la part des citoyens rwandais d’un régime dont les dirigeants risquent de connaître le sort des ex-Rois et dignitaires hutus, du Roi et dignitaires tutsis et des derniers Présidents et élites hutus. Nous pensons encore que c’est le rejet de la politique visant la manipulation de la masse populaire rwandaise en les utilisant dans la politique discriminatoire pour le monopole du pouvoir. Il ne faut pas qu’un régime soit obligé de s’accrocher au pouvoir pour échapper au lynchage politico-social. Il faut que le peuple exige un pouvoir du peuple par le peuple en arrachant les dirigeants actuels du piège du pouvoir autoritaire qui finirait par engloutir tout le pays si rien n’est fait.

Nous profitons de l’occasion pour condamner les assassinats et tentatives d’assassinats dont les dernières en date ont visé aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, des commerçants ou des journalistes comme J. L Rugambage du journal Umuvugizi, du commerçant Denis Semadwinga, les ex-officiers du FPR dont le Général Kayumba Nyamwasa, les emprisonnements des généraux Munyakazi, Muhire, Karenzi et Kazura, de nombreuses  disparitions dont celle Général Robert, des enlèvements opérés en Uganda et au Burundi dont celle de Mushayidi et Rukeba, le harcèlement des figures de l’opposition ou intellectuels rwandais aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur du pays.

Le pays en entier devrait se mettre ensemble pour rechercher « tout ce qui favorise la paix et l’édification mutuelle. Rom 14 :19 » tout en ayant dans l’esprit que « le fruit de la justice est semé dans la paix par ceux qui recherchent la paix. Jacques 3 :18 » et en rejetant tout ce qui est haï par Dieu, tel que mentionné dans le livre des Proverbes 6 :16-19, entre autres l’arrogance, le mensonge, la zizanie, les tueries, les complots et le goût du crime.

Rose Simba
Terre de paix-Agakiza
01/7/2010

refugeecrisis@terrampacis.com
poppe-h@terrampacis.com
www.terrampacis.com

Copie :  UNHCR, OHCHR

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