PROPAGANDES, MANIPULATIONS ET GENOCIDES
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Cet article est un extrait d’une bibliographie rassemblée par Pierre Delmotte.

« Méfiez-vous des minorités armées : lorsqu’elles se posent en victimes, c’est pour mieux jouer aux bourreaux. » (Mgr Christophe Munzihirwa, Archevêque de Bukavu assassiné le 29 oct. 1996 par les tueurs du FPR).

PROPAGANDES SILENCIEUSES. Masses, télévision, cinéma
Ignacio Ramonet, Editions Galilée, 2000

Face à la puissance nouvelle des communications de masse, la question que se posent les citoyens n’est plus : sommes-nous manipulés ? Car la réponse à cette interrogation, chacun le sait, est malheureusement affirmative. Il s’agit désormais de savoir comment nous sommes mentalement influencés, contrôlés, conditionnés ?!

A l’heure d’Internet et de la révolution numérique, ce livre tente de répondre à cette question majeure. En rappelant comment se fabrique l’idéologie, comment se construit cette silencieuse propagande qui vise à domestiquer les esprits, à violer les cerveaux et à intoxiquer les cœurs. A l’aide de nombreux exemples puisés dans la télévision ou le cinéma, il nous explique quels sont les mécanismes et les procédés de l’endoctrinement contemporain. Comment, sans que nous nous en apercevions, les nouveaux hypnotiseurs entrent par effraction dans notre pensée et y greffent des idées qui ne sont pas les nôtres. Ainsi, par exemple, dans les modernes sociétés médiatiques, un enfant de quatre ans, avant même d’entrer à l’école, a déjà été soumis à plusieurs milliers d’heures de télévision et a gavé ses yeux de suggestions éphémères rapidement évanouies.

Evanouies ? Pas entièrement, nous dit Ignacio Ramonet, car toutes ces images : spots publicitaires, films-catastrophes, séries policières, comédies, scènes de guerre et de violence …, laissent des traces subliminales dont l’influence, à la longue, finit par fortement déterminer nos comportement. Et par réduire notre liberté.

DE LA PROPAGANDE. Entretiens avec David Barsamian
Noam Chomsky, Editions Fayard, 2002

« La pratique de Noam Chomsky, c’est de vous dire ce qu’il pense, pas ce que vous devez penser.» C’est en ces termes que David Barsamian présente la série d’entretiens qu’il a menés avec Noam Chomsky entre mai 1998 et juin 2000, ajoutant : « Il ne se contente pas de maudire l’obscurantisme, il allume une bougie pour que nous puissions y voir. »

Voir ou comprendre quoi ? L’impérialisme américain, d’abord, qu’il démonte avec une remarquable acuité – de l’éradication des résistances sud-américaines au contre-terrorisme. Les ressorts psychologiques et lexicaux de la « fabrication de l’assentiment » dans le monde. Mais aussi la signification des évènements de Seattle, le fonctionnement de l’ONU et des Cours internationales de justice, notamment à propos du cas Pinochet, le fondement de l’économie capitaliste depuis les années 1970…

Derrière le Chomsky politique se manifeste le linguiste, insistant sur la détérioration et la falsification du langage, moyen pour l’idéologie néo-libérale de faire passer les vessies pour des lanternes…

Captivantes et terriblement lucides, les réflexions de Noam Chomsky nous donnent cependant quelque raison d’espérer. A les lire, on a enfin l’impression de comprendre le monde dans lequel nous vivons.

Noam Chomsky est un linguiste éminent, auteur et philosophe politique radical de réputation internationale. Il est aujourd’hui professeur de linguistique au MIT (Massachusetts Institute of Technology).

LA FABRIQUE DE L’OPINION PUBLIQUE
La politique économique des médias américains
Edward S. Herman et Noam Chomsky, Le Serpent à Plumes, 2003

A la source de la pensée politique du célèbre linguiste Noam Chomsky, La Fabrique de l’opinion publique (Manufactoring Consent) paraît enfin en France, augmentée d’une nouvelle préface. Comment se met en place un discours médiatico-politique dans une nation prospère, impérialiste et jalouse de sa prééminence sur la scène internationale ? Qui désigne les ennemis d’un peuple et décide des guerres justes que celui-ci doit mener ? Comment l’imaginaire collectif distingue les bonnes victimes des mauvaises ? Quel rôle jouent les institutions, les lobbies, les multinationales et le fameux « quatrième pouvoir » dans la fabrication d’une opinion publique ? Disséquant le discours médiatique sur la politique américaine des quarante dernières années, Noam Chomsky et Edward S. Herman livrent une analyse sans concession du système d’information aux Etats-Unis.

Ouvrage de référence, La Fabrique de l’opinion publique est aussi une œuvre théorique dans laquelle les deux penseurs mettent en place leur grille de lecture critique des évènements.

« Noam Chomsky est l’incarnation, depuis plusieurs décennies, d’une pensée critique qui ne ménage ni les Etats-Unis ni les formes diverses de pouvoir et de domination. » Le Monde

LA SOLITUDE DE NOAM CHOMSKY
Arundhati ROY, Editions Gallimard, 2003

… Si l’on me demandait de ne retenir qu’une seule des contributions majeures de Noam Chomsky au monde, ce serait sa mise à nu de l’univers impitoyablement manipulateur qui se cache derrière ce mot splendide et lumineux de « liberté ». Une mise à nu systématique, rationnelle et empirique. La masse des preuves qu’il fournit à l’appui de sa démonstration est impressionnante. Que dis-je, terrifiante. Les fondements de sa démarche ne sont pas idéologiques, mais radicalement politiques. Il s’embarque dans son enquête avec cette méfiance instinctive du pouvoir qui caractérise l’anarchiste. Il nous entraîne à sa suite dans les marécages de l’establishment américain, et nous guide dans le dédale vertigineux des couloirs secrets qui relient le gouvernement, le big business et ceux qui sont chargés de contrôler l’opinion publique.

Chomsky nous démontre que des expressions telles que « libre parole », « libre marché » et « monde libre » n’ont rien à voir, ou pas grand-chose avec la liberté. Il nous montre que, au nombre des multiples libertés revendiquées par le gouvernement américain, figurent celles de tuer, d’anéantir et de dominer d’autres peuples. La liberté de financer et de soutenir des tyrans et des dictateurs de par le monde. La liberté d’entraîner, d’armer et d’abriter des terroristes. De renverser des gouvernements démocratiquement élus. De stocker et d’utiliser des armes de destruction massive – chimiques, biologiques et nucléaires. De faire la guerre à tout pays dont le gouvernement a le malheur d’être en désaccord avec lui. Et, pis encore, la liberté de commettre ces crimes contre l’humanité au nom de la « justice », de la « vertu », de la « liberté »…

L’Empire américain repose sur de sinistres fondations : le massacre de millions d’indigènes, le vol de leurs terres, suivis de l’enlèvement et de la mise en esclavage de millions de Noirs d’Afrique pour travailler ces terres. Dont des milliers trouvèrent la mort sur les bateaux qui les transportaient comme du bétail en cage d’un continent à l’autre…

Comment l’Amérique a-t-elle fait pour survivre à un passé aussi terrible et se retrouver les mains apparemment aussi propres ? Certes pas en reconnaissant ses fautes, ni en les réparant, ni en s’excusant auprès des Noirs ou des Indiens, moins encore en amendant ses façons de faire (puisque ses cruautés, maintenant, elle les exporte). Non, comme bon nombre d’autres pays, les Etats-Unis ont réécrit leur histoire. Mais leur spécificité dans ce domaine, qui fait qu’ils devancent de loin leurs concurrents, c’est qu’ils se sont assuré les services de l’entreprise de publicité la plus puissante et la plus prospère au monde – j’ai nommé Hollywood.

LES INTELLECTUELS FAUSSAIRES
Le triomphe médiatique des experts en mensonge
Pascal Boniface, Jean-Claude Gawsewitch Editeur, 2011

La scène médiatique est trop souvent occupée par des « faussaires » qui assènent sans scrupules des contrevérités pour défendre telle ou telle cause et qui restent quasi intouchables. Trop peu de personnes osent dénoncer leurs (petits) arrangements avec la vérité. Pourtant, le triomphe de ces « serials menteurs » représente une véritable menace pour l’information et la démocratie.

Les « intellectuels faussaires » dont il est question ici sont bien connus. Ils s’affichent dans les médias et se drapent dans la morale pour mieux nous faire avaler leurs couleuvres. En levant le voile sur leurs pratiques, Pascal Boniface dénonce une nouvelle « trahison des clercs ».

GENOCIDE ET PROPAGANDE
L’instrumentalisation politique des massacres
Edward S. Herman et David Peterson, Lux Editeur, 2012

Avant-propos de Noam Chomsky

LE CONSTAT le plus implacable de cette décapante analyse est sans doute que la fin de la guerre froide aura ouvert la voie à une ère littéralement négationniste. Comme le démontrent méthodiquement les auteurs de ce texte, « au cours des dernières décennies, on a utilisé de plus en plus fréquemment le mot « génocide », et si souvent à tort et à travers que le crime du XXe siècle pour lequel ce terme avait initialement été créé s’en trouve vidé de son sens ». Ils font apparaître que l’usage qui en est fait aujourd’hui est véritablement une offense à la mémoire des victimes du nazisme.

Pour autant, force est de constater que ces pratiques sont si profondément enracinées dans notre culture intellectuelle qu’il ne sera pas facile de les éradiquer. Il suffit pour s’en rendre compte d’observer les cas les moins ambigus de génocides et les cas où le terme a été minoré, ceux dont les auteurs eux-mêmes reconnaissent leurs crimes et que l’on voit cependant dédaigneusement tenus pour négligeables, voire ouvertement niés, rétrospectivement, par ceux qui aujourd’hui encore en tirent les profits…

Citation : « Des mensonges grossiers sont à présent totalement institutionnalisés sur le Rwanda et font désormais partie intégrante de l’idée (fausse) que les Occidentaux se font de cette période. En réalité, Paul Kagamé compte parmi les plus grands exterminateurs de notre époque. Et cependant, grâce à l’extraordinaire assemblage de mythes qui l’entoure, il jouit d’une immense popularité auprès de son parrain à Washington et son image de boucher est devenue celle d’un sauveur vénéré qui mérite un solide soutien de l’Occident. »

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