Rwanda : Un rapport dénonce des mécanismes mis en place pour ruiner des investisseurs
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Un groupe panafricain d’investisseurs basé au Royaume-Uni, Destination Africa (DA), a déconseillé aux étrangers, en particulier aux Nigérians et aux autres Africains d’investir au Rwanda. Cet avertissement est sous tendu par un constat malheureux : alors que le Rwanda ne cesse de claironner qu’il a mis en place des conditions avantageuses pour attirer des investisseurs, parallèlement, et de façon délibérée, il a fait un montage des mécanismes pour ruiner ces entreprises étrangères. C’est ce que rapporte le journal beats-onit.com du 24 février 2020.

Cette annonce a été faite lundi dans un communiqué publié par le groupe « Destination Africa » suite au rapport de ses enquêteurs qu’il avait déployés clandestinement à Kigali, la capitale rwandaise et dans d’autres grandes villes du Rwanda, à la suite des plaintes de nombreux propriétaires d’entreprises qui ont eu des expériences malheureuses dans ce pays.

Le conglomérat DA est catégorique : le Rwanda, à coup de publicité, parvint à attirer des agences et des organisations internationales qui viennent tenir leurs conférences à Kigali. Mais, souligne DA, le Rwanda comme destination pour des d’affaires, c’est du « vernis » sur des ongles sales, c’est du sucre enrobé pour attirer des abeilles. Les entreprises appâtées se sont faites avoir et sont pour la plupart rentrées bredouilles après avoir perdu leurs capitaux.

Le rapport dont il est question est intitulé « The Ugly Side of Rwanda » (le côté laid du Rwanda) et a été signé par Simpson Chiwaki, directeur opérationnel de Destination Africa qui, même s’il reconnaît des efforts du pays dans certains domaines, souligne en même temps le manque criant de libertés au Rwanda où les gens sont comme des zombies et le pays est un vrai Etat policier régi par des règles injustes et draconiennes.

Le rapport reconnaît en outre  à Paul Kagame le mérite d’avoir transformé le Rwanda après le génocide 1994, avec des villes propres, mais il est aussi vrai, souligne le rapport, que la population croupit sous une terrible dictature qui a fait perdre au  peuple son humanité et ses droits en tant que citoyens. Le Rwanda est un exemple patent d’un État policier, poursuit le rapport. Tous les services et  institutions fonctionnent comme un réseau quasi mafieux pour satisfaire les caprices d’un homme – Paul Kagame – et des membres de sa famille », a déclaré DA, ajoutant que les Africains et autres investisseurs étrangers ont eu des expériences très terrifiantes, après avoir été trompés au Rwanda par les experts en propagande internationale recrutés principalement en Europe.

Nelly Mukazayire/ photo inyarwanda.com

Janet Karemera/ burdenof proof movement. home. blog/

Selon DA, le gouvernement du Rwanda est un cartel avec Paul Kagame à sa tête. Le racket des entreprises étrangères, selon toujours DA, est opéré par trois proches du président Kagame : « l’intimidateur en chef » est Richard Iyaremye ; il est le chef de division du Bureau des crimes économiques, une des branches de Rwanda Investigation Bureau, le fameux RIB. Il travaille en étroite collaboration avec deux femmes : Nelly Mukazayire, directrice générale du Bureau de la convention rwandaise (Chief Executive Officer of the Rwandan Convention Bureau : RCB), une division du Rwanda Development Board (RDB). Nelly, 38 ans,  a été toujours dans le cercle restreint autour de Paul Kagame car  auparavant, elle avait été chef de cabinet adjoint à la présidence de la République. La troisième de l’équipe est Janet Karemera, directrice générale adjointe de Nelly, au RCB.

DA poursuit : ce trio constitue le plus grand cauchemar des investisseurs et des organisateurs d’événements internationaux au Rwanda. Les enquêteurs de DA mentionnent qu’au cœur de ce système de type mafieux se trouve l’Office rwandais de développement (Rwanda Development Board – RDB), qu’ils appellent un guichet unique pour les affaires et sous la gouverne de Clare Akamanzi, la chouchou du président Paul Kagame.

Rwanda Development Board se coordonne avec l’Office rwandais du tourisme pour faire entrer dans leur pays des investisseurs dont les poches sont vidées avant qu’ils ne rentabilisent leurs capitaux et le système ne leur offre aucune chance pour demander réparation, constate amèrement le rapport de DA.

Quel est le modus operandi de ce système de type mafieux ? Selon DA, les services rwandais concernés  utilisent la propagande : venez au Rwanda, beau pays des 1 000 collines, en passe de devenir le Singapour d’Afrique; et autres discours mielleux. Et quand vous arrivez, c’est le cauchemar. Vous êtes phagocytés par une équipe de personnes, de faux fournisseurs de services qui disparaissent dans la nature après vous avoir dépouillé.

Ce qui est malheureux, constate DA, c’est que la Banque Mondiale semble être prise dans cet engrenage rwandais. En effet, dans ses rapports, elle mentionne que le Rwanda est le 29e endroit au monde où il est facile de faire des affaires. Mais cela, dit DA, ne correspond pas à la réalité sur le terrain parce que « le pays est comme un œuf pourri qui brille à l’extérieur mais pue à l’intérieur ».

Gaspard Musabyimana
26/02/2020

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